Will Prosper tente de ravir la mairie de Montréal-Nord sous les couleurs de Projet Montréal (photo courtoisie).

WILL PROSPER : MONTRÉAL-NORD DANS LES VEINES, LES JEUNES SUR LE COEUR

Durant la présente campagne électorale municipale, EST MÉDIA Montréal proposera plusieurs rencontres avec des aspirants à la mairie d’arrondissements de l’est, question de découvrir à la fois leur plateforme locale et leur vision de certains enjeux liés au territoire. Aujourd’hui, Will Prosper, de Projet Montréal, candidat dans Montreal-Nord.

Citoyen impliqué, Will Prosper a grandi, étudié puis travaillé à Montréal-Nord. Et voilà trop longtemps, selon lui, qu’Ensemble Montréal règne en roi et maître sur l’arrondissement. Son opinion s’est d’ailleurs consolidée durant la pandémie. « On aurait dû avoir une mairesse qui se démarque, qui sorte du lot. Parce que Montréal-Nord était l’épicentre de la crise de la COVID-19 durant un moment, autant chez les ainés qu’au sein de la population en général, avec ses nombreux travailleurs de proximité et travailleurs de la santé », note le candidat. En effet, les corridors sanitaires du coin ont été parmi les derniers à apparaître dans les rues de Montréal, par exemple. « Quand je regarde ce qui a été fait, particulièrement au cours des cinq dernières années, par l’équipe de Christine Black, c’est peut-être ma motivation, la raison pour laquelle je me suis lancé à la mairie. »

Will Prosper a choisi le clan de Valérie Plante pour réaliser ses ambitieux objectifs, notamment miser massivement sur la jeunesse, en investissant dans les organismes et les services qui leur sont destinés, en développant l’entreprenariat social et en concrétisant le projet de complexe sportif, entre autres. Ce dernier cheval de bataille de Will Prosper et son équipe reste pour l’instant « un mirage » qu’on promet à la population locale depuis de nombreuses années. « À Montréal-Nord, après 21 h, tout est fermé pour les jeunes. Le complexe sportif pourrait être ouvert plus tard. » Pour le candidat de Projet Montréal, le lieu pourrait devenir un endroit où les jeunes pourraient non seulement se rassembler, mais déployer leurs talents. « Luguentz Dort et Chris Boucher, qui jouent dans la NBA, ils ont dû se développer à l’extérieur de Montréal-Nord. On a un paquet de jeunes comme ça ici, qui ont un potentiel énorme. » Sans que tous ne se rendent nécessairement jusqu’à la NBA, Will Prosper croit que les sports donnent une discipline et permettent souvent aux jeunes de persévérer dans leurs études.

Comme un caillou dans la botte

La campagne électorale irait par ailleurs bon train pour l’équipe de Will Prosper. Selon ses dires, il est accueilli chaudement par les citoyens, que ce soit dans les rues de Montréal-Nord ou lors des séances de porte-à-porte. Plusieurs le connaissent déjà, ayant été témoins de son implication importante dans le quartier. Sa douce campagne a toutefois connu une turbulence majeure en début de parcours, lorsqu’une vieille histoire est revenue hanter le candidat à la mairie d’arrondissement. Par le passé, Will Prosper a travaillé pour la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Il y a plus de deux décennies, des soupçons de coulage d’informations ont pesé contre lui, ce qui a fait qu’il a été « fortement encouragé » à laisser son poste. Pour le principal intéressé, aucune ambiguïté : « C’est sûr qu’au début, c’était difficile à vivre. Mais en même temps, toute la vague de support qui a déferlé et l’engouement qui en a découlé m’ont finalement galvanisé. Ce n’est pas une infraction criminelle ni quelque chose de majeur. Et mes aptitudes, mes capacités, ma feuille de route pour accéder au poste de maire d’arrondissement n’ont pas été critiquées », se réjouit malgré tout Will Prosper.

Tables, ligue et Hoodstock

L’homme, aussi documentariste et père de deux enfants, a en effet tout un parcours professionnel ancré fermement dans Montréal-Nord. Il a notamment siégé à plusieurs tables de concertation ainsi qu’à la table de quartier et au conseil d’arrondissement. Il compte aussi parmi les participants de la campagne « Faut qu’on se parle », un exercice de démocratisation qui a eu lieu à travers la province et qui lui a permis de rencontrer plus de 10 000 citoyens québécois. Will Prosper a également travaillé à la Ligue des droits et libertés, y défendant entre autres des enjeux reliés au logement et à la santé. Le candidat de Projet Montréal figure aussi comme le cofondateur de l’organisme Hoodstock, implanté à Montréal-Nord et apparu dans la foulée de la mort tragique de Fredy Villanueva. « Dans le but de canaliser l’énergie des jeunes, de créer des ponts avec la communauté et d’apporter des solutions, a émergé Hoodstock », précise Will Prosper. C’est l’organisation du tout premier forum social de l’histoire de Montréal-Nord qui a non seulement permis d’ouvrir ce dialogue, mais en plus de mettre la table pour la fondation de l’organisme. « Aujourd’hui, on est devenu beaucoup plus gros. On a distribué des kits sanitaires lors de la pandémie, on donne des formations dans nos écoles, on offre des conseils juridiques, on a créé un conseil jeunesse », énumère fièrement le cofondateur.

