L’ÉCONOMIE SOCIALE POUR CHANGER LE VISAGE DE L’EST?
L’économie sociale peut-elle être un moteur de développement du territoire de l’est? Cette question a été particulièrement mise de l’avant lors d’une conférence donnée ce matin dans la cadre du RDV de l’Est, organisé par la Chambre de commerce de l’Est de Montréal.
Que ce soit en matière de logement, d’alimentation ou dans le domaine de l’innovation, toutes les cartes sont actuellement sur la table pour que l’économie sociale laisse sa marque dans les secteurs de l’est. « Notre ambition est que l’est de Montréal devienne un exemple de transition socio-écologique. L’économie sociale doit faire partie de cette transition », a insisté Luc Rabouin, président du Comité exécutif de la Ville de Montréal, responsable des finances, du développement économique et de l’enseignement supérieur.
Pour sa part, la ministre du Tourisme et ministre responsable de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, Soraya Martinez Ferrada, a profité de la conférence pour annoncer un soutien financier de 2,3 millions de dollars au Chantier de l’économie sociale, dont la mission est de promouvoir l’économie sociale comme partie intégrante de l’économie plurielle du Québec. « La revitalisation de l’est de Montréal, une communauté tissée serrée, passe notamment par le développement du secteur de l’économie sociale. Ce premier RDV de l’Est est une belle occasion de discuter de la collaboration possible entre les entreprises du secteur privé et de l’économie sociale afin de contribuer à la croissance d’une économie inclusive, innovante et diversifiée ici, dans l’est », a-t-elle souligné.
L’est de Montréal devient peu à peu un terrain de jeu important et de récentes initiatives le démontrent. Le Carrefour d’innovation bioalimentaire, porté par le Collège de Maisonneuve, La Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve et PME MTL Centre-Est, est un exemple parlant, selon Luc Rabouin.
Ce dernier ajoute que la Ville a dernièrement renouvelé son entente avec les marchés publics pour la location de leurs installations, un accord qui s’échelonnera sur une période de 10 ans. Un autre exemple incontournable selon le maire du Plateau-Mont-Royal est sans contredit la Société de développement Angus, une entreprise d’économie sociale dans le domaine de l’immobilier, dont les accomplissements depuis les 25 dernières années sont innombrables.
Lors d’un panel, le ministre délégué à l’Économie et ministre responsable de la Lutte contre le racisme, Christopher Skeete, a souligné l’importance de bonifier les procédés actuels pour mieux accompagner les entreprises d’économie sociale. « Il faut professionnaliser les équipes d’économie sociale pour leur permettre de croitre. Il faut les accompagner pour faire de la gestion de croissance », a-t-il insisté.
L’économie sociale en réponse à la crise du logement
Quant à la question du logement, un secteur frappé de plein fouet par une importante crise des loyers partout au Québec, certains invités du RDV de l’est ont entrevu une issue possible par la voie du modèle social. « Les investisseurs ont vu qu’investir dans l’économie sociale, finalement c’est payant », croit Edith Cyr, directrice générale de Bâtir son quartier. La crise du logement peut être une occasion de multiplier les partenariats entre entreprises privées et sociales, ajoute cette dernière.
C’est une telle collaboration qui aura permis à la Corporation Mainbourg d’acheter en novembre dernier le Domaine La Rousselière, un complexe de huit édifices situé à Pointe-aux-Trembles. Cette transaction, réalisée grâce à une entente avec le fonds d’investissement de la société New Market Funds, a ainsi retiré 720 logements du marché privé et de la spéculation immobilière. « Cet exemple a eu un effet important dans l’écosystème, étant donné son envergure », explique Lena Courcol, responsable des acquisitions chez New Market Funds.
Dans le secteur de l’alimentation, l’économie sociale a su laisser sa marque dans le paysage de l’est de la métropole. Les serres installées sur les terrains du siège social de la Société des alcools du Québec (SAQ) et de l’entreprise Scientific Games, dans l’est de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, représentent une initiative importante. Des milliers de mètres carrés y ont été réaménagés en terrains potagers, grâce à un partenariat avec la Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve.
De son côté, l’entreprise d’économie circulaire Renaissance a confirmé son plan de développement pour un centre de distribution dans Rivière-des-Prairies. Ce projet, dont la valeur est estimée à 50 M$ par Éric St-Arnaud, directeur général de Renaissance Québec, pourrait permettre de dévier des milliers de tonnes de vêtements des sites d’enfouissement.