COMBIEN ÇA COÛTE, ENVOYER SON ENFANT À L’ÉCOLE PRIVÉE?
Accessibilité aux subventions gouvernementales, aides financières disponibles, emplacement géographique de l’établissement, nature du programme pédagogique proposé, activités, fournitures… Le coût total d’une année scolaire en école privée au Québec, y compris dans l’est de Montréal, dépend d’une multitude de facteurs. EST MÉDIA Montréal fait le point.
Au Québec, la fréquentation des écoles privées se stabilise autour de 10 % depuis 20 ans, d’après les informations obtenues auprès de la Fédération des établissements d’enseignement privés du Québec (FEEP), qui compte 205 membres. D’abord, il existe différentes catégories d’écoles privées dans la province : les écoles privées subventionnées, qui représentent la majorité des écoles privées au Québec; et les écoles privées non subventionnées.
Écoles privées subventionnées
Plus des deux tiers des écoles privées sont éligibles aux programmes de subventions, ce qui signifie que le gouvernement paie 60 % des coûts des frais de scolarité des élèves, d’après les données de la FEEP. Les parents paient le reste.
Les écoles privées subventionnées fixent elles-mêmes leurs frais de scolarité, mais ceux-ci ne peuvent dépasser des plafonds établis par le gouvernement. Pour l’année scolaire 2023-2024, ces plafonds sont de 5 086 $ au préscolaire, 4 607 $ au primaire et 5 902 $ au secondaire. De façon générale, les écoles fixent les frais de scolarité en tenant compte de la réalité des familles de leur milieu, et plusieurs écoles offrent des rabais pour les fratries afin d’aider les familles.
La FEEP ne dispose pas de données sur les frais moyens d’une école privée subventionnée pour l’année 2024-2025. Mais en prenant l’exemple de certaines écoles privées de l’est de Montréal, il est possible de constater que les frais varient sensiblement d’un établissement à l’autre. Le Collège St-Jean-Vianney, situé à Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (RDP–PAT), est subventionné au secondaire. Les frais de scolarité 2023-2024 sont de 3 925 $. Ceux du Collège Mont-Royal, situé à Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM) et également subventionné, s’élèvent à 4 195 $. Pour le Collège Jean-Eudes, aussi subventionné et situé à Rosemont, les frais de scolarité sont de 4 835 $.
En région, les frais de scolarité sont généralement moins élevés, se situant entre 3 000 $ et 4 000 $, d’après les données du FEEP.
Évidemment, les parents doivent ajouter à ces frais des droits d’inscription d’un montant général de 200 $. La facture augmente aussi selon d’autres frais additionnels, pour les programmes d’activités quotidiennes, l’uniforme ou encore le matériel scolaire par exemple. Ces montants varient aussi d’un établissement à l’autre.
Les écoles privées québécoises sont des organismes à but non lucratif (OBNL) autonomes. « On a ainsi une flexibilité et une autonomie presque 100 % complète dans nos budgets. On doit néanmoins évidemment rendre des comptes au gouvernement au niveau du respect des programmes, de nos installations, et vérifier que nos enseignants soient bien qualifiés. Mais si on souhaite ouvrir un nouveau programme d’arts à la suite d’une demande des élèves, on peut allouer des budgets sans avoir besoin d’attendre l’argent ou les autorisations du service scolaire », renseigne David Bowles, président de la FEEP. Il est également directeur général du Collège et de l’Académie internationale Charles-Lemoyne, situé sur la rive-sud de Montréal. Il s’agit d’ailleurs de la plus grande école privée au Québec, accueillant 3 000 élèves.
Écoles privées non subventionnées
Contrairement aux écoles privées subventionnées, dont les tarifs sont encadrés par le ministère de l’Éducation, les écoles privées non subventionnées peuvent établir leurs propres tarifs.
Malgré que les frais de scolarité soient plus élevés, les parents optent souvent pour ces établissements privés non subventionnés à cause du manque de place dans les écoles subventionnées. D’après les informations de la FEEP, la dernière création d’une école privée subventionnée au Québec remonte à 2006.
Les parents peuvent également choisir de se tourner vers une école privée non subventionnée pour son projet éducatif spécifique, comme les écoles Vision qui sont des établissements trilingues (français, anglais et espagnol).
La loi empêche une école francophone subventionnée, qu’elle soit publique ou privée, d’offrir un programme bilingue. Sachant donc que l’accès aux écoles anglophones est très restreint au Québec, plusieurs parents se bousculent pour inscrire leurs enfants dans certaines écoles privées non subventionnées. « L’exemple typique est un joueur de hockey des États-Unis qui arrive au Québec pour une période de deux ou trois ans. Il ne veut pas nécessairement mettre son enfant dans une école francophone [si sa famille et lui résident ici] pour une période limitée. À ce moment-là, on parle de frais vraiment plus importants, soit entre 20 000 $ et 25 000 $ par année, avec des petites classes de 15 élèves maximum », mentionne Geneviève Beauvais, directrice des communications et des affaires publiques de la FEEP.
Certaines écoles privées, subventionnées ou non, possèdent des fondations qui fournissent de l’aide financière aux familles qui ne peuvent assumer les frais de scolarité. « On estime qu’environ 7 % des élèves qui fréquentent une école privée reçoivent de l’aide financière. Cette aide peut couvrir une partie des frais de scolarité ou encore l’entièreté, selon la situation familiale », renseigne Geneviève Beauvais. La plupart du temps, cette aide financière est attribuée selon les besoins des familles, et non en fonction des résultats académiques de l’enfant. Les critères pour recevoir de l’aide financière sont basés sur le revenu familial et le nombre d’enfants d’une même famille qui fréquentent l’école.
Des programmes adaptés
En plus des écoles Vision ou bilingues, les parents choisissent les écoles privées non subventionnées pour leurs programmes particuliers selon les besoins de leurs enfants, certains vivant avec une douance ou un handicap (déficience intellectuelle, trouble du spectre de l’autisme, trouble de comportement…). « Il existe des écoles publiques qui proposent des programmes particuliers, mais elles sont souvent très sélectives et il est difficile d’y avoir une place, alors que la grande majorité des écoles privées de Montréal proposent une grande variété de programmes et l’accès y est moins restrictif », spécifie David Bowles. Il existe 12 écoles privées spécialisées en adaptation scolaire au Québec, 10 d’entre elles étant situées à Montréal.
Malgré les frais de scolarité, la demande pour les places dans les écoles privées, subventionnées ou non, est telle que les listes d’attente ne cessent de s’allonger depuis la pandémie. « La croissance de la popularité des écoles privées s’explique en partie par leur réputation, mais aussi par leur efficacité à avoir maintenu l’enseignement à distance pendant le confinement, alors que ça a été beaucoup plus compliqué dans le public », souligne en terminant David Bowles.