DÉVELOPPER L’EST GRÂCE AU RÉCRÉOTOURISME ?
L’est de Montréal peut-il devenir un véritable pôle récréotouristique? C’est le rêve de plusieurs acteurs du milieu qui se sont rassemblés jeudi matin pour se creuser la tête sur la façon de réaliser une telle ambition.
Invités par la Chambre de commerce de l’Est de Montréal (CCEM), des représentants des secteurs institutionnels, publics et privés étaient présents lors de cette discussion des RDV de l’Est.
En ouverture à cet événement, la ministre de la Métropole et de la région de Montréal, Chantal Rouleau, a souligné l’importance du récréotourisme comme moteur « de développement dans l’est ». S’en est suivi une annonce d’un financement de 350 000 $ pour la CCEM et son projet d’états généraux nommé SommEst, qui sera dévoilé plus tard cet automne.
Ensuite, un rapport exhaustif sur l’état du tourisme dans la portion orientale de la métropole a été dévoilé par Pierre Bellerose, consultant et ancien vice-président de Tourisme Montréal. Le document commandé par la CCEM constate « le trop faible impact économique du tourisme dans l’est de Montréal au cours des dernières années pré-COVID. » En effet, entre seulement 3 % et 4 % des dépenses des touristes de l’ensemble de l’île de Montréal, en 2019, ont été effectuées dans l’est de la ville, apprend-on dans le rapport.
Des freins au tourisme
Cette faible performance est entre autres expliquée par le manque d’établissements touristiques, tels que les hôtels et les restaurants dans cette portion de l’île.
« Il manque un certain nombre de commerces et d’hôtels dans l’est, et, en effet, il y a peu de chance que les touristes internationaux y restent après leur visite du Jardin botanique, par exemple. Une offre commerciale et hôtelière dans le secteur rallongerait leur séjour à Montréal et il y aurait des dépenses supplémentaires », conçoit M. Bellerose.
Ainsi, en 2019 on retrouvait 519 chambres d’hôtels dans l’est, soit moins de 3 % des 19 286 chambres sur l’ensemble de l’île. Pis encore, ce nombre était le même qu’en 2014, ce qui démontre le peu de projets hôteliers dans le secteur, un constat que plusieurs de la CCEM, ainsi que son président-directeur général, Jean-Denis Charest, trouvent « inacceptable ».
Toutefois, l’est ne manque pas de sites d’attraction, incluant le pôle olympique et Espace pour la vie, qui figurent parmi les lieux les plus fréquentés par les touristes en Amérique du Nord. Mais la région ne récolte pas la part du gâteau escomptée, indique le rapport. « Nous estimons que 15 % des clientèles touristiques de l’île de Montréal (sur les 11 millions) ont fait un séjour dans l’est de Montréal en 2019 (essentiellement des excursions de quelques heures au niveau du Quartier olympique). Ce volume de touristes, quand même significatif, se traduit par des niveaux de dépenses touristiques à l’est de Montréal que nous estimons entre 3 % et 4 % des dépenses touristiques totales de l’île de Montréal. »
C’est donc un « tourisme à deux vitesses » qui s’opère dans la métropole québécoise, qui ne parvient pas à tirer profit du plein potentiel de ses destinations, constate M. Bellerose. Ce dernier y va donc de 10 recommandations pour atteindre l’objectif de générer 10 % des dépenses touristiques totales dans l’est de Montréal d’ici 2030.
Le consultant propose entre autres d’établir une stratégie d’hébergement, mais aussi d’« adapter les critères des programmes d’aide gouvernementaux en tourisme et culture pour l’est de Montréal. » En effet, les établissements hôteliers des villes de Montréal et de Québec ne peuvent notamment pas solliciter une subvention dans le cadre du volet du Programme d’appui au développement des attraits touristiques, qui couvre 90 % des coûts admissibles pour leurs travaux de rénovation. La ministre du Tourisme, Caroline Proulx, avait annoncé en avril dernier une enveloppe de 50 M$ pour ce programme et M. Bellerose croit qu’on devrait faire exception et permettre aux hôtels de l’est d’y déposer une demande de subvention.
Du point de vue du financement, le rapport recommande aussi de créer un fonds de relance et de démarrage récréotouristique de l’est de Montréal de 5 M $ par an pendant trois ans, pour un total de 15 M $.
Des projets structurants
Lors du RDV de l’Est, plusieurs acteurs ont présenté des projets qui pourraient valoriser et créer des sites touristiques dans l’est de Montréal.
La Société de développement Angus (SDA) a dévoilé Rives et Dérives, un parcours riverain continu de près de 60 km qui longe les berges de la rivière des Prairies et du fleuve Saint-Laurent et fait des incursions dans les quartiers, à l’intérieur des terres. « Ce grand parcours culturel est rythmé par des dizaines d’interventions artistiques d’exception, pensées dans une perspective de transition socioécologique », indique la SDA.
Dans le quartier Saint-Michel, la TOHU a présenté la nouvelle mouture de la Cité des arts du cirque, son campus qui regroupe sur un même territoire le siège social international du Cirque du Soleil et l’École nationale de cirque. Ce « véritable village éphémère à forte saveur de cirque » intitulé Destination TOHU sera consolidé dans les années à venir pour offrir de mai à septembre une programmation quasi quotidienne et une expérience complète pour le visiteur, en s’appuyant sur des spectacles tarifés sous chapiteau, des performances extérieures gratuites, des activités de loisir et d’éducation et un volet bistro et festif plus assumé. Une deuxième salle de spectacle, ainsi qu’un musée des arts du cirque sont des projets dans les cartons de la TOHU, qui voudrait complètement revoir l’offre de économique et de transport dans le secteur d’ici 2025.
Enfin, la Société de développement et de mise en valeur du Parc olympique a pour sa part mis de l’avant sa vision pour la revitalisation de la tour du Stade olympique de Montréal. Un tout nouveau funiculaire, des planchers de verre dans l’observatoire et une accès au toit longtemps demandé par les touristes font partie du projet 3.0 de la Tour. On prévoit aussi l’inclusion d’une passerelle suspendue dans le vide « vertigineuse » pour les amateurs de sensations fortes. La société, qui a profité de l’accalmie touristique durant les années de pandémie pour procéder à des rénovations, prévoit rouvrir les portes de la Tour aux visiteurs entre l’automne 2023 et le printemps 2024.