ÉCO-QUARTIER DE MHM : MOBILISER POUR MIEUX RÉPONDRE AUX DÉFIS D’ÉCORESPONSABILITÉ

En avril dernier, l’organisme à but non lucratif (OBNL) Nature-Action Québec (NAQ), fondé à Beloeil, s’est vu confier le programme Éco-quartier de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM). Malgré un début de mandat tardif et quelques défis au niveau de la participation citoyenne et du changement de fréquence des collectes ordurières, l’organisme reste tout de même confiant d’arriver à atteindre ses objectifs d’écoresponsabilité.

Le rôle du programme Éco-quartier consiste principalement à « promouvoir l’écocivisme »  en accompagnant les résidents et les organismes des arrondissements de la métropole dans la prise en charge des enjeux environnementaux présents sur leur territoire. Échelonné sur une année, le mandat de l’Éco-quartier de MHM comprend entre autres la distribution de bacs, la gestion des matières résiduelles et des éco-centres (de concert avec la Ville), le verdissement, la propreté de l’arrondissement et les activités du volet « Nature en ville », le tout à travers « une approche de sensibilisation et d’éco-conseil ».

L’organisme Y’a quelqu’un l’aut’bord du mur (YAM) était responsable de l’implantation du programme Éco-quartier dans l’arrondissement l’an dernier, jusqu’à l’arrivée de NAQ en avril 2024, en marge d’un appel d’offres lancé en décembre dernier. On a retiré la gestion du programme Éco-quartier au premier organisme à la suite de l’arrêt de ses activités. 

Romy Técher, chargée de projets Écocitoyen et responsable de la gestion du programme Éco-quartier de l’arrondissement MHM (Courtoisie)

Avant de reprendre le flambeau du programme, NAQ collaborait déjà avec des arrondissements montréalais, dont MHM, pour d’autres programmes environnementaux comme celui des produits écoresponsables ou encore des ruelles vertes. « Nous gérons aussi le programme Éco-quartier dans l’arrondissement de Verdun depuis 2008, donc on avait déjà une expertise en ce sens. Bien que le programme soit géré par les différents arrondissements, nous avons un tronc commun avec la Ville dans certains volets d’intervention, comme la gestion des matières résiduelles, l’agriculture urbaine ou encore  l’écoresponsabilité », explique Romy Técher, chargée de projets Écocitoyen et responsable de la gestion du programme Éco-quartier de l’arrondissement MHM.

L’organisme a tout de même dû commencer son mandat « sur les chapeaux de roues », précise Mme Técher. « Toute la partie réservée à la planification de l’année par les Éco-quartiers se déroule habituellement de janvier à mars, mais notre équipe n’était pas encore en place à ce moment. On a donc débuté avec des activités que l’on devait mettre en place rapidement. »

Le programme Éco-quartier est pour la première fois divisé en deux « lots » d’actions, ajoute la chargée de projets. L’un est axé sur la gestion des matières résiduelles, l’écoresponsabilité et la propreté; et l’autre, appelé « Nature en ville », cible le verdissement et l’embellissement. « Ça crée des différences que je n’avais encore jamais vécues dans d’autres Éco-quartiers. Ce sont deux projets distincts avec des coordinations distinctes et des plans d’action séparés, qui prennent place parallèlement. » 

Les initiatives ciblées dans ces deux lots du programme Éco-quartier vont bon train malgré un début de mandat plus tardif qu’à l’habitude, assure Romy Técher. « Quand on est arrivés, il y avait entre autres un grand besoin au niveau de la propreté dans l’arrondissement. On a donc organisé un assez gros dossier au niveau des corvées autonomes de propreté. Il y a aussi des activités qui reviennent chaque année, les citoyens y sont habitués et les attendent. Comme le Bazar du réemploi, une grande vente de garage entre voisins, qui s’en vient. On travaille aussi beaucoup avec les promoteurs d’événements pour les appuyer dans la gestion de leurs matières résiduelles. » 

À l’intérieur du projet « Nature en Ville », on compte aussi la distribution printanière de végétaux gratuits, une activité particulièrement populaire auprès des citoyens de l’arrondissement, précise la chargée de projets. Présentement, l’équipe de l’Éco-quartier planche sur le concours  « Embellissons Mercier–Hochelaga-Maisonneuve », qui encourage les résidents du secteur à verdir et embellir leur lieu de vie.  « Le jury se rassemble présentement pour sélectionner les gagnants du concours, et la soirée de remise de prix se déroulera à la fin de septembre », ajoute-t-elle. 

