
Vue de l’arrondissement Saint-Léonard (Courtoisie)
26 avril 2025ÉLECTIONS FÉDÉRALES : ENJEUX COMMUNS POUR SAINT-LÉONARD—SAINT-MICHEL ET BOURASSA
Lors des élections du 28 avril prochain, les électeurs des circonscriptions de Saint-Léonard—Saint-Michel et Bourassa éliront leur nouveau député fédéral. À l’approche de ce scrutin, les candidat·es en lice abordent des enjeux similaires pour ces territoires de l’est de Montréal et présentent leurs propositions pour y répondre.
Si chacune de ces circonscriptions de l’est de la métropole possède des préoccupations spécifiques à leurs quartiers, elles partagent aussi des défis communs, mis en lumière par les candidat·es du Parti libéral du Canada (PLC) et du Nouveau Parti démocratique du Canada (NPD) lors d’un entretien avec EST MÉDIA Montréal.
Ces dernier·es ont répondu à nos questions dans la foulée d’une campagne électorale éclair, au cours de laquelle chacun·e a dû vanter les mérites de son parti, et les composantes de son programme, en seulement quelques semaines.
Logement, transport et santé au cœur des préoccupations
Candidate sortante dans la circonscription de Saint-Léonard—Saint-Michel, constituée de l’arrondissement de Saint-Léonard et des parties limitrophes de l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, la députée libérale Patricia Lattanzio a été élue pour la première fois en 2019, puis réélue en 2021.

Patricia Lattanzio, candidate et députée libérale de la circonscription de Saint-Léonard—Saint-Michel (Photo : Parti libéral du Canada)
La politicienne se représente une fois de plus cette année, convaincue que son parti a mis en place de nombreux programmes bénéfiques, tant pour sa population que pour l’ensemble du pays « Et le travail n’est pas fini, on a encore beaucoup à faire », estime-t-elle.
Patricia Lattanzio souligne que l’un des enjeux prioritaires actuels pour son territoire est la nécessité de prioriser un dossier qui fait grand bruit, celui du logement. « Avec le prolongement de la ligne bleue, on a déjà établi des nouvelles stations de métro dans Saint-Léonard, donc c’est sûr que le transport est un conducteur qui va amener les gens vers l’est. Ça veut donc dire qu’il doit y avoir un investissement dans le logement à faire, parce qu’on sait que la population va augmenter dans les années à venir. Il y a déjà une pénurie de logements dans mon comté, et les gens veulent avoir non seulement un toit, mais qu’il soit abordable. Donc, ce qui est le plus pressant chez nous, c’est de construire plus de logements », explique la députée libérale.
Selon Mme Lattanzio, il est aussi essentiel de s’attaquer à la question de l’accès à la propriété pour les jeunes. « On a appuyé le nouveau programme annoncé par notre chef [le premier ministre Mark Carney], qui prévoit l’élimination de la TPS sur les maisons de moins d’un million de dollars pour les acheteurs d’une première maison. L’objectif est de donner aux jeunes une réelle chance de devenir propriétaires. »
Son collègue libéral du comté de Bourassa, le candidat Abdel Haqsari, considère lui aussi le logement social et abordable comme une priorité majeure dans sa circonscription, qui englobe l’arrondissement de Montréal-Nord ainsi que certains secteurs de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles et d’Ahuntsic-Cartierville.

Abdel Haqsari, candidat libéral pour la circonscription de Bourassa (Photo : Parti libéral du Canada)
« Il y a une crise aiguë du logement dans plusieurs quartiers de l’est (Montréal-Nord, Saint-Michel, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, etc.) et une forte proportion de locataires en situation de précarité ou de surpeuplement. Une revendication majeure est que le fédéral accélère le transfert des fonds fédéraux en logement au Québec et finance plus activement les coopératives, les OBNL d’habitation et les HLM », indique M. Haqsari.
Conseiller de la Ville du district Marie-Clarac à Montréal-Nord, vice-président de la Commission de la sécurité publique de la Ville de Montréal et porte-parole de l’opposition officielle en matière de sécurité publique, de technologies de l’information et d’inclusion, M. Haqsari se décrit comme « un homme de terrain avant tout, engagé pour la communauté, proche des citoyens, des commerçants et des organismes communautaires ».
Pour le candidat libéral, il est essentiel de s’attaquer aux enjeux majeurs touchant sa circonscription, mais également l’ensemble de l’est de la métropole. Il nomme entre autres la lutte contre la pauvreté, le soutien au revenu, l’isolement social, l’accueil et l’intégration des nouveaux arrivants et le manque d’infrastructures structurantes en transport.
« Les attentes sont élevées envers l’extension de la ligne bleue du métro, le déploiement du REM de l’Est ainsi que les voies réservées et pistes cyclables sécurisées. Le fédéral doit continuer à cofinancer les grands projets d’infrastructure de mobilité durable. (…) Plusieurs quartiers (Montréal-Nord, Saint-Michel, Hochelaga) sont parmi les plus pauvres du Québec. Le besoin est criant en programmes jeunesse, en sécurité alimentaire, en alphabétisation, en soutien aux femmes et aux familles monoparentales. Le gouvernement peut intervenir par le biais du financement d’organismes communautaires et de prestations ciblées », souligne-t-il.

