
Montréal-Est (Image tirée de la page Facebook de la Ville de Montréal-Est)
15 avril 2025ÉLECTIONS FÉDÉRALES 2025 : LES ENJEUX DE LA POINTE-DE-L’ÎLE
Située à l’extrême-est de l’île de Montréal, la circonscription de La Pointe-de-l’Île englobe une partie de Mercier, Pointe-aux-Trembles et Montréal-Est. Des enjeux tels que l’insuffisance du transport en commun, une économie historiquement centrée sur l’industrie pétrolière ou encore la décontamination de ses sols reviennent fréquemment dans les discussions à son sujet.
Entretien avec quatre candidats des principaux partis en course pour les prochaines élections fédérales afin de dresser le portrait de leurs priorités pour La Pointe-de-l’Île.
Les candidat.e.s

Mario Beaulieu, candidat du BQ et actuel député de La Pointe-de-l’Île (Courtoisie)
C’est le député bloquiste Mario Beaulieu qui est en poste depuis 2015 dans la circonscription et qui y brigue donc un possible quatrième mandat. L’homme politique se décrit comme un militant de longue date, que ce soit pour l’indépendance du Québec, la défense de la langue française ou encore l’inclusion des nouveaux arrivants, trois causes dans lesquelles il s’implique depuis une trentaine d’années. Ces engagements l’ont mené à devenir chef du Bloc Québécois (BQ) en 2014-2015, puis à devenir député de La Pointe-de-l’Île.
Du côté du Nouveau Parti démocratique (NPD), Ghada Chaabi tentera de remporter la mise. Arrivée au Québec en 2002, la candidate se dit très impliquée dans sa communauté. Elle est depuis longtemps active au sein d’associations locales. Son engagement politique est né de son bénévolat dans des campagnes électorales. Ce contact avec le monde politique lui a permis de constater le potentiel d’action et de service qu’offre cette voie. Elle a envie de faire mieux, tant pour ses concitoyens que pour son quartier.
Violetta Potapova se présente quant à elle pour le Parti conservateur du Canada (PCC) et se décrit comme une mère de famille et une jeune professionnelle. Il s’agit pour elle d’une entrée en politique et d’un nouveau chapitre dans sa vie. Elle a en effet récemment senti le besoin de mettre à profit son énergie et son expérience professionnelle, notamment acquise dans des domaines tels que le service à la clientèle, les services financiers, les loisirs, la culture et le milieu communautaire. Elle aimerait agir concrètement pour le bien de son secteur.
Finalement, le Parti libéral du Canada (PLC) propose Viviane Minko comme candidate. Diplômée de HEC Montréal en gestion d’entreprises et commerce international et de l’Université de Montréal en santé et sécurité au travail, Mme Minko est originaire du Gabon. Elle affirme être profondément attachée aux valeurs francophones, raison d’ailleurs pour laquelle elle s’est installée au Québec.
Un territoire, plusieurs enjeux

Ghada Chaabi, candidate du NPD dans La Pointe-de-l’Île (Courtoisie)
Pour ce secteur éloigné de la métropole, l’enjeu du transport en commun est bien entendu central. En matière de transport structurant, Mario Beaulieu, du BQ, dit avoir organisé durant son mandat des consultations citoyennes d’abord sur le projet du REM de l’Est et, plus récemment, sur le projet structurant de l’Est, avec le tramway. « J’ai d’ailleurs pris position publiquement au sujet de l’importance de la concertation entre les parties prenantes pour garantir l’acceptabilité sociale de ce grand projet de transport », ajoute-t-il.
Ghada Chaabi, du NPD, aimerait aussi connecter davantage La Pointe-de-l’Île au reste de Montréal, et ainsi améliorer son rapprochement avec d’autres quartiers de la métropole. « Nous pouvons y arriver grâce à la collaboration avec les gouvernements provincial et municipal », croit-elle.
La crise du logement que vit actuellement Montréal préoccupe aussi les candidats. « Les loyers élevés empêchent de nombreuses familles, particulièrement les jeunes, d’accéder à la propriété ou même de se loger convenablement », mentionne Violetta Potapova du PCC. Elle met aussi en lumière l’interdépendance des enjeux. Selon elle, relancer l’économie locale permettrait d’améliorer le pouvoir d’achat, ce qui aurait un impact direct sur la crise du logement. Viviane Minko du PLC insiste quant à elle sur le manque de logements sociaux dans La Pointe-de-l’Île. « Il s’agit d’une problématique qui touche particulièrement les mères monoparentales et les familles vulnérables. » De plus, pour elle, la spéculation immobilière aggrave la situation. Mme Minko plaide donc pour une réponse plus active à la demande croissante de logements.
La santé interpelle aussi certains candidats de La Pointe-de-l’Île. Pour le bloquiste Mario Beaulieu, même si l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) n’est pas sur le territoire, il s’agit d’un dossier d’une grande importance. « Le retard dans sa reconstruction touche directement les électeurs de La Pointe-de-l’Île. Il est nécessaire que le fédéral y contribue, au moins pour les infrastructures », insiste-t-il. La libérale Viviane Minko propose de créer une clinique privée ou un CLSC. « Cette infrastructure permettrait une meilleure prise en charge de la population vieillissante, notamment, et elle s’inscrit dans ma volonté de renforcer l’accès aux soins de santé dans La Pointe-de-l’Île. » De son côté, la députée néodémocrate, Ghada Chaabi, promeut le régime public d’assurance-médicaments mis de l’avant par son parti et qui inclut les contraceptifs ou encore les médicaments contre le diabète.
Des mesures concrètes diverses