Œuvrant donc dans le quartier depuis de nombreuses années, Will Prosper est d’autant plus heureux de participer à une véritable course électorale dans Montréal-Nord, événement rare dans les dernières décennies. « Je suis pas mal content de ça, dit le candidat. Ça fait peut-être 60 ans qu’il n’y en a pas eu. De voir l’équipe adverse faire du porte-à-porte et établir un local électoral, c’est des choses qu’on ne voit pas beaucoup dans Montréal-Nord. C’est sein pour la démocratie. » Will Prosper a la forte impression que les citoyens sont déçus des dernières administrations du territoire et qu’ils fondent beaucoup d’espoir dans le message et les actions portés par Projet Montréal. « Les gens voient en moi un vent d’espoir, de changement et de transformation nécessaires pour notre communauté. Ils se reconnaissent beaucoup en moi parce que j’ai grandi ici et que je sais comment leur parler. Pour moi, c’est la famille », termine le candidat. Son sentiment s’avérera-t-il vrai? C’est à voir le 7 novembre prochain.

Questions en rafales

EST MÉDIA Montréal (EMM) : Quelle est votre position sur la situation actuelle des médias locaux à Montréal?

Will Prosper (WP) : C’est un enjeu que le provincial et le fédéral doivent supporter. Je vois l’impact des médias locaux depuis que je suis jeune. C’est absolument essentiel dans notre communauté. C’est sûr que c’est quelque chose qu’on veut supporter à 150%. C’est ce qui permet de partager les informations de notre communauté, ça doit être accessible et ça doit perdurer. Ça serait une grosse perte pour Montréal-Nord de ne plus avoir ses médias locaux. Et les gens le sentiraient. Je le vois quand je me rends auprès des aînés. Ç’a un impact dans la vie des gens, ça leur permet d’être au courant des activités, de ce qui se passe dans la communauté. Transmettre ces informations met en relief tout le dynamisme de notre communauté.

EMM : Comment comptez-vous aborder l’enjeu du logement social et abordable?

WP : Il y a bien sûr le plan 20-20-20 de Projet Montréal, qui rendra accessible des logements sociaux et abordables, avec une mixité qui est intéressante, et des logements familiaux aussi parce qu’on a beaucoup de familles à Montréal-Nord. Il y a aussi le certificat de propriétaire responsable dans le plan qui va adresser les enjeux d’insalubrité comme aucun parti ne va le faire. Le propriétaire va devoir démontrer que ses logements sont salubres, en bonne condition, que le chauffage fonctionne, que les fenêtres sont adéquates. Ça fait partie de ce qu’on va mettre de l’avant à Montréal-Nord. Et une autre partie importante de ce certificat est la création d’un registre dans lequel le propriétaire devra dire le prix des loyers et le partager à l’ensemble de la population pour ne pas avoir des augmentations démesurées ou des « rénovictions », comme on a vu dans le passé et qui nous affectent tous et toutes. C’est un enjeu majeur partout en Amérique du Nord, c’est ce qui afflige de plus en plus de communautés.

EMM : Comment comptez-vous aborder le verdissement?

WP : Pour moi, quand on parle d’environnement, de transition écologique, on ne pense jamais à Montréal-Nord. Ce n’est pas l’endroit qui nous vient en tête. Alors que quand on parle de justice climatique, on devrait penser à Montréal-Nord. C’est un des endroits où on a le plus d’ilots de chaleur. Ça nous frappe d’une manière comme ça ne frappe pas d’autres arrondissements. On n’a pas beaucoup de parcs non plus. Donc, le verdissement est essentiel pour l’ensemble de la communauté. Et pour nous, c’est un enjeu sur lequel on veut travailler. Et je rajouterais que le point le plus important pour nous et où on se démarque de tous les arrondissements, même parmi les équipes de Projet Montréal, c’est qu’on va avoir une personne responsable de la transition écologique. On veut transformer l’image de Montréal-Nord et devenir un leader en environnement et en transition écologique.

EMM : Comment comptez-vous aborder le phénomène de la violence et des armes à feu qui sévit à Montréal?

WP : Il faut investir dans le communautaire, c’est absolument essentiel. Surtout dans les intervenants, les travailleurs de rue, c’est la priorité. Ça fait des années que je me plains qu’on a juste deux travailleurs de rue. Ils font un travail incroyable auprès de l’arrondissement, mais il devrait y en avoir beaucoup plus. Aussi, c’est d’offrir des modèles aux jeunes pour montrer qu’il y a d’autres alternatives, d’autres voies possibles. Quand les jeunes voient ça, ils suivent ce chemin. Et ça fait en sorte qu’ils deviennent à leur tour des acteurs positifs dans notre communauté. On veut aussi vraiment encourager l’entreprenariat auprès des jeunes. Un paquet a des idées phénoménales, mais manque d’accompagnement.

EMM : Comment comptez-vous aborder le développement économique?

WP : Je pense qu’il faut dynamiser l’économie locale. Et ça prend une sincère volonté, un regroupement d’entrepreneurs qui est assez fort et un travail avec la chambre de commerce aussi. Montréal est une ville intelligente, qui œuvre dans l’univers du numérique. Il y a des formations qui peuvent être données en trois mois en jeux vidéo, et la personne formée trouvera un emploi tout de suite après. On a un paquet de gens qui ont énormément de potentiel à Montréal-Nord pour travailler dans ce milieu. On veut amener les gens, que ça soit de ces milieux, des HEC, d’Ubisoft, à s’établir dans un endroit qu’on va créer, la Maison du numérique. Pour nous, c’est un élément phare qu’on veut mettre de l’avant dans notre plateforme pour le développement économique. En plus de tout ce qu’on veut dynamiser, comme certaines artères, en concertation avec la population.