Aux abords du parc Molson, dans Rosemont (photo EMM).

COMBIEN ÇA COÛTE UNE MAISON… DANS ROSEMONT ?

Agents, conseillers en financement, inspecteurs, évaluateurs : tous ces professionnels de l’immobilier sont débordés à l’heure actuelle, du moins à Montréal. Le marché immobilier de Rosemont, entre autres, a le vent dans les voiles. Et la brise, ou plutôt le blizzard, n’est pas près de s’essouffler! Portrait d’un quartier transformé où les ventes ne cessent d’atteindre des sommets.

L’année 2020 aura été celle où bien des Montréalais auront passé beaucoup… beaucoup de temps à la maison. Avec le télétravail, le confinement et, plus récemment le couvre-feu, être bien chez soi est peut-être devenu plus crucial qu’avant. Si certains choisissent de rénover, plusieurs optent plutôt pour déménager. Les acheteurs à la recherche d’un condo, d’une maison ou d’un plex sont nombreux à Montréal, tellement nombreux que le nombre de propriétés à vendre ne suffit pas. C’est là qu’entre dans l’équation un joueur coriace : la surenchère. Rosemont n’y est certainement pas étranger. « La moyenne des ventes est de 1 % à 4 % en haut du prix demandé selon le type de propriété », soutient Alexandre Meloche, courtier immobilier chez RE/MAX ALLIANCE et dont l’équipe a réalisé 260 transactions en 2020 à Montréal.

Les secteurs d’intérêt ici sont les Shops Angus, le Vieux-Rosemont ainsi que le Nouveau-Rosemont, trois territoires distinctifs qui composent le quartier Rosemont. « Il s’agit d’un quartier très familial, dit M. Meloche, qui a connu une forte croissance au courant de la dernière décennie vu justement sa forte popularité auprès des jeunes familles désirant s’y installer. » Attirés, par exemple, par la proximité des commerces, les nombreux parcs, les pistes cyclables et la qualité de vie que l’on y trouve, ce sont principalement les professionnels trentenaires qui s’y disputent les propriétés prisées.

Un quartier, trois personnalités

Le territoire est vaste, et même s’ils partagent des frontières limitrophes, les trois secteurs en question demeurent très distincts les uns des autres. Les Shops Angus, insérées dans le quadrilatère que forment Saint-Joseph, Rachel, Bourbonnière et Molson, se développent depuis la fin des années 1980. Très vivant, le secteur se compose principalement de condominiums et de maisons de ville. Son développement commercial, sur le terrain de la Société de développement Angus à l’ouest du secteur, a joué en sa faveur et l’a fait encore plus gagner en popularité. On y trouve déjà une fromagerie, une boucherie, une boulangerie, un café, des restaurants, une crémerie, une clinique médicale et bientôt un salon de coiffure, et ce, en plus de deux épiceries à grande surface et d’un Canadian Tire, un peu plus au sud. Un condo s’y vend en moyenne 433 103 $; une maison, 732 620 $; et un duplex, plutôt rare dans le coin, 633 900 $.

Maisons de ville dans le secteur Angus (photo EMM).

Les acheteurs à la recherche d’une petite cour et d’une propriété avec davantage de cachet disons patrimonial se tournent plutôt vers le Vieux-Rosemont. Enclavé entre les rues Rosemont, Saint-Joseph, Pie-IX et D’Iberville, le quartier autrefois populaire a tout simplement changé de visage dans les dernières décennies. Les tatoueurs et les bars plus sombres ont laissé place aux épiceries zéro déchet, aux cafés et aux restaurants plus dispendieux, notamment sur la fameuse rue Masson, le cœur du Vieux-Rosemont. Le parc immobilier, plutôt vieillissant, se décline principalement en duplex et en triplex construits entre les années 1920 et 1940. Le cachet des appartements, la vivacité des ruelles (souvent vertes) et les bons établissements scolaires y attirent sans surprise les familles et les poussent à vouloir y prendre racine. À combien s’y envolent les propriétés? En moyenne, un condo se vend 380 120 $; une maison, 822 233 $; et un duplex, 655 392 $.

À distance de marche du Vieux-Rosemont, mais pas mal plus loin d’une bouche de métro, s’étend le secteur du Nouveau-Rosemont, qui a, lui aussi, su tirer son épingle du jeu dans les dernières années. « Ce secteur développé sur près d’un siècle se caractérise par son hétérogénéité d’une rue à l’autre et parfois même sur une même rue », explique M. Meloche. En effet, on y retrouve différents types d’immeubles, que ce soient des condos, des maisons de ville, des maisons unifamiliales ou encore des plex. Plutôt vaste, il est délimité par les rues Bélanger, Sherbrooke, Langelier et Pie-IX. Un condo y est acheté, en moyenne, 331 698 $; une maison, 640 249 $; et un duplex, 642 250 $. À noter que les commerces de proximité sont plutôt rares dans ce secteur.

Plex typiques dans le secteur du Nouveau Rosemont (photo RE/MAX Québec).

La pandémie : le calme avant la tempête

Au printemps 2020, le marché immobilier québécois a dû se mettre sur pause, bloqué en partie par les nouvelles mesures sanitaires en place. Puis, ayant reçu le feu vert du gouvernement, vendeur, acheteurs et courtiers, munis de produits désinfectants et de masques, ont pu se remettre au travail. Selon l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ), qui a fait tout récemment paraître ses dernières analyses, la pandémie n’a pas du tout freiné le marché, au contraire. « 55 609 ventes résidentielles ont été réalisées en 2020 dans la région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal, ce qui représente une croissance de 8 % par rapport à 2019. » Et fait notoire, « le prix médian des unifamiliales (400 000 $) a augmenté de 18 %, soit la plus forte croissance depuis que les statistiques Centris sont compilées (2000). » Plus spécifiquement à Rosemont, on note une augmentation de 52 % des ventes au cours du dernier trimestre de 2020 et le prix moyen des propriétés unifamiliales a augmenté de 71 % depuis 5 ans. Le marché actuel est donc plus qu’avantageux pour les vendeurs… de quoi peut-être intimider les futurs acheteurs!

Selon M. Meloche, une propriété se vend en moyenne en 41 jours à Montréal, et un acheteur peut espérer trouver le nid de ses rêves en 4 à 8 semaines. Que ce soit pour la vente ou l’achat, il recommande évidemment de faire affaire avec un courtier immobilier. Mais il cache aussi quelques petits trucs dans son sac. Deux mots d’ordre pour les vendeurs : épurer et nettoyer. Si vous vous apprêtez à vendre votre propriété, désencombrez-la au maximum et assurez-vous que la cuisine et la salle de bain, entre autres, brillent comme un sous neuf. Du côté des acheteurs, il suggère de libérer quelques plages horaires chaque semaine pour les visites.

Conclusion : le marché immobilier de Rosemont reste pour l’instant en constante ébullition. Néanmoins, avec la quantité de condos qui se construisent sur le territoire rosemontois et une diminution de la demande pour ce type de propriétés, sans pouvoir se fier sur une boule de cristal, M. Meloche prévoit tout de même une légère baisse de la valeur des condos au courant des deux prochaines années. Et que pense-t-il des 35 900 personnes qui ont participé à l’exode de Montréal vers les régions en 2020, donnée relevée en janvier par l’Institut de la statistique du Québec? « Je pense que c’est temporaire, ça devrait revenir à la normale l’année prochaine. » En attendant, dur à dire… C’est vrai que parfois ça serait bien, d’avoir une boule de cristal!


Le dossier spécial « Rosemont 2021 » a été rendu possible grâce à la collaboration des partenaires suivants :