DANS LES COULISSES DU CENTRE DE FORMATION DES POMPIERS DE MONTRÉAL
De l’apprentissage de la conduite de camions de pompiers aux interventions de premiers répondants pour les urgences médicales, le centre de formation des pompiers de Montréal, situé sur la rue Notre-Dame Est, couvre l’entièreté du cursus enseigné à chacun des 2 400 pompières et pompiers répartis dans les 67 casernes de l’île. La formation des pompiers se divise en deux phases principales, l’apprentissage de base et le maintien des compétences.
Le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) est le deuxième plus grand service des incendies au Canada et le 6e plus grand en Amérique du Nord. « Au Québec, aucun autre service incendie n’a ce volume de pompiers », souligne Martin Guilbault, chef de division du SIM.
Outre le centre de formation principal situé dans l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM), deux autres sites sont utilisés pour l’apprentissage des soldats du feu : la caserne 71 dans l’ouest et un centre situé à Saint-Michel.
Formation et perfectionnement technique
Pour devenir pompier, il est obligatoire de détenir un diplôme d’études collégiales (DEC) en sécurité incendie. Les nouvelles recrues débutent par une période d’intégration de trois semaines intensives au centre de formation. « On les familiarise aux défis montréalais, on leur présente nos équipements qui comprennent les appareils respiratoires, les radios portatives et l’habit de combat qui pèse 100 livres, ainsi que nos méthodes de travail propres au territoire que nous couvrons », explique M. Guilbault. Après cette période d’intégration, les apprentis pompiers entament une année de probation. Pendant celle-ci, ils suivent diverses formations en caserne, encadrées par un officier commandant expérimenté.
Que ce soit au début ou tout au long de sa carrière, un pompier montréalais passera par le centre de formation. Des pompiers provenant d’autres casernes viennent s’y entraîner chaque jour. Ce fut le cas de ceux de la caserne 13, présents le jour de la venue d’EST MÉDIA Montréal pour ce reportage. Ils y étaient afin de participer à un maintien de compétence en gestion de camions d’incendie.
Les types de formation donnés au centre varient en fonction des périodes. À la rentrée, on propose un programme intensif d’une durée de 3 jours sur l’utilisation des camions d’incendie, qu’il s’agisse de déployer des échelles pour atteindre les étages supérieurs ou de pomper de grandes quantités d’eau pour éteindre les feux.
Dans une caserne, chaque pompier se spécialise dans un domaine précis, explique Martin Guilbault. « Bien qu’il y ait des rotations, un pompier conducteur d’un véhicule d’incendie exercera cette activité 90 % du temps. »
Le centre de formation se tient continuellement au fait des nouvelles méthodes et des dernières avancées. « Les fournisseurs arrivent toujours à proposer de nouveaux habits de combat et matériel. L’équipement a fait d’énormes progrès depuis mon arrivée en 1992. L’habit est aujourd’hui plus léger et respirant, et les appareils respiratoires s’en viennent pour être équipés de caméras intégrées », détaille le chef de division du SIM.
En comparaison des équipements modernes, il est effectivement frappant de voir de vieilles photos de pompiers du centre de formation datant de 1974. Sur l’une d’elles (ci-contre), ces derniers portent une simple chemise lors d’une intervention sur le terrain.
Face aux défis de la métropole
Afin d’optimiser la formation de leurs équipes, les représentants des 11 plus grands services d’incendie du Québec se réunissent tous les deux mois pour échanger sur les méthodes les plus efficaces et s’inspirer mutuellement.
Le maintien de compétences est primordial pour que chaque pompier puisse affronter les défis propres à son territoire. Montréal possède un aéroport international, une ferme et des laboratoires avec des animaux dans l’ouest, plusieurs centres hospitaliers, des universités, une autoroute intérieure, un réseau de métro, des gratte-ciels en grande quantité… « Montréal représente un immense terrain fertile pour une grande variété de risques », résume Martin Guilbault.
Le paysage industriel de l’est de Montréal, marqué par la présence de raffineries et d’usines pétrochimiques, expose aussi les pompiers à des risques spécifiques. « On va surtout intervenir pour des versements de matières dangereuses. Les gros incendies sont rares car les raffineries disposent d’un système de sécurité rigoureux », explique le chef de division.
Si les feux destructeurs sont l’image emblématique du métier de pompier, les incendies confirmés ne constituent en réalité que 1,19 % de leurs interventions, d’après les données du SIM publiées en 2023. La moitié des 130 000 appels annuels au 911 concernent plutôt des urgences médicales. « Les pompiers montréalais sont régulièrement sollicités pour des actes de réanimation cardio-respiratoire, des accouchements, la prise en charge de cas de diabète ou encore de surdoses d’opioïdes », explique M. Guilbault. Et la majorité des appels viennent du centre-ville. « Le volume élevé de la population, particulièrement en journée car il y a une concentration importante de travailleurs, en est la cause », renseigne-t-il.
La visite s’achève dans le hall où chaque caserne est représentée par son logo unique, dessiné par ses propres membres et témoignant de la créativité et de l’esprit qui règne chez les pompiers montréalais. Par exemple, un lion avec des flammes en guise de crinière symbolise la caserne 14 de Rivière-des-Prairies (RDP). Chaque pompier porte le logo de la Ville de Montréal sur son habit de travail et, s’il le souhaite, le logo de sa caserne.