
La Promenade Masson dans la circonscription de Rosemont–La Petite-Patrie (Courtoisie)
12 avril 2025ROSEMONT-LA PETITE-PATRIE : COMMENT LES CANDIDATS COMPTENT-ILS RÉPONDRE AUX ENJEUX?
La campagne électorale en cours au Canada, marquée par l’incertitude entourant les mesures tarifaires du gouvernement américain de Donald Trump, remet en lumière des enjeux qui trouvent écho à travers le pays. La crise du logement et la hausse du coût de la vie inquiètent particulièrement les électeurs de la circonscription de Rosemont–La Petite-Patrie, qui choisiront leur nouveau député fédéral le 28 avril prochain.
EST MÉDIA Montréal s’est entretenu avec les représentants du Nouveau Parti démocratique (NPD), du Bloc Québécois (BQ), du Parti conservateur (PC) et du Parti libéral (PLC) afin de connaître leur position et leurs engagements sur ces enjeux qui touchent plus particulièrement la population de ce secteur de l’est.

Alexandre Boulerice, candidat du NPD et actuel député de Rosemont–La Petite-Patrie (Courtoisie)
Les candidat·es
Alexandre Boulerice occupe le poste de député de la circonscription de Rosemont–La Petite-Patrie depuis la « vague orange » de 2011. À l’époque, le NPD avait remporté 59 sièges à travers la province. Depuis l’élection fédérale de 2019, il est le seul représentant élu de sa formation politique au Québec. M. Boulerice occupe aujourd’hui la fonction de chef adjoint du parti de Jagmeet Singh et sollicite un cinquième mandat.

Olivier Gignac, candidat du Bloc Québécois dans Rosemont–La Petite-Patrie (Courtoisie)
Le candidat bloquiste Olivier Gignac a œuvré en entreprise à titre de consultant spécialisé en planification stratégique et en développement organisationnel. Candidat défait pour le Parti Québécois dans Gouin à l’élection provinciale de 2017, il a ensuite intégré la firme de service-conseil Aviseo à titre de consultant. Entretemps, il s’est impliqué au sein du Bloc Québécois depuis la course à la chefferie d’Yves-François Blanchet en 2019.

Laetitia Tchatat, candidate du Parti conservateur du Canada dans Rosemont–La Petite-Patrie (Courtoisie)
Les conservateurs sont quant à eux représentés par la candidate Laetitia Tchatat. Ayant travaillé dans le domaine des affaires publiques, elle s’est notamment spécialisée en relations gouvernementales et en relations médias auprès d’entreprises et d’organisations telles que Sobeys et la Société canadienne du cancer. Au sein du parti, elle a créé le Conservative social club, un groupe de réflexion et de réseautage imbriqué au Parti conservateur du Canada.
Du côté des Libéraux, on retrouve le candidat Jean-Sébastien Vallée. Impliqué depuis 20 ans dans les droits humains et l’éducation, il a travaillé notamment à la Commission des droits de la personne, pour l’organisation d’éducation en droits humains Equitas ainsi que pour la Société québécoise de gestion collective des droits de reproduction Copibec.
Son engagement au PLC a commencé il y a quelques années dans le comté de Laurier—Sainte-Marie auprès de Stephen Guilbeault, député et ministre de la Culture et de l’Identité canadiennes, Parcs Canada.

