ÉCOPÂTURAGE URBAIN : DES MOUTONS DANS 2 PARCS DE MONTRÉAL
Tout premier et seul organisme d’écopâturage urbain au Québec, le Biquette-Écopâturage opère, durant les beaux jours, dans deux espaces verts de l’est de Montréal. Ses moutons sont présents au parc Armand-Bombardier, à Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (RDP–PAT), et au nord du parc Maisonneuve, dans Rosemont–La Petite-Patrie (RPP). En plus de procurer plaisir et agrément aux bénévoles et aux passants, les bêtes ovines permettent aux tondeuses de la Ville d’opérer ailleurs à Montréal.
« Il pleut, il pleut bergère, rentre tes blancs moutons… » Les paroles de la célèbre chanson pour enfants écrite par Nino Ferrer ne s’applique pas à la réalité de l’OBNL Biquette. Durant ce jour de pluie estivale, les bergères bénévoles répondent présentes, vêtues de leurs imperméables et chaussées de leurs bottes de pluie, pour sortir les moutons de la bergerie à 9 h pile.
À leur sortie de la bergerie, les 20 moutons se précipitent pour manger le grain, avant d’entamer leur promenade à travers les 80 hectares de verdure du parc Maisonneuve. Les moutons appartiennent à la fondatrice du Repaire de Biquette, Marie-Ève Julien-Denis, qui les a récupéré dans une ferme agronomique et qui a créé l’OBNL en 2016.
Jusqu’au 13 octobre, les 20 ruminants sortent tous les jours, beau temps, mauvais temps, de 9 h à 19 h. Ils décident eux-mêmes de leur programme. « Ils se promènent, rentrent à la bergerie pour ruminer ou se reposer, puis ressortent… », raconte Catherine, bergère. Les bénévoles comme cette dernière, qui se relaient, assurent une surveillance continue des moutons.
Quand les animaux «remplacent» les tondeuses
L’écopâturage consiste à remplacer les tondeuses par des animaux herbivores, ici des moutons, pour ainsi entretenir de manière écoresponsable les espaces verts. « Quand on parle d’espaces verts à Montréal, il s’agit principalement des parcs. Mais ça pourrait être des cours d’écoles, des terrains d’universités, des cimetières… Finalement, ça peut être n’importe quel lieu entretenu habituellement par des tondeuses », explique Annie Cloutier, responsable du Repaire de Biquette au parc Maisonneuve.
En plus de supprimer la pollution de l’air et les émissions de gaz à effet de serre liées à l’utilisation de tondeuses mécaniques qui contribuent aux îlots de chaleur en ville à cause de leur coupe très courte, l’écopâturage enrichit la biodiversité et s’avère moins coûteux que l’utilisation de tondeuses à essence.
Une dizaine de moutons du Repaire de Biquette étaient au parc Armand-Bombardier à RDP–PAT au début de l’été, et ce, pendant 5 semaines. « La présence de nos moutons a permis de ne pas tondre du tout pendant cette période, ce qui fait économiser du temps de travail aux employés et des sous à l’arrondissement », déclare Annie Cloutier. Sachant que le parc Armand-Bombardier, d’une superficie de 7 ha, est bien plus petit que le parc Maisonneuve, d’une superficie de 80 ha, les moutons ne sont pas mobilisés et répartis de la même façon. Si la moitié du troupeau couvre la totalité du parc Armand-Bombardier, le troupeau au complet se concentre sur une partie seulement du parc Maisonneuve. « Dans ce cas, les moutons ne remplacent pas complètement le travail des employés, mais ils aident à le réduire. On s’est entendus avec l’arrondissement de RPP pour qu’une section du parc Maisonneuve soit tondue en alternance », précise-t-elle.
Des bergers en herbe dans la ville
En amenant la campagne en ville, l’écopâturage suscite parfois la curiosité des passants. « Plusieurs visiteurs m’ont déjà demandé : est-ce que ce sont des moutons? Cette question montre à quel point on est déconnectés de la réalité rurale », souligne avec amusement Annie Cloutier.
150 bénévoles ont rejoint l’aventure du Repaire de Biquette cette année. « Entre 30 et 50 d’entre eux reviennent d’année en année », indique la responsable. Passionnée d’animaux et de nature, la bénévole Catherine s’implique dans la bergerie depuis quatre ans. « Quand je me suis inscrite, c’était au sortir de la pandémie et j’avais vraiment besoin de renouer avec les espaces verts. »
Prendre soin des moutons aurait aussi un bénéfice thérapeutique. « Avec les bénévoles, on observe les bêtes, on marche avec elles, on leur donne à manger, on nettoie la bergerie… En plus d’être une activité sportive, je dois perdre au moins 10 livres chaque été, c’est le genre de moment qui donne du repos et qui réduit notre charge mentale. Tous les bénévoles partent toujours avec le sourire », explique Annie Cloutier.
La bergerie du parc Maisonneuve se trouve derrière les jardins communautaires de Rosemont, au coin du boulevard du même nom et de la 31e avenue.