DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR ASLP : LA FORCE COLLECTIVE DE L’ÉCONOMIE SOCIALE
Secteur industriel de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM) au potentiel indéniable dans le dossier du développement de l’est, le territoire Assomption Sud-Longue-Pointe (ASLP) doit être repensé afin d’élargir son déploiement entrepreneurial, de subvenir aux besoins de sa population et de répondre aux impératifs environnementaux. La Ville de Montréal, PME MTL Centre-Est et les différents acteurs impliqués dans ce projet novateur de revitalisation mise sur la collaboration et l’économie sociale pour y développer une synergie entre citoyens et entreprises qui contribuera à la richesse du secteur.
En juin dernier, la Ville de Montréal annonçait un changement de vision pour le secteur ASLP. Le plan de développement jusqu’alors axé sur l’aménagement de l’Écoparc industriel de la Grande-Prairie se tourne dorénavant vers la création d’un milieu de vie qui respecte les principes de développement durable et qui mise sur une cohabitation harmonieuse entre les citoyens et la sphère entrepreneuriale.
« Dans ASLP, on vise assurément un réaménagement du territoire, mais aussi le verdissement du secteur pour lutter contre les îlots de chaleur. L’idée générale est d’assurer une qualité de vie pour les citoyens et de pérenniser une vision de transition écologique au service de la population. Pour résumer, on est dans un secteur qui a besoin d’être revitalisé et qui a besoin d’une vision en lien avec les priorités du moment. Il y a des entreprises qui peuvent répondre aux besoins actuels des résidents et à ceux du territoire », explique Alia Hassan-Cournol, conseillère à la Ville de Montréal dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et membre de Projet Montréal.
Plein feu sur l’économie à visée sociale
Le déploiement de cette nouvelle vision passe donc par un accompagnement rapproché avec les entreprises déjà sur place et celles qui souhaitent s’implanter dans le secteur, dans le but de favoriser le développement d’une économie sociale.
« En termes de développement économique d’ASLP, la collaboration avec PME MTL est essentielle, croit Mme Hassan-Cournol. L’équipe va accompagner les entreprises qui sont déjà sur le territoire et celles qui voudraient y être pour s’assurer qu’elles aient une responsabilité sociale d’entreprise forte. Elle va aussi accompagner des projets citoyens, ce qu’on fait déjà avec le Fonds d’initiatives locales (FIL). Nous voulons que les résidents, comme les entreprises, posent des actions qui favorisent une cohabitation entre le résidentiel et l’industriel léger. La notion de « citoyen corporatif » est aussi intéressante ici, puisqu’on estime que 15 % à 20% des résidents d’ASLP travaillent dans le secteur. Donc, plus on mise sur ce sentiment de collaboration et d’appartenance, plus les projets entrepreneuriaux développés vont bénéficier à tous. »
Pour Jean François Lalonde, directeur général de PME MTL Centre-Est, le succès de ce plan ambitieux de vitalité économique et sociale passe non seulement par l’implication des résidents et des entrepreneurs du territoire ASLP, mais aussi par celle des organisations et des acteurs des secteurs privé, public et institutionnel. « On peut faire des liens rapidement entre le privé et l’économie sociale. On est aussi dans une dynamique où la cohabitation résidentielle avec le secteur de l’emploi est plus facile et est reliée de façon directe à l’employabilité. Ça nous a amenés à réfléchir avec des partenaires comme le Collège de Maisonneuve et des entreprises privées pour définir le projet. »
L’implication du Collège permettra notamment de bonifier le plan de revitalisation d’un volet éducatif de recherche au service des entreprises d’économie sociale. « Cette dimension scientifique et universitaire qui vient s’ajouter va permettre d’amener plus loin les projets collectifs en enseignement, en développement social, en formation », explique Alia Hassan-Cournol.
« Avec les centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) du Collège de Maisonneuve, on offre aux PME l’aspect petite production et précommercialisation qui permet de tester de nouveaux produits avec des volumes suffisamment importants pour pénétrer le marché. C’est un nouveau volet qu’on veut mettre de l’avant. C’était le chaînon manquant pour permettre aux plus petites entreprises de faire de la recherche et développement », ajoute Jean François Lalonde.
Miser sur le pôle bioalimentaire et l’agriculture en milieu urbain
Selon le directeur général, Assomption Sud-Longue-Pointe (et l’est de Montréal, plus globalement) représente un terreau fertile pour les entreprises qui proviennent du secteur bioalimentaire. « Depuis 3 ans, dans les propres fonds d’investissements de PME MTL, un peu plus de 25 % des entreprises accompagnées provenaient de ce secteur », précise-t-il. Avec ce type de production, il souhaite que la population puisse avoir accès à des aliments sains offerts à des coûts raisonnables.
Il s’agit d’un besoin particulièrement criant puisque le territoire ASLP subit actuellement les conséquences du désert alimentaire dans lequel il se situe, ajoute la conseillère de MHM. « Avec la création d’un pôle bioalimentaire, l’idée est de répondre à une demande existante dans le secteur. Dans l’est de Montréal, Mercier–Hochelaga–Maisonneuve, Rivière-des-Prairies, Anjou, Saint-Michel ou même l’est de Rosemont, l’offre alimentaire est manquante. »
L’adoption d’un modèle d’économie sociale et circulaire dans le secteur alimentaire a déjà fait ses preuves, comme le prouvent les projets initiés par des organismes comme la Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve ou encore Moisson Montréal, partenaires de l’initiative économique dans ASLP. L’agriculture urbaine, intimement liée à la croissance de l’industrie bioalimentaire, mais aussi au verdissement a donc un rôle important à jouer dans le développement du territoire ASLP, en plus de s’inscrire dans les priorités du gouvernement du Québec pour l’est de Montréal.
« On l’a vu avec le génial projet de la SAQ en collaboration avec la Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve, celui du potager au service de la communauté, où on a déminéralisé des terrains d’entreprises industrielles pour en faire des serres et des jardins collectifs. Avec le fruit des récoltes, on a pu faire des paniers solidaires ou des plats à la disposition des citoyens et des citoyennes », illustre la conseillère municipale.
M.Lalonde précise toutefois qu’il n’y aura pas exclusivement de la production bioalimentaire dans ASLP, mais que la croissance de cette industrie sous le modèle de l’économie sociale pourra profiter à d’autres types de compagnies. « Les entreprises qui sont déjà installées au 5600, rue Hochelaga et celles qui viendront vont bénéficier du modèle d’économie sociale et du volet recherche et développement pour répondre aux besoins en matière de sécurité alimentaire, mais aussi à d’autres besoins dans le secteur. Le but est réellement de mettre en place une culture entrepreneuriale collective qui pourra répondre aux différents défis et enjeux, et permettre aux entreprises privées ou citoyennes de prendre leur envol. »
Un projet de développement innovant
Chose certaine, cette nouvelle voie prise par la Ville de Montréal et les collaborateurs du projet pour le développement d’ASLP est un pas important vers l’avenir d’une économie collaborative davantage tournée vers la collectivité.
« C’est un grand défi, mais on espère que cette vision axée sur l’entrepreneuriat collectif fera « des petits » pour d’autres secteurs que l’est de Montréal. Les différentes parties prenantes et les citoyens corporatifs sont mobilisés, et c’est ce qui contribuera au succès », croit Jean François Lalonde.
« On veut développer par et pour les citoyens et on a tout le potentiel pour le faire, ajoute Alia Hassan-Cournol. Le projet permettra de créer un tissu d’entreprises soudées, qui voudront s’impliquer dans le quartier. L’économie sociale, l’économie circulaire, ce genre de projets, c’est le futur. »