Quelques défis et un enjeu important

Parmi les nombreuses actions écoresponsables auxquelles prend part le programme Éco-quartier, l’une d’elles représente un « défi marqué » pour NAQ. Bien qu’il ne fasse pas partie du programme comme tel, le projet d’espacement de la collecte des ordures aux deux semaines, adopté l’an passé, « bouleverse la vie et les habitudes des gens », et crée des changements difficilement acceptés par certains citoyens de l’arrondissement, explique Romy Técher. « Il y a plusieurs personnes qui viennent nous voir et qui ne sont pas habitués à sortir leurs ordures ménagères à chaque deux semaines. Donc, ça leur impose de trouver des alternatives. Certains résidents commencent donc tout juste à utiliser le bac brun de compostage, parce qu’il s’agit d’une solution pour réduire le nombre de déchets qu’ils ont à jeter. »

Le maire de MHM, Pierre Lessard-Blais, avait affirmé en entrevue la semaine dernière qu’il ne ferait pas marche arrière sur cette politique malgré le mécontentement des plusieurs résidents, évoquant des enjeux climatiques inquiétants et le débordement des sites d’enfouissement des déchets. La collecte du compost et du recyclage est demeuré quant à elle hebdomadaire.

Mme Técher ajoute que du côté de l’arrondissement, la médiation et l’acceptabilité sociale deviennent donc de gros défis, mais qu’il demeure impératif de répondre à cet enjeu. « Ça devient d’une importance assez grande et qui est logique à l’échelle du Québec, car on voit bien qu’on n’a plus de place pour stocker les matières résiduelles, donc on doit revoir les habitudes de consommation. Les résidents de MHM sont les plus courageux pour l’instant, parce que l’arrondissement est le premier à lancer cette réduction de la fréquence de collecte dans certains de ses secteurs. »

Au niveau des projets citoyens en verdissement, c’est aussi un peu plus difficile, explique la chargée de projets. « Mais notre mission est d’organiser le tout, et ensuite on va se débrouiller pour que les gens viennent et s’impliquent. C’est sûr que de trouver le bon moyen de faire participer les citoyens pour développer les projets, ça reste un défi. »

Elle ajoute que l’équipe de NAQ travaille présentement dans des locaux temporaires de la rue Ontario, entravés par d’importants chantiers de construction. La difficulté d’accessibilité au lieu ne facilite pas la participation citoyenne. « En théorie, on nous cherche un nouveau local dans Hochelaga en ce moment », se console Mme Técher.

Vers l’atteinte des objectifs verts?

Selon les données du conseil d’arrondissement de MHM publiées en juillet dernier, l’organisme YAM avait atteint « près de 79 % des prévisions pour 84 indicateurs d’actions qu’il s’était fixés en début d’année dans le Plan d’action 2023 qui a été approuvé par le conseil d’arrondissement ».

Du côté du déploiement du programme mis en place par NAQ, « ça avance vraiment bien », partage Romy Técher, bien qu’elle n’ait pas souhaité s’avancer sur les prévisions concernant l’atteinte des objectifs. Cette dernière a préféré indiquer qu’en tant que nouvel organisme gestionnaire du programme, l’équipe souhaite présentement bâtir à petits pas des liens avec les organismes et les citoyens de l’arrondissement. « L’idée est d’être à l’écoute des besoins sur le terrain, parce que parfois, on peut prévoir des actions à l’avance, mais finalement ça ne sera pas ce qu’il y a de plus utile. Comme on a deux lots dans notre mandat, les statistiques risquent d’être différentes dans l’atteinte de nos objectifs. L’arrondissement est ouvert à regarder le plan d’action à la fin de l’année pour déterminer où on va s’en aller l’année prochaine », indique-t-elle. 

Une participation collective aux actions environnementales vient assurément peser dans la balance de la réussite du programme de cette année, conclut Romy Técher. « Nous, on vise surtout à faire participer les citoyens. Notre objectif est de diminuer leur éco-anxiété en les incitant à prendre part à des actions qui peuvent faire la différence. »