ÉCO-RÉNO ENCOURAGE LES RÉNOVATIONS RESPONSABLES… DEPUIS 20 ANS!
Depuis plus de vingt ans, un magasin de Rosemont – La Petite-Patrie propose une façon fort efficace d’effectuer ses rénovations en tout respect pour l’environnement : la réutilisation des matériaux de construction. Après avoir évité que des tonnes de bois, de métal et de verre ne se retrouvent au dépotoir, l’entreprise d’économie sociale et circulaire approche un nouveau tournant dans son histoire.
Éco-Réno a été fondée en 2002 par la Société de développement environnemental de Rosemont. En 2020, l’entreprise est reprise par Architecture sans frontières Québec (ASFQ), un organisme de bienfaisance. Si à l’origine l’entreprise se veut surtout être un commerce de revente de pièces et de matériaux de construction patrimoniaux, aujourd’hui sa mission s’est élargie à la récupération des matériaux de construction en général, usagés ou neufs.
« Les gens sont de plus en plus conscients de leur impact sur l’environnement, mais ils ne se rendent pas toujours compte à quel point l’industrie de la construction est polluante. Ça représente entre 30 et 40 % des déchets qui se retrouvent au dépotoir. Il y a des clients qui sont très surpris d’apprendre cela », souligne Sylvain Lessard, directeur ventes et opérations chez Éco-Réno. C’est ainsi près de 2 000 tonnes de matériaux qui ont évité l’enfouissement et 2.5 millions de dollars en valeur marchande qui ont été remis en circulation depuis la création de l’entreprise.
Une caverne d’Ali Baba qui se modernise
Dans le local de 230 mètres carrés situé sur l’avenue Papineau, on retrouve des portes, poignées, serrures, vitraux, bains, éviers, luminaires, moulures et même quelques pièces de mobilier. Une véritable caverne d’Ali Baba qu’il a fallu réorganiser et répertorier lorsque l’entreprise a été reprise il y a deux ans; un travail colossal, insiste Ève Champagne, coordonnatrice de l’approvisionnement. D’ailleurs, on espère pouvoir éventuellement mettre en ligne tout l’inventaire, ce qui facilitera le magasinage, croient les deux employés. Le projet est dans les cartons, mais il s’agit encore une fois d’un travail titanesque qui attend l’équipe d’Éco-Réno, qui souhaite numériser chaque pièce et ses mesures.
Ainsi, tous les matériaux qui se retrouvent entre les murs d’Éco-Réno proviennent de donateurs. Il s’agit parfois de surplus commandés par des entrepreneurs en construction, ou des fins de lots invendus. Que ce soient des particuliers ou des entreprises, les donateurs doivent envoyer un courriel pour savoir si l’article est accepté par Éco-Réno et le livrer eux-mêmes. « Il faut qu’on s’assure qu’on a l’espace et qu’on n’a pas trop d’exemplaires de l’item en stock, c’est pourquoi on demande aux gens de nous envoyer l’information à l’avance », explique M. Lessard.
Éco-Réno s’est toutefois déplacé sur certains chantiers dans quelques cas d’exception. Ainsi, lorsque l’ancien hôpital Royal-Victoria a fait l’objet de rénovations il y a quelques années, les employés sont allés sur les lieux pour identifier quelques pièces patrimoniales. Un autre projet concerne la démolition d’une grange sur des terrains d’Hydro-Québec à Terrebonne. Le bois de grange centenaire a un aspect qui le rend prisé par les mordus des rénovations écolo.
Puisque l’entreprise a une affiliation avec l’ASFQ, Éco-Réno peut remettre un reçu de charité si les articles donnés ont une valeur de revente d’un minimum de 500 $, ajoute Mme Champagne.
Le client type d’Éco-Réno s’y rend pour deux raisons, selon la coordonnatrice. Certains sont évidemment conscients des enjeux environnementaux et souhaitent pratiquer une forme de zéro déchet en remettant en circulation les matériaux de construction. Cependant, pour d’autres, c’est plutôt l’aspect esthétique qui les motive.
« Réutiliser des éléments récupérés permet de remettre du cachet dans une nouvelle construction, ou lors de rénovations. On peut aussi être utile quand vient le temps de chercher, par exemple, exactement la même moulure qu’il faut pour remettre une pièce à l’origine. Si nous l’avons, ce sera beaucoup moins compliqué que de la faire reproduire sur mesure », affirme Mme Champagne. Cette dernière croit aussi qu’en bout de ligne, il est possible de faire des économies en achetant des matériaux usagés.
Si le concept d’Éco-Réno ne cesse de gagner en popularité selon M. Lessard, l’entreprise doit toutefois affronter un beau problème : le manque d’espace. Effectivement, le local de l’avenue Papineau et l’entrepôt dans le quartier Griffintown ne suffisent plus aux besoins de l’organisme. « On est plein à craquer, dixit Mme Champagne. On cherche donc de nouveaux locaux à Montréal, d’environ 10 000 pieds carrés. On aimerait rester dans un secteur près des transports en commun, afin de demeurer accessibles. » Éco-Réno envisage aussi la création d’un service d’aide à la déconstruction et à la transformation des articles.