Viviane Minko, candidate du PLC dans La Pointe-de-l’Île (Courtoisie)
La candidate conservatrice, Violetta Potapova, énumère les différentes mesures concrètes que son parti mettrait en place, notamment l’abolition de la taxe fédérale sur les logements neufs, des peines plus sévères pour les crimes graves et des mesures préventives comme le port du bracelet GPS pour les contrevenants à haut risque. Elle nomme également une réduction de la bureaucratie pour accélérer l’octroi de permis et alléger les charges des PME ainsi que l’encouragement à l’investissement local pour renforcer l’économie de La Pointe-de-l’Île et offrir des emplois de proximité.
Viviane Minko entend quant à elle prioriser la sécurité alimentaire, l’abordabilité du logement et la lutte contre la précarité locative. Elle mentionne également l’assurance dentaire récemment mise en place par le gouvernement libéral et qui serait étendue s’il est reporté au pouvoir. Elle veut aussi favoriser l’entrepreneuriat local dans l’est de Montréal. Sur le plan structurel, elle envisage une collaboration plus étroite entre les divers paliers de gouvernement et les acteurs communautaires.
Du côté de Mario Beaulieu et du Bloc Québécois, on souhaite améliorer les services de santé de proximité, augmenter les pensions, financer la décontamination des sols et des infrastructures attenantes, renforcer les transports collectifs avec le tramway de l’Est ou encore la navette fluviale, et défendre la langue française.
Ghada Chaabi est aussi touchée par l’enjeu de la langue et souhaite offrir un soutien linguistique et culturel aux nouveaux arrivants pour une meilleure intégration. « L’intégration ne passe pas uniquement par l’emploi, souligne-t-elle, mais aussi par l’apprentissage des valeurs québécoises et de la langue. » Elle insiste sur la richesse de l’inclusion sociale et culturelle et réaffirme l’importance de ces dossiers (langue et immigration) pour l’est de Montréal.
La clé? Être à l’écoute des citoyens

Violetta Potapova, candidate du PCC dans La Pointe-de-l’Île (Courtoisie)
Violetta Potapova met de l’avant l’importance d’être une députée de terrain, afin de s’assurer que les préoccupations des citoyens soient réellement prises en compte. Elle prévoit organiser des consultations citoyennes régulières, maintenir une ligne de communication directe avec les résidents et collaborer activement avec les organismes communautaires. « Nous avons reçu l’appel d’un citoyen préoccupé par la sécurité des aînés et l’avenir des programmes sociaux. J’ai alors pu le rassurer avec des informations précises, ce qui montre ma volonté d’être proactive et proche des gens », illustre-t-elle.
Dans le même ordre d’idées, Viviane Minko entend s’assurer que les préoccupations des résidents de La Pointe-de-l’Île soient aussi réellement entendues, et ce, grâce à des mécanismes déjà instaurés au sein du PLC, notamment les journées d’action, organisées mensuellement. « Durant ces journées, les équipes contactent directement les électeurs et recueillent leurs opinions, préoccupations et attentes », explique-t-elle. C’est à partir des réponses récurrentes recueillies qu’elle structure ses priorités comme candidate.
Collaborant avec les groupes communautaires du territoire et les entreprises locales, Mario Beaulieu les considère essentiels à la solidarité sociale et à la qualité de vie dans la circonscription. « Nous collaborons activement avec la Corporation de développement communautaire de la Pointe, soutenons le Comité des gens d’affaires et des industries de la Pointe-de-l’Île ainsi que l’Association des commerçants de Tétreaulville, notamment pour la promotion de l’achat local. »
À son tour, Ghada Chaabi du NPD émet son souhait de renforcer le lien avec les résidents de La Pointe-de-l’Île, en étant proche d’eux et en écoutant leurs préoccupations. Elle insiste en terminant sur le Plan pour les travailleurs du Canada, une priorité de son parti. « Ce plan vise à bâtir une économie résiliente à long terme, centrée sur les travailleurs. Car il ne s’agit pas seulement de bien les accueillir, mais aussi de créer un environnement favorable à leur épanouissement et à leur pleine intégration », conclut la candidate néodémocrate.