QUE VEULENT LES CONSERVATEURS POUR L’EST?

Depuis que l’ex-animateur de radio, Éric Duhaime, a remporté la direction du Parti conservateur du Québec (PCQ) en avril 2021, le nombre de partisans de la formation politique a crû rapidement et elle jouit aujourd’hui d’une place nettement plus avantageuse sur l’échiquier politique comparativement aux élections précédentes. Dans l’est de Montréal, l’espoir du PCQ de décrocher un siège au scrutin de 2022 demeure faible, mais, selon les sondages, celui-ci amasse tout de même un pourcentage respectable des votes dans certaines circonscriptions, du jamais vu depuis la création du parti en 2009. Pour mieux comprendre cette nouvelle réalité politique, EST MÉDIA Montréal est allé à la rencontre d’un candidat conservateur afin qu’il nous fasse part de la vision de son parti pour l’est montréalais.

Yassir Madih est candidat dans LaFontaine, circonscription qui couvre essentiellement le quartier de Rivière-des-Prairies. L’avocat de formation est plutôt terre à terre en ce qui concerne la plateforme du PCQ dans l’est de la métropole. « On veut voir des projets qui sont en place, qui font consensus, comme le REM ou un accès au centre-ville, aller de l’avant. Nous sommes pour une rigueur dans la gestion de ces projets et je pense que c’est l’expertise que le parti conservateur peut apporter », indique-t-il.

Cette approche « pragmatique » ne se veut pas en contradiction avec les préceptes traditionnels du conservatisme, selon Me Madih. La diminution des taxes, la réduction de la taille de l’État et la dérégulation du privé peuvent s’accorder avec de grands chantiers pilotés par le gouvernement. En effet, les plus importantes priorités du PCQ pour l’est de Montréal sont des enjeux qui par le passé ont exigé d’importants investissements et qui en demanderont certainement encore d’autres, et le candidat ne s’en cache pas. « On ne réinvente pas la roue. Il faut que le gouvernement se concentre sur certains éléments leviers afin d’aller de l’avant avec la revitalisation de l’est ». C’est seulement une fois que ces enjeux auront été adressés que la libre entreprise sera en mesure de s’épanouir dans ce secteur, croit-il.

Les trois priorités du PCQ

Ainsi, le conservateur cerne trois dossiers principaux qui amélioreront le sort des citoyens à l’est de la métropole : les transports, la décontamination des terrains et la sécurité publique.

Tous les partis dans la course ont présenté sous une forme ou une autre un plan pour parfaire le réseau de transports collectifs dans l’est, mais aussi pour rattacher ses travailleurs au centre-ville de Montréal. Les conservateurs ne sont pas en reste, et souhaitent que soient poursuivis les travaux lancés par CDPQ Infra durant sa gestion du REM de l’est. « Pour une ville, les transports c’est comme un poumon. L’accessibilité, c’est ce qui ramène la richesse. […] Il ne faudrait pas jeter à la poubelle les plans de CDPQ Infra. Il va falloir bâtir sur ça et rapidement. Il faut connecter l’est au centre-ville, parce que Montréal est une ville où le récréotourisme est important et nous pensons que l’est pourrait être un atout dans ce domaine pour toute l’île », souligne Me Madih. De plus, il sera « vital » de s’assurer que le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal se fasse selon l’échéancier prévu, insiste le conservateur.

En ce qui concerne la décontamination des sols, le candidat s’est dit déçu de constater que de l’enveloppe de 100 M$ précédemment octroyée par Québec pour le financement des travaux auprès des grands propriétaires terriens, seulement 10 M$ avaient été réclamés jusqu’à présent (NDLR : Environ 70 % de l’enveloppe a servi pour décontaminer des terrains de la Ville de Montréal et du Gouvernement du Québec). Me Madih y voit une faille causée par la lourdeur administrative du processus de demande de subvention. « La contamination est un frein important au développement urbain. De ce que je comprends, le problème de ce système de financement vient du fait que l’argent arrive une fois que la décontamination est faite. Mais comme on le sait, pour tout entrepreneur, le « cashflow » est le nerf de la guerre », affirme Me Madih. Celui-ci propose donc la mise sur pied d’un type de financement intermédiaire. Investissement Québec ou Montréal International pourraient ainsi être sollicités pour créer un « pont » entre le moment où un projet de décontamination est lancé par un propriétaire et celui où le budget gouvernemental est déboursé.

Enfin, en matière de sécurité publique, le conservateur considère que les solutions à court terme, comme le financement des forces policières, sont nécessaires, mais pas suffisantes et qu’il est primordial qu’on s’attaque aux problèmes socio-économiques à la racine de la violence urbaine. « Il faut travailler en amont et donner à nos jeunes plus d’espoir. Il faut les intégrer au monde économique. Les fusillades qu’on voit, ce n’est pas du grand banditisme. Ce sont des bandes de jeunes dans les rues, et il faut les sortir de la rue », soutient le candidat. Après être allé à la rencontre d’acteurs communautaires, ce dernier dit avoir compris qu’un gros problème au niveau du financement des organismes en intervention est la manière dont sont octroyées les sommes. « C’est comme si vous vouliez financer une équipe de hockey en achetant du matériel de basketball », résume Me Madih. Ce dernier souhaite donc que « l’argent aille au bon endroit et touche la population concernée. »

Dans ces trois priorités, le conservateur voit une approche « holistique », qui garantira le retour de la richesse et de l’espoir dans un territoire qui a trop longtemps été ignoré par le gouvernement québécois. Afin d’y parvenir, le candidat plaide pour qu’on inclue davantage les acteurs économiques de l’est, comme la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, qui fait un travail « monumental » de documentation sur les enjeux prenants dans le secteur.

« Il faut orienter les investissements de l’État sur les structures qui permettront au privé de prendre le relais sur le développement de celles-ci. […] Au PCQ, nous avons décidé de prendre la politique en marche. Nous n’avons pas de baguette magique. Ce que nous savons, c’est que nous sommes des gens de terrain, des gens de solution, des entrepreneurs. Nous cherchons l’efficacité. L’expertise du PCQ c’est de rendre les plans sur papier réalistes et crédibles, et d’enlever tous les irritants administratifs, car souvent nous les vivons nous-même dans notre pratique quotidienne. »