La rue Saint-Denis (Image tirée de la page Facebook de la SDC rue Saint-Denis)

COMMENT SE PORTENT LES COMMERCES DE LA RUE SAINT-DENIS?

Entre les divers chantiers d’infrastructures, dont la mise en place du Réseau express vélo (REV), et la pandémie de COVID-19, les commerces de la rue Saint-Denis, notamment sur le Plateau-Mont-Royal, ont traversé plusieurs années difficiles. Maintenant que le REV est terminé, que les cônes oranges ont disparu et que la crise sanitaire est derrière nous, à quoi ressemble la situation commerciale actuelle, et qui est le client type ?

À la Société de développement commercial (SDC) rue Saint-Denis, on affirme d’entrée de jeu que l’artère est actuellement en bonne santé commerciale. Après avoir chuté à 74-75 % en décembre 2020, le taux d’occupation des locaux commerciaux a grimpé à 86 %, signe d’un redressement significatif. « De nouveaux commerces ont ouvert et le nombre de membres de la SDC a augmenté, ce qui confirme la reprise économique sur l’artère », indique Pauline Béchu, directrice générale de la SDC rue Saint-Denis.

Le propriétaire de la boutique Pierres d’Ailleurs, spécialisée en bijoux et pierres semi-précieuses, travaille sur l’artère depuis 32 ans. L’entrepreneure affirme que, depuis les importantes rénovations de la rue, qui ont représenté une période particulièrement creuse, le secteur est actuellement dans une excellente phase. « Les locaux commerciaux vacants sont aujourd’hui presque inexistants et la rue connaît un fort achalandage, particulièrement lorsque le temps est clément », partage le commerçant Sylvain Angers.

Pauline Béchu, directrice générale de la SDC rue Saint-Denis (Photo tirée de LinkedIn)

À la fois cyclistes et clients

D’abord décrié par plusieurs, le concept du REV serait finalement très profitable aux commerçants, selon Mme Béchu. « Les travaux furent une période difficile, mais le REV a finalement un effet très positif. » Par exemple, un café cycliste a vu son chiffre d’affaires doubler depuis la création de l’infrastructure cyclable. « La rue est devenue plus attrayante, avec une fréquentation accrue, ce qui a bénéficié aux commerces », assure la directrice générale.

Un autre commerçant est également très enthousiaste face au flux de cyclistes qui empruntent chaque jour la rue Saint-Denis. « Bien que je n’y sois pas installé depuis longtemps et que je n’aie pas connu les périodes difficiles, je suis impressionné par la quantité de vélos qui passent devant ma boutique. Cela confirme, selon moi, que l’emplacement est stratégique pour un commerce comme le mien, axé sur le vélo », mentionne Jean-François Bienvenue, propriétaire de la boutique CycloFlex.

Certains commerçants se sont donc implantés rue Saint-Denis précisément en raison de la présence du REV. « Les membres étaient d’abord inquiets et réticents face au REV, mais ils se sont adaptés et ont su transformer la situation en opportunité, notamment en installant des supports à vélo pour accueillir les cyclistes », illustre Pauline Béchu.

Une offre commerciale et une clientèle en évolution

Avec son offre variée de restaurants et de bars, et ses commerces qui traversent le temps comme la boutique Courir, la crèmerie Meu Meu ou encore le café Au Festin de Babette, le Plateau-Mont-Royal se positionne comme une destination prisée tant par les résidents que par les touristes. Et la rue Saint-Denis, dans ce secteur de la ville, se distingue par ses commerces diversifiés, croit la directrice générale de la SDC. « Les visiteurs peuvent, en une seule visite, prendre un café, participer à un cours de yoga ou visiter une galerie d’art. Cette polyvalence commerciale rend la rue attractive pour un large éventail de consommateurs et renforce son identité comme lieu vivant, culturel et pratique à Montréal », explique-t-elle.

Elle note par ailleurs que le portrait de l’artère a changé depuis quelques années. Alors qu’elle accueillait auparavant de grandes chaînes comme MEC, GAP et American Apparel, elle est désormais caractérisée par une plus grande proportion de commerces indépendants et locaux. « On juge cette mutation comme positive, car elle a enrichi la diversité commerciale et a contribué à une meilleure fréquentation », précise Mme Béchu.

On y observe également un changement générationnel et de valeurs dans la fréquentation : de plus en plus de jeunes de 14 à 19 ans viennent magasiner dans les friperies et on trouve sur la rue une offre croissante de commerces végétariens et végans.

Le Festival BD de Montréal 2024 qui s’est installé sur la rue Saint-Denis (Photo tirée de la page Facebook de la SDC rue Saint-Denis/Sébastien Lavallée)

Des défis de taille

Si les travaux et la pandémie sont choses du passée, les commerçants de la rue Saint-Denis font aujourd’hui face à des défis qui dépassent le cadre local : la hausse des loyers commerciaux, un sentiment d’insécurité lié notamment à la présence d’itinérance et des problèmes de propreté. Mme Béchu mentionne que des initiatives de la Ville, comme l’Équipe mobile de médiation et d’intervention sociale (ÉMMIS) pour gérer l’itinérance, sont un pas dans la bonne direction. Néanmoins, elle estime que ce soutien reste ponctuel, alors que les besoins nécessitent plutôt des actions coordonnées, durables et adaptées au terrain.

La directrice générale aborde ensuite la popularité du magasinage en ligne, qu’elle qualifie de « gros défi ». « Toutefois, les hausses de frais de douane et d’expédition ont conduit de nombreux consommateurs à privilégier l’achat local », affirme-t-elle.

La SDC rue Saint-Denis oriente donc ses priorités des prochaines années en fonction de ces défis. Des efforts sont déployés pour améliorer la propreté et l’embellissement de la rue, dans le but de redorer l’image de l’artère, encore marquée par les travaux passés. « Nous souhaitons que la rue se positionne comme un lieu culturel et dynamique, en misant sur son identité artistique », explique Pauline Béchu.

Le festival hivernal Conte(mporain), lancé en 2024 et dont la troisième édition est en préparation, illustre bien cette stratégie. « Ce festival met en valeur le conte québécois et l’art contemporain à travers des sculptures et des animations gratuites pour les familles. Cette initiative a été mise en place pour contrer la baisse d’achalandage durant l’hiver, et nous avons la volonté de voir cet événement se poursuivre et s’enrichir dans le futur », termine-t-elle.


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