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DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL DE L’EST : PLUSIEURS ENJEUX FONT CONSENSUS

C’est du moins ce qui semble ressortir à la lumière des deux soirées d’information qui ont eu lieu en décembre dernier ainsi qu’à la lecture de la vingtaine de mémoires déposés ces derniers jours dans le cadre des audiences de la Ville de Montréal concernant la planification du développement économique du secteur industriel de la Pointe-de-l’Île (SIPI).

Rappelons que dans la mouvance de l’entente Montréal-Québec concernant la revitalisation du territoire de l’Est de Montréal, il est prévu que le la Ville de Montréal propose une vision de développement économique et deux plans d’intervention pour les secteurs d’emplois prioritaires, soient le secteur industriel de la Pointe-de-l’île et le secteur Assomption Sud–Longue-Pointe; ce dernier ayant déjà fait l’objet de consultations publiques qui se sont terminées l’an dernier.

La Ville a donc entamé en automne 2019 un imposant chantier de réflexion afin d’élaborer la vision de développement économique pour le vaste territoire industriel maintenant appelé Secteur industriel de la Pointe-de-l’île (SIPI), et ce pour les 30 prochaines années. « Cette vision servira de base à l’élaboration d’un plan d’intervention visant la mise en œuvre d’actions concrètes pour développer l’attractivité et la prospérité de l’Est de Montréal », peut-on lire dans le document de présentation de la Ville de Montréal, qui prévoit dévoiler les conclusions des audiences publiques dans quelques jours, alors qu’une première mouture d’un plan directeur pour le SIPI devrait être présentée au printemps de cette année.

Zone du Secteur industriel de la Pointe-de-l’Île. (Image : Ville de Montréal).

Représentant plus de 30 km2 d’espaces à vocation économique (au Schéma d’aménagement de l’agglomération de Montréal-SAD), le SIPI s’étend sur les arrondissements d’Anjou, de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles et sur la Ville de Montréal-Est. Il est également bordé à l’extrême sud par la rue Notre-Dame Est et au nord par les boulevards Maurice-Duplessis et Henri-Bourassa.

Ayant connu plusieurs transformations au cours de son évolution, le territoire du SIPI présente des opportunités de développement importantes. La partie centrale du territoire est principalement composée d’activités industrielles en lien avec la pétrochimie, alors que le pourtour a une vocation industrielle plus diversifiée. Au total, le territoire présente près de 48 millions pi2 de terrains vacants, mais la plupart sont grevés de contraintes techniques, dont la contamination est la principale (24 millions pi2 sont contaminés). Une grande partie des espaces centraux ne seraient pas desservis en infrastructures municipales (eau, égouts, routes, etc.).

C’est finalement le secteur du SIPI qui devrait faire l’objet de la majeure partie des investissements publics en zone industrielle dans les prochaines années dans l’Est de Montréal. Les fameux 200 millions de dollars annoncés par Québec pour la décontamination des sols « à l’Est de Pie-IX » lui sont d’ailleurs officiellement concédés, sauf quelques millions qui iront vraisemblablement dans le secteur Assomption Sud–Longue-Pointe.

Des enjeux qui font l’unanimité

Même s’il fallait bien sûr s’attendre à ce que les organisations à vocation économique prônent avant tout le développement des activités industrielles et commerciales du SIPI (ainsi que l’intégrité du territoire à cette fin), et que les groupes écologiques et communautaires véhiculent plutôt un message axé sur l’environnement et la qualité de vie, de nombreuses recommandations de part et d’autre se retrouvent finalement dans plusieurs discours et mémoires déposés. Ainsi, pour le moment du moins, les lignes directrices d’un prochain plan directeur semblent se dessiner assez clairement pour la Ville de Montréal et tracent déjà une dizaine de cibles principales qu’il faudrait atteindre. Parmi les objectifs les plus souvent identifiés par la majorité des participants aux audiences, soulignons notamment :

  • Le développement de l’économie circulaire;
  • La transition vers une industrie légère;
  • L’amélioration de la qualité de l’air par, entres autres, de meilleurs équipements et procédés industriels;
  • La création de zones d’innovation intégrant la recherche et le savoir (attirer des centres de formation professionnelle ainsi que des instances collégiales et universitaires sur le territoire);
  • L’amélioration considérable du transport collectif et du transport actif;
  • L’aménagement de zones tampons entre les secteurs industriels et résidentiels;
  • La création et l’intégration de zones vertes d’envergure;
  • La forte volonté des secteurs public, institutionnel et communautaire d’être étroitement impliqués dans les processus d’élaboration et de développement de ce territoire.

L’audition des mémoires s’est déroulée le 21 janvier dernier au Centre récréatif Édouard-Rivet. La mairesse de RDP-PAT, Caroline Bourgeois, et le maire de Montréal-Est, Robert Coutu, étaient notamment présents pour entendre les participants. (Photo : EMM).

Les audiences publiques préliminaires concernant l’élaboration d’un plan directeur de développement pour le SIPI étant maintenant complétées, reste à voir ce que la Ville de Montréal présentera concrètement ce printemps, et si elle tiendra compte des recommandations et des préoccupations des instances civiles. Puisque cette zone représente le cœur industriel de l’Est de Montréal, le développement et la vocation à long terme du SIPI joueront inévitablement un rôle majeur vers une transition écologique et sociale de l’Est de Montréal souhaitée, semble-t-il, tant par les instances gouvernementales que par nombre d’acteurs locaux de tous horizons. À suivre…