Les abonnements dans les bibliothèques de l’est de Montréal connaissent un creux historique depuis le début de la pandémie, malgré une reprise des activités en 2021 et 2022. Ces changements ont forcé les bibliothécaires des arrondissements à s’adapter à la nouvelle réalité.

La fermeture des deux bibliothèques dans Anjou en mars 2020 a entraîné la chute du nombre de demandes pour les cartes d’abonnement cette année-là. En effet, elles sont ainsi passées de 2428 en 2019 à 825 en 2020. Toutefois, malgré cette baisse au début de la pandémie, les citoyens sont revenus en grand nombre l’année suivante, déposant 1 506 requêtes d’abonnement pour des cartes de bibliothèque à Anjou (qui donnent aussi à d’autres lieux de loisir dans l’arrondissement) en 2021.

À l’instar d’Anjou, l’ensemble des arrondissements de l’est de Montréal ont connu une hausse marquée de leurs abonnements en 2021. Dans RDP-PAT, ceux-ci sont passés de 1097 à 1908 lors des deux dernières années, tandis qu’à MHM ils ont grimpé de 2267 à 3530 pour la même période. Dans Montréal-Nord, les demandes ont gonflé de 1452 à 2284 entre 2020 et 2021, alors qu’à Saint-Léonard les abonnements ont crû de 1297 à 1826.

Statistiques de la Ville sur les demandes d’abonnement aux bibliothèques. Image: Ville de Montréal

Les chiffres diffusés par la Ville de Montréal indiquent aussi que la tendance sera à la hausse en 2022 dans tous les arrondissements, selon les statistiques préliminaires disponibles.

Services partiels et prêts numériques

« Les gens ne pouvaient plus prendre part à des activités sur place lors de la fermeture, puis il y a eu les périodes de service réduit à partir d’octobre 2020. Il a fallu que nos employés fassent preuve de beaucoup d’adaptabilité », souligne Véronique Pépin Archambault, chef de section des bibliothèques à Anjou.

Cette dernière souligne que désormais, la clientèle des bibliothèques s’y déplace pour plusieurs activités et que la lecture n’est plus le centre d’intérêt principal de ces établissements. Des ateliers de bricolage, de céramique, de jeux de société et de poésie figurent en effet à la liste des choses à faire dans les deux bibliothèques de l’arrondissement.

C’est ce que corrobore Anouck Vigneau, chef de section des bibliothèques de RDP-PAT. Même si les coupures de services ont été minimes durant les premiers instants de la pandémie, celle-ci a forcé une réorganisation du travail. Par exemple, des lots de livres prêts à emporter ont été conçus selon les âges des lecteurs afin d’y faciliter l’accès.

Selon celle-ci, si la cadence a repris de plus belle dans les deux bibliothèques de RDP-PAT, on est encore loin de l’achalandage qu’on connaissait avant la pandémie.

Toutefois, la COVID a favorisé les emprunts en ligne et le téléchargement des livres virtuels, indique Mme Vigneau. Effectivement, les prêts numériques sont passés de 18 325 en 2019 à 31 551 en 2020, puis à 29 500 en 2021 dans les établissements de RDP-PAT.

« En 2019-2020 le réseau a connu une variation de 94% de son prêt numérique, avec des hausses record de 187%, 176% et 142% en mars-avril-mai au cœur du confinement, ce qui confirme la théorie d’une hausse pandémique, explique Maika Bernatchez, chargée de communication à RDP-PAT. En 2020-2021, le prêt numérique a cette fois connu une variation de -17%, sûrement en partie attribuable au fait que les gens recommencent davantage à utiliser nos services en personne, ou du moins qu’ils passent moins de temps à la maison. »

Sa collègue souligne que plusieurs employés ont dû dédier une plus importante partie de leur travail à faire de l’aide et de l’accompagnement pour les personnes empruntant pour la première fois un livre virtuel. « Il a fallu réinventer nos services. Plusieurs personnes se sont acheté des tablettes numériques, mais ne savaient pas comment les utiliser pour télécharger des documents. On est là pour les aider et on a eu beaucoup de demandes à ce sujet », explique Mme Vigneau.