Crédit photo d’archives : Denis Chabot, sous licence Creative Commons

EXCLUSIF : LE PAVILLON PRINCIPAL DE L’HÔPITAL MAISONNEUVE-ROSEMONT SERA DÉMOLI

Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux, a confirmé à Est Média Montréal le week-end dernier que le « cruciforme » de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, soit le pavillon principal, sera finalement démoli. Le nouveau bâtiment sera vraisemblablement érigé, toujours selon la ministre, dans une partie du stationnement donnant sur le boulevard Rosemont.

Rappelons que le gouvernement libéral avait annoncé en grande pompe en mars 2018 une enveloppe budgétaire de 1.8 milliard de dollars destinée principalement à la reconstruction des pavillons Maisonneuve et Rachel-Tourigny, mais on envisageait à cette époque plutôt une rénovation complète des bâtiments. Toutefois la vétusté extrême des deux pavillons, dont l’enveloppe extérieure est maintenant clôturée afin de prévenir la chute de briques, ne laisse pas d’autres options que la démolition. « Toutes les récentes analyses confirment que ce serait très, très compliqué de conserver ces bâtiments, qui sont vraiment en toute fin de vie utile. De plus, rénover ces édifices de A à Z alors qu’ils seraient en bonne partie occupés, on peut imaginer à quel point le défi serait difficile à relever », a déclaré Sylvain Lemieux, président-directeur général du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.

Le pavillon principal, une des icônes du cadre bâti de l’Est de Montréal, célèbre par ailleurs ses 65 ans cette année. Il a été construit à l’origine par les Sœurs de la Charité, sur une terre agricole, et c’est en 1971 que le gouvernement imposait une fusion aux hôpitaux Maisonneuve et Saint-Joseph de Rosemont (Sœurs de la Miséricorde) dans le but de mieux desservir l’Est de la ville. La base du complexe HMR d’aujourd’hui.

Le cruciforme et le pavillon Rachel-Tourigny, à droite, seront démolis. (Photo : EMM).

L’échéancier de reconstruction est maintenu

Selon M. Lemieux, qui a remplacé Yvan Gendron en novembre dernier, aujourd’hui sous-ministre au MSSS, le plan de construction des nouvelles infrastructures suivrait son cours comme prévu. « Nous sommes actuellement sur la planification clinique, un processus de 18 mois qui nous permettra de projeter les besoins de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont pour les 10-15-20 et même 30 prochaines années. C’est un travail extrêmement important de planification, de recherches et d’analyses qui implique beaucoup de nos spécialistes et gestionnaires dans presque tous nos départements », dit-il.

Lorsque ces projections et analyses seront complétées, le MSSS devra approuver les recommandations qui en découleront avant de lancer les appels d’offres pour les plans et devis. Si l’échéancier se déroule comme prévu, le nouveau pavillon principal devrait être en construction à compter de 2025. « L’administration du CIUSSS, et je sens bien que c’est aussi la volonté du nouveau gouvernement, souhaite que le projet de reconstruction se fasse le plus rapidement possible, parce qu’il y a réellement urgence d’agir », clame M. Lemieux.

Sylvain Lemieux, président-directeur général du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. (Photo : EMM).

« En ce moment, même si le public ne voit pas de grue sur le terrain, le travail de reconstruction est commencé. Nous sommes à déterminer quels soins seront offerts dans les nouveaux pavillons, la façon que ces soins seront donnés, comment cela va évoluer au fil des ans, notamment cause des prévisions de croissance démographique, et, par exemple, ce qui pourra se faire dans l’avenir en termes de soins ambulatoires. Le travail qui se fait actuellement est énorme », soutient le pdg du CIUSSS. Les récentes données du gouvernement prévoient notamment que d’ici 2036 la population sur le territoire du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal sera d’environ 580 000 personnes (le plus grand bassin de population dans le système de santé québécois), dont une importante portion sera âgée de 75 ans et plus, « ce qui met une pression considérable sur le prochain hôpital », affirme Sylvain Lemieux.

Pas d’incidence sur la sécurité et la qualité des soins

Toujours selon la direction du CIUSSS, la vétusté avancée des vieilles installations du complexe hospitalier, qui se sont méritées la pire cote d’évaluation par le gouvernement (rappelons toutefois que l’urgence et la polyclinique sont de construction récente, et que le Centre intégré de dialyse Raymond-Barcelo a été inauguré samedi dernier) ne causerait aucun problème de sécurité pour la clientèle et les employés et que la qualité des soins n’en serait pas plus affectée.

Même s’il admet que l’installation de clôture autour du revêtement extérieur des bâtiments marque l’imaginaire, intervention qui aurait été faite de façon préventive et non à la suite d’incidents, le pdg insiste pour rassurer la population à l’effet que « la qualité des soins est toujours irréprochable, la sécurité des patients est assurée partout dans les installations, et l’administration prend tous les moyens, au quotidien, pour que la situation demeure ainsi. C’est notre priorité, avant toute chose », dit-il.

Un joueur majeur dans l’Est de Montréal

Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, avec plus de 15 000 employés (2e plus important employeur dans l’Est, après le Port de Montréal), dont près de 900 médecins, a un impact énorme sur l’économie et le développement de l’Est montréalais, d’autant plus qu’il bénéficie d’un imposant budget annuel de plus de 1.2 milliard de dollars. Il est donc un joueur incontournable dans les perspectives de revitalisation du territoire et son nouveau pdg, qui ces dernières années occupait la direction du CSSS Lucille-Teasdeale dans Rosemont, entend bien participer activement à ce mouvement.

« Avec un portefeuille actuel en projets immobiliers dépassant les 2 milliards de dollars, incluant le projet de HMR et un nouveau bloc opératoire à l’Hôpital Santa Cabrini, pour ne nommer que ceux-là, l’impact que l’on va générer sur l’économie locale va être encore plus fort dans les prochaines années », souligne Sylvain Lemieux.

Ce dernier ajoute que le CIUSSS peut également être associé à une foule de déterminants, autres que les soins de santé proprement dits, qui influencent grandement la qualité de vie sur un territoire : « Quand on peut offrir des emplois de qualité, militer activement pour que des aliments frais soient disponibles pour la population, pour de meilleurs logements, pour du transport collectif adéquat, pour plus d’espaces verts par exemples, eh bien on participe à revitaliser sa région, et c’est ce que nous faisons de plus en plus, notamment au sein de divers comités et tables régionales. C’est la volonté de l’administration du CIUSSS de participer activement au plan de relance de l’Est, sur beaucoup de fronts », soutient le pdg.

Plus concrètement sur le plan économique, soulignons que le CIUSSS achète, bon an mal an, pour environ 300 M $ de marchandises diverses, « dont une bonne partie est dépensée localement, en fait le plus possible », affirme M. Lemieux. Ce dernier ajoute également que les deux centres de recherches du CIUSSS, soit HMR et l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal « génèrent à eux-seuls d’importantes activités économiques qui se répercutent positivement dans l’Est. » Les principaux axes d’excellence universitaire du CIUSSS sont l’ophtalmologie, l’hémato-oncologie, la thérapie cellulaire, la néphrologie et la santé mentale.