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L’ENTREPRENEURIAT COLLECTIF : UN MODÈLE COMME PROJET DE SOCIÉTÉ

Face aux défis actuels, l’entrepreneuriat collectif se positionne comme une solution clé au service des communautés. Au-delà d’une nécessité, notamment dans des secteurs fondamentaux comme l’alimentation et le logement, ce modèle représente une opportunité de réinventer les modes de vie et d’instaurer une économie plus durable et qui favorise une meilleure redistribution de la richesse.

PME MTL Centre-Est, en collaboration avec six autres partenaires, dont des institutions financières, met actuellement sur pied un projet visant à structurer des solutions à grande échelle dans des secteurs stratégiques, afin de répondre aux défis actuels liés à la transition écologique et sociale.

Jean François Lalonde, directeur général de PME MTL Centre-Est (Courtoisie)

« Cela fait partie du positionnement, de la volonté et de la vision stratégique souhaitées par la Ville pour les prochaines années, d’accentuer notre rôle d’accompagnement des entreprises dans la transition socio-écologique. À terme, et progressivement, on verra, au cours de l’année qui vient, le développement de modèles financiers qui viendront notamment appuyer les entreprises collectives qui jouent un rôle de première importance au niveau de cette transition », explique Jean François Lalonde, directeur général de PME MTL Centre-Est. 

Après avoir travaillé pendant une vingtaine d’années dans le secteur de l’investissement chez Fondaction, Amélie Laframboise, aujourd’hui directrice de la transition socio-écologique et de la collectivisation entrepreneuriale chez PME MTL Centre-Est, a joué un rôle clé dans le développement de modèles d’affaires et financiers novateurs. Cette dernière croit que les crises sociales et environnementales actuelles « partent d’une cause commune qui est le système en place, qui les provoque et les exacerbe ».

Amélie Laframboise, directrice de la transition socio-écologique et de la collectivisation entrepreneuriale chez PME MTL Centre-Est (Courtoisie)

« Partant de ce constat, tout le monde réclame, à tous les niveaux, une transformation systémique. Quelles sont les actions nécessaires à prendre pour lever les obstacles et mobiliser tous les acteurs? Ça passe par la mise en place de projets collectifs et structurants qui permettront de proposer une offre innovante pour transformer nos modes de vie. Ceux-ci incluent notamment notre façon de nous alimenter, la provenance et les méthodes de production de la nourriture, les modes de déplacement. Les façons dont on va approcher ces secteurs économiques feront une différence par rapport à l’empreinte environnementale des ménages, et plus globalement de la société, mais pourront également permettre d’améliorer l’abordabilité et d’amener des offres alternatives vraiment intéressantes », explique-t-elle. 

Les modèles collectifs d’entreprises qui placent le bien commun au cœur de leur mission « ont un impact considérable sur la société et l’environnement », rappelle Mme Laframboise.

« Ces organisations et entreprises adoptent une réflexion différente qui ne se focalise pas uniquement sur la maximisation du profit, mais qui est plutôt conçue pour offrir des solutions bénéfiques à la communauté, tout en ayant un modèle d’affaires solide. »

Démarchandiser pour mieux répondre aux besoins

La démarchandisation d’enjeux cruciaux comme l’habitation, l’alimentation ou encore la production locale d’énergie devient de plus en plus incontournable. Des modèles comme les coopératives ou les fiducies d’utilité sociale permettent notamment de limiter l’escalade des coûts, tout en assurant un accès équitable aux ressources essentielles.

Des exemples concrets démontrent le potentiel du modèle entrepreneurial collectif dans l’est de Montréal, tels que Mainbourg, organisme d’économie sociale propriétaire et gestionnaire d’immeubles d’habitation à vocation communautaire, ou encore l’entreprise Insertech, proposant une mission axée sur l’économie circulaire et l’insertion socioprofessionnelle.

« Il y a Mainbourg, il y a Angus et il y a plusieurs secteurs où on a vu que les modèles collectifs permettent de démarchandiser. Ces modèles promus par l’économie sociale répondent aux enjeux de transition auxquels nous devons répondre. Mais ce qui est crucial, c’est que les projets imaginés rassemblent les partenaires capables de mobiliser les financements ainsi que le soutien du gouvernement à travers les politiques publiques. Ces deux leviers sont essentiels et indispensables pour faire fonctionner de grandes initiatives », assure Amélie Laframboise. 

Elle souligne que, dans la province, « 60 % des PME seront confrontées à un transfert de propriété dans les prochaines années ». Face à cette réalité, le reprenariat collectif apparaît comme une solution prometteuse et les entreprises ayant une mission en lien avec la transition socioécologique retiendront particulièrement l’attention.

« Cela se fait déjà ici, bien qu’à plus petite échelle. Il existe des initiatives qui accompagnent activement la collectivisation d’entreprises. À l’étranger, notamment aux États-Unis et en Europe, on observe de plus grandes initiatives, avec des rachats importants de grandes entreprises qui sont transformées en coopératives », indique la directrice de la transition socio-écologique et de la collectivisation entrepreneuriale chez PME MTL Centre-Est.

Le Québec et Montréal, leaders de l’économie sociale

La province, et particulièrement sa métropole, se distingue d’ailleurs sur la scène internationale par un engagement en faveur de l’économie sociale. Avec son écosystème d’appui reconnu, la province compte environ15 % de son PIB généré par des modèles collectifs. 

Avec des milliers d’entreprises collectives et un leadership reconnu, le Québec aurait donc la capacité d’inspirer d’autres régions du monde. La province peut démontrer que ces modèles sont non seulement viables, mais aussi essentiels pour relever les défis sociétaux actuels et bâtir une économie mondiale plus solidaire et résiliente.

« Pour nous, la collectivisation, c’est l’élément clé. On le fait au bénéfice des communautés. Et si en plus, on est capable de faire du reprenariat collectif d’entreprises, on part avec une longueur d’avance », conclut Jean François Lalonde.


Cette série spéciale est financée par PME MTL Centre-Est et la Caisse d’économie solidaire Desjardins