Photo: Gracieuseté Refined Moment

D’UN DÉFI À L’AUTRE POUR TÉO TAXI

Après une relance d’entreprise et plus de deux ans de pandémie, Téo Taxi se relève et affronte de nouveaux défis dans une industrie dont le visage a complètement changé.

EST MÉDIA Montréal est allé rencontrer Frédéric Prégent, directeur général de Taxelco, société-mère de Téo Taxi, dans les bureaux de son siège social, situé dans Rosemont−La Petite-Patrie.

Les trois dernières années ont été agitées pour l’entreprise qui a été rachetée en 2019 par l’homme d’affaires Pierre Karl Péladeau. Téo Taxi a redémarré en octobre 2020, quelques mois après le début de la pandémie et juste au moment de l’entrée en vigueur de la Loi 17.

La nouvelle législation « est venue complètement effacer la Loi sur le taxi pour venir la remplacer par la Loi sur le transport rémunéré de personne [ … ] beaucoup plus basée sur le modèle d’Uber que celui du taxi traditionnel », raconte M. Prégent.

L’entreprise a été relancé la semaine de la mise en application de la loi, « pour la simple et bonne raison que sa relance était basée sur le fait qu’il n’y avait plus de permis de taxi ». En effet, désormais tous ses chauffeurs sont des travailleurs autonomes, qui n’ont plus à débourser un montant faramineux (entre 150 000 $ et 200 000 $) pour l’obtention d’un permis.

Le modèle économique de l’entreprise a complètement été revu et l’achat de la flotte de véhicule fonctionne désormais avec un système de location-acquisition, qui permet à Téo de renflouer ses rangs. Une cinquantaine de taxis électriques retournent alors dans les rues.

Puis, arrive la deuxième vague de la pandémie au printemps 2021 et un « shutdown massif » des activités à Montréal. La demande pour les taxis fond comme la neige au soleil. Après des tergiversations sur l’organisation de la flotte, la direction décide de retirer une douzaine de véhicules des rues de la métropole et de les conserver dans ses garages en attendant que la situation évolue.

Au fur et à mesure que les vagues de la COVID-19 passent, Téo Taxi reprend du mieux et recommence à tourner à plein régime, pour enfin revenir à ses efforts d’expansion. En quelques mois, sa flotte s’agrandit et compte à ce jour 70 taxi.

Prendre de l’expansion malgré tout

Libéré des limites territoriales imposées par l’ancienne loi sur le taxi, Téo lorgne depuis longtemps une expansion dans les autres villes du Québec. Déjà, cinq de ses véhicules circulent à Gatineau, mais l’agrandissement de l’armada de voitures vertes risque de devoir peser sur le frein.

« Nous entendons électrifier le parc automobile de Taxelco d’ici 2030. Le retour de Téo Taxi est donc un jalon important dans notre plan pour l’avenir. Nous souhaitons rendre disponibles 120 nouveaux véhicules électriques Téo par année pour ainsi devenir la plus grande flotte de taxis électriques au Canada », insistait dans un communiqué de presse Pierre Karl Péladeau, en octobre 2020.

Cependant un autre coup dur a frappé la compagnie, car comme dans plusieurs secteurs, celle-ci est durement affectée par les chamboulements dans les chaînes d’approvisionnement et les inventaires se vident à cause d’une forte demande sur le marché mondial du véhicule électrique.

« C’est juste pas possible d’en trouver. Aujourd’hui, les principaux constructeurs automobiles ne prennent même plus de réservations avec un dépôt. C’est 24 mois [ d’attente ] avant de se faire livrer un véhicule », se désole M. Prégent.

Le modèle privilégié jusqu’à présent, la Soul de Kia, n’étant plus disponible, l’entreprise s’est résignée à acheter des Bolt de Chevrolet, un modèle plus petit et moins bien adapté à l’industrie du taxi.

L’expansion devra donc se faire avec un peu plus de « parcimonie », confie M. Prégent. « Dans le meilleur des mondes, on aurait une flotte de 2500 Tesla X, mais pour l’instant la demande pour ce genre de véhicule est bien trop forte », indique-t-il.

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Par ailleurs, en mars dernier, le directeur général de Taxelco réagissait au budget de Québec en affirmant « rester sur sa faim » quant aux efforts mis sur la table pour encourager l’électrification des transports. Entre autres, M. Prégent souhaiterait que le gouvernement rende à nouveau disponible le crédit d’achat de 8 000 $ de véhicule électrique à des fins de taxi auparavant disponible dans le cadre de l’ancien programme de modernisation de l’industrie du taxi qui est tombé à la suite de l’adoption de la Loi 17.

De plus, celui-ci demande que l’on crée un nouveau programme de subvention à l’achat des véhicules électriques pour les conducteurs de taxi faisant partie d’une flotte commerciale dont l’enveloppe serait similaire à celle du précédent programme. Ces sommes seront nécessaires à l’électrification des transports et à l’offre intermodale, insiste le directeur général.

« Tout indique que le développement de Téo c’est la solution vers laquelle aller, que c’est le modèle du futur. Par exemple, si tu habites sur la Rive-Sud loin du métro, tu embarques dans un Téo, tu prends le métro, puis tu reprends un taxi vers ta destination finale. C’est la façon la plus efficace de se déplacer et de réduire les bouchons de circulation », dixit le directeur général.


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