Jean-Sébastien Vallée, candidat du Parti libéral du Canada dans Rosemont–La Petite-Patrie (Courtoisie)
Les enjeux d’une circonscription
Les candidats sillonnent les rues de la circonscription depuis le déclenchement des élections le 23 mars dernier. Quels sont les enjeux sur lesquels ils souhaitent concentrer leurs efforts? Quelles préoccupations les électeurs ont-ils exprimées?
« L’enjeu principal dont on nous parle le plus aux portes, c’est la crise du logement. Ça fait quelques élections que c’est le cas, mais là c’est pire que jamais », soutient Alexandre Boulerice, le candidat du NPD et actuel député de Rosemont–La Petite-Patrie. « C’est pour ça qu’on met de l’avant des investissements fédéraux pour construire des logements sans but lucratif, des coopératives d’habitation. Les gens dans Rosemont–La Petite-Patrie qui sont dans des coopératives d’habitation sont fiers de l’être. Ils se sentent protégés face à la spéculation. »
Tout en reconnaissant elle aussi la montée en flèche des prix des loyers dans le secteur, la candidate conservatrice Laetitia Tchatat croit que la hausse du coût de la vie en général affecte aussi particulièrement la population. « J’ai vécu dans Rosemont–La Petite-Patrie et je considère ce quartier comme l’un des plus charmants et authentiques de Montréal. Mais même ici, le coût de la vie a explosé, touchant de plein fouet les résidents qui, parfois, ne savent plus comment joindre les deux bouts », affirme-t-elle dans un message envoyé par courriel à EST MÉDIA Montréal.
Pour Olivier Gignac, candidat du Bloc Québécois, la circonscription se distingue par le profil particulier de ses électeurs. « On a beaucoup de travailleurs culturels dans Rosemont–La Petite-Patrie. Le Bloc Québécois va mettre le secteur culturel de l’avant. Ce sont tous des éléments qui sont propres à notre identité », indique-t-il.
Bien que tous les candidats aient pu constater que la valse des mesures tarifaires de Donald Trump inquiètent les citoyens, le candidat libéral Jean-Sébastien Vallée a aussi constaté que les PME de la circonscription éprouvent un certain sentiment d’incertitude. « Tout ce qui se passe avec les tarifs, ça fait peur. On a plein de petits entrepreneurs qui sont inquiets. On a une équipe qui a une grande expertise pour les soutenir. Monsieur Carney a annoncé de l’aide aux entreprises et ça va être très important pour nos entrepreneurs de Rosemont–La Petite-Patrie. »
Une vision de l’est
Avec un regard porté au-delà de leur circonscription, les candidats ont partagé leur vision de ce qui pourrait contribuer à améliorer les conditions dans l’est de Montréal.
Pour le député Alexandre Boulerice, la décontamination des sols pour l’est de Montréal reste une préoccupation majeure. « Il y avait un programme provincial pour la décontamination des sols, et il n’y en a pas au fédéral. Il y a des zones qui ont été industrialisées dans le passé dans l’est de Montréal qui ne sont pas vraiment utilisables à cause de cette contamination, le fédéral doit faire sa part », souligne-t-il.
Le candidat libéral, pour sa part, adopte une vision de l’est de Montréal alignée sur celle qu’il propose pour le territoire canadien en entier. « Pour l’ensemble des circonscriptions dans l’est, on veut garder en tête les enjeux qui touchent l’ensemble des citoyens comme l’environnement », avance M. Vallée. « On en a fait beaucoup au cours des dernières années pour diminuer le taux de CO₂ dans l’atmosphère, pour protéger les océans et les terres. »
Olivier Gignac croit quant à lui qu’il faut en finir avec le manque d’investissement sur le territoire de l’est. Selon lui, les citoyens « sentent que le transport, les soins hospitaliers et tout l’environnement de vie gagneraient à être encore plus effervescents ».
Pour Laetitia Tchatat du PC, les citoyens de l’est de Montréal devraient se sentir en sécurité dans leurs domiciles. C’est pourquoi elle propose « des quartiers sécuritaires grâce à l’abolition des politiques laxistes de libération rapide (en matière de criminalité) imposées par les libéraux et le NPD ».
Les défis futurs
En plus de souligner les différents enjeux qui marquent le quotidien des électeurs, cette campagne met également en évidence les défis à venir, tant pour les candidats que pour la population.
Confiant que son parti sortira victorieux lors des élections du 28 avril prochain, Jean-Sébastien Vallée cherche à persuader les Rosepatriens des avantages d’avoir un député au sein du parti au pouvoir. Surtout dans une situation économique incertaine comme celle qui se déroule actuellement. Il reconnaît toutefois que l’actuel député, en poste depuis 2011, bénéficie d’une grande popularité auprès des électeurs. « Les gens me disent : « On aime beaucoup Monsieur Boulerice, il fait du bon travail. » Oui, c’est vrai. C’est une bonne personne. Mais, dans le contexte où on est, il faut être fort, il faut être unis pour démontrer aux États-Unis et au monde entier qu’on se tient au Canada. Ça serait bien qu’à Rosemont–La Petite-Patrie, on ait un député libéral qui soit à la table », indique-t-il.
Mme Tchatat croit d’ailleurs que les mesures tarifaires auront des répercussions bien au-delà de la présente campagne. « Ces changements peuvent provoquer une grande instabilité économique. Les entreprises locales risquent d’en souffrir et certains emplois pourraient être menacés. » Elle soutient que son parti veut remédier à la situation en diversifiant « l’économie pour réduire notre dépendance aux États-Unis, lever les barrières commerciales entre les provinces et exploiter nos ressources naturelles ».
Conscient que le président américain reste omniprésent dans la campagne fédérale, Olivier Gignac pense aussi que la question environnementale représente un défi de taille pour l’élection. Selon le candidat bloquiste, les visions canadienne et québécoise en la matière s’avèrent irréconciliables. « Le Canada est imbriqué dans une logique d’exploitation pétrolière et le Québec a une culture énergétique verte », illutre-t-il.
Pour Alexandre Boulerice, l’un des grands défis pour Rosemont–La Petite-Patrie et l’est de Montréal reste la santé financière des organismes communautaires. D’autant plus que la circonscription en compte plus de 400. « Il y a toute une pépinière de groupes communautaires qui sont vitaux pour le tissu social, pour aider les plus démunis, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap. Ces groupes sont sous-financés. Les gens ne réalisent pas à quel point nos quartiers seraient différents s’il n’y avait pas tous ces groupes communautaires. »