Marwan El Attar, candidat néo-démocrate pour la circonscription de Saint-Léonard—Saint-Michel (Photo : Nouveau Parti démocratique du Canada)
Le candidat néo-démocrate dans Saint-Léonard—Saint-Michel, Marwan El Attar, est quant à lui fier de s’investir dans les enjeux qui touchent la circonscription qui l’a vu grandir. Celui qui a complété des études en droit à l’Université McGill explique que son choix de devenir avocat était en partie motivé par son désir d’aider les gens.
« Depuis six ans, j’exerce au sein de l’ARC, où j’ai eu l’occasion de traiter une grande diversité de dossiers. J’ai commencé à militer au sein du NPD en 2023, en réponse aux crises existentielles que nous traversons et qui me touchent particulièrement, comme le logement, l’environnement et les inégalités sociales. J’ai l’impression que rien n’a changé au fil des ans », partage M. El Attar.
Après avoir sillonné les rues de sa circonscription pendant la campagne, le candidat fédéral et son équipe de bénévoles ont constaté que les préoccupations fréquemment évoquées par la population étaient le coût de la vie et le système de santé.
« Quel que soit l’âge de l’électeur, il y a un sentiment d’abandon face aux explosions du prix du logement et de l’épicerie. Au courant des dernières semaines, les locataires ont reçu, comme moi, un avis d’augmentation du prix du loyer qui est complètement déconnecté de la réalité. Il s’agit d’un nouveau record en 30 ans, qui bat celui de l’an dernier, et les gens ne savent plus quoi faire », expose Marwan El Attar.
Il ajoute qu’en matière de santé, les résidents de sa circonscription sont mal desservis en plus d’avoir difficilement accès à un médecin. « Un citoyen sur trois me parle de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, qui se trouve dans un état de délabrement depuis plusieurs années. Il y a un sentiment d’abandon de la part des différents paliers gouvernementaux qui ne tiennent pas leurs préoccupations à cœur et qui n’agissent pas dans leurs intérêts. (…) La réfection de l’hôpital doit être entreprise immédiatement puisque la santé des citoyens et la santé économique de cette partie de la ville dépendent des travaux de rénovation du centre hospitalier », martèle le candidat.
M. El Attar croit aussi que plus généralement, il est essentiel de construire un réseau de transport collectif fonctionnel « qui répond aux besoins de la population dans l’est de l’île de Montréal » et que le gouvernement fédéral « a un rôle important à jouer, notamment au niveau du financement ».
Des actions pour répondre aux enjeux
En cas de victoire dans leur circonscription, les candidat·es libéraux et néo-démocrates entendent agir concrètement à différents niveaux pour répondre aux besoins et aux préoccupations de leur communauté.
La députée de Saint-Léonard—Saint-Michel, Patricia Lattanzio, estime que son expérience en gouvernance locale, notamment à l’échelle municipale, lui permet de bien cerner les enjeux propres à sa circonscription et de collaborer efficacement avec les autres paliers gouvernementaux afin de faire avancer différentes initiatives.
« Il va y avoir beaucoup plus de monde qui va s’installer dans l’est. Donc, on veut investir dans des infrastructures pour justement bien desservir ces personnes et les accommoder. C’est ce qui va être un enjeu important pour les années à venir, et le fédéral a un rôle à jouer, notamment avec l’enveloppe de Développement économique Canada pour les régions du Québec (DEC) qui pourra venir justement aider sur les différents projets qui seront mis de l’avant », ajoute l’élue.
Le candidat libéral Abdel Haqsari affirme que, s’il est choisi comme député par les citoyens de la circonscription de Bourassa, il veut collaborer de près avec la Ville de Montréal « pour que des projets structurants voient le jour ».
« Je souhaite appuyer quelques priorités à long terme comme le développement du corridor de mobilité sur le boulevard Henri-Bourassa, incluant des voies réservées et des pistes cyclables sécurisées, (…) la revitalisation des artères commerciales, notamment Pie-IX, Rolland et Henri-Bourassa Est, (…) l’aménagement de logements sociaux et abordables, (…) ou encore la transformation de certains terrains industriels sous-utilisés en espaces verts, en zones d’innovation ou en équipements communautaires », énumère M. Haqsari.
Advenant son élection, le néo-démocrate Marwan El Attar affirme quant à lui avoir pour objectif l’adoption d’un projet de loi « pour plafonner le prix des produits de base dans les épiceries ». Dans son programme, ce dernier souhaite aussi voir augmenter le financement pour le logement hors marché. « Je voudrais qu’on travaille avec les provinces et les municipalités afin que 20% du parc immobilier dans chaque quartier soit du logement social et communautaire », précise-t-il.
M. El Arrar indique vouloir « augmenter le financement en santé d’au moins 1 % » pour protéger le système public, moderniser les hôpitaux, embaucher davantage de personnel soignant et mieux intégrer les médecins formés à l’étranger par l’entremise de programmes de résidence.
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*Les candidats du Parti conservateur et du Bloc Québécois dans les circonscriptions mentionnées dans cet article n’ont pas donné suite à nos demandes d’entrevue.
*Aucun des candidats de la circonscription d’Honoré-Mercier, tous partis confondus, n’a répondu à notre demande d’entrevue ni ne l’a acceptée.