ÉCLIPSE SOLAIRE TOTALE : À QUOI S’ATTENDRE LE 8 AVRIL?
L’éclipse solaire totale du 8 avril 2024 est un évènement rare. Ce phénomène astronomique ne s’était pas produit à Montréal depuis 1932. Certains territoires du Québec, dont celui de la métropole, seront brièvement plongés dans l’obscurité, au grand plaisir d’innombrables observateurs.
Éclipse lunaire ou solaire, éclipse partielle ou totale… plusieurs types d’éclipses existent. Celle du 8 avril prochain est une éclipse solaire totale. Elle passera à 15 h 26 à Montréal et durera 1 min 27 s, d’après les données de l’Agence spatiale canadienne.
Au delà de la rareté de ce phénomène naturel, une éclipse solaire totale a la particularité de susciter des émotions fortes : « Ça amène une vraie charge émotive. Les gens qui vont la voir pour la première fois vont vouloir la photographier. Un conseil : rangez les téléphones et vivez-la! », propose Marc Jobin, astrophysicien du Planétarium et chasseur d’éclipses.
Quand le jour devient la nuit
Lors d’une éclipse solaire totale, l’ombre de la Lune, projetée sur la surface terrestre, recouvre complètement le disque du Soleil, bloquant ainsi momentanément ses rayons. Une telle éclipse ne peut se produire que lorsque la Lune est en nouvelle lune et que les trois corps célestes (le Soleil, la Lune et la Terre) sont parfaitement alignés. En plus d’être une question d’alignement, les éclipses sont aussi une question de hasard ou une « très heureuse coïncidence », comme aime le formuler Marc Jobin.
Les dimensions et distances du Soleil et de la Lune sont diamétralement différentes. « Le Soleil est 400 fois plus grand que la Lune. La distance entre la Terre et la Lune est environ 400 fois plus petite que la distance entre la Terre et le Soleil », explique l’astrophysicien. Cela signifie que la Lune est beaucoup plus proche de la Terre que le Soleil. Plus le temps passe et plus la Lune s’éloigne de la Terre : « Dans quelques centaines de millions d’années, la Lune ne sera plus assez grande ou assez proche pour couvrir complètement le Soleil. Il n’y aura donc plus d’éclipse solaire totale », informe Marc Jobin.
Où se placer?
Une éclipse lunaire peut être vue par des milliards de personnes à la fois, alors qu’une éclipse solaire ne peut être aperçue que d’un terrain géographique beaucoup plus limité. Si l’éclipse solaire totale du 8 avril traverse le ciel du Canada, des États-Unis et du Mexique, il est nécessaire de viser « la bande de totalité » qui représente la zone sur Terre où l’éclipse est totale.
L’éclipse qui se produira prochainement s’étirera sur une trajectoire de 14 700 km, du Pacifique à l’Atlantique, pour 200 km de largeur. Ce long et mince ruban à la surface du globe va ainsi couper la ville en deux : « 45 % des résidents de Montréal, qui résident au niveau de la couronne nord et de l’est de la ville, se trouvent à l’extérieur de la bande de totalité malheureusement », indique Marc Jobin.
Les résidents de ces zones devront donc se déplacer et gagner la Rive-Sud pour l’observer : « Ce serait tellement dommage de manquer l’éclipse solaire totale parce qu’on est à 5 km de la bande de totalité! », souligne le chasseur d’éclipses.
Un autre élément à prendre en compte est la durée de l’éclipse, qui peut varier en fonction du lieu où l’on se trouve : « Au Planétarium, l’éclipse solaire totale sera très brève, alors qu’elle durera presque 1 min 30 s au parc Jean-Drapeau », renseigne-t-il. C’est pourquoi une équipe du Planétarium sera présente pour accueillir les spectateurs au parc Jean-Drapeau le 8 avril prochain. Des capsules scientifiques animées par des experts, des œuvres d’art géantes illuminées ainsi qu’une prestation musicale assurée par Diane Dufresne et l’Orchestre Métropolitain, dirigé par Yannick Nézet-Séguin qui a sélectionné pour l’occasion un répertoire lié au thème de l’espace, rythmeront ce spectacle céleste. Une paire de lunettes, nécessaire pour profiter du spectacle en toute sécurité, sera distribuée gratuitement à chaque personne sur le site d’Espace 67 à partir de 11 h.
Observer en toute sécurité
Quel que soit l’endroit d’observation, il ne faut jamais regarder une éclipse solaire totale sans protection adéquate. L’obscurcissement du Soleil par la Lune est la source de danger principal. Le réflexe de protection des yeux diminue et la pupille s’ouvre plus, laissant entrer davantage de lumière. Le réflexe d’éblouissement est donc partiellement désamorcé, ce qui permet à l’oeil de fixer le Soleil sans détourner le regard. Sauf que, chaque partie encore exposée du Soleil émet autant d’énergie par unité de surface que d’habitude et est ainsi capable de provoquer des lésions occulaires irréversibles.
Pour observer l’éclipse de manière sécuritaire, il y a d’abord les fameuses lunettes d’éclipses qui servent à regarder l’évolution de leurs phases partielles directement avec les yeux. Durant la phase totale de l’éclipse, il faudra les retirer pour profiter du spectacle. « Un conseil, procurez-vous des lunettes chez des fabricants connus! », suggère Marc Jobin.
S’il est impossible de se procurer les lunettes d’éclipses, il existe la méthode indirecte de projection par trou d’épingle. Sur une boîte en carton, comme une boîte à chaussures ou de céréales, il faut écrire un message de plusieurs lettres, d’environ 7 cm de haut, en faisant des trous : « Et puis le message apparaîtra pendant les phases partielles de l’éclipse », explique l’astrophysicien.
Et très important, il est essentiel de choisir un site sans éclairage automatique, ce qui risquerait de gâcher ce rare instant cosmique.
D’autres éclipses solaires totales sont prévues ces 15 prochaines années dans le monde entier (Australie, Tunisie, Argentine, Inde…), mais il faudra attendre 2205 avant de pouvoir assister de nouveau à un tel spectacle dans la région de Montréal.