
L’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (Emmanuel Delacour/EMM)
11 avril 2025COALITION HMR : « ON DEMANDE LA RECONSTRUCTION PRÉVUE DÈS CETTE ANNÉE »
Lancée officiellement jeudi, la Coalition HMR rassemble usagers, syndicats, professionnels de la santé et employés du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal et de la Fondation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Ensemble, ils pressent le gouvernement du Québec d’amorcer, dès ce printemps, les travaux d’agrandissement et de modernisation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR), en plus de présenter un échéancier clair pour leur réalisation.
« L’Hôpital Maisonneuve-Rosemont est au point de rupture. Après avoir officiellement annoncé à trois reprises son agrandissement et sa modernisation, le gouvernement du Québec repousse encore une fois ce projet mettant ainsi à risque la santé de plus de 550 000 Québécoises et Québécois! Nous sollicitons, M. le Premier Ministre, votre intervention immédiate afin de lancer les travaux d’agrandissement et de modernisation de l’HMR dès ce printemps ! », indique d’emblée la lettre ouverte diffusée jeudi matin par la Coalition HMR.

Dr Marc Brosseau, pneumologue, intensiviste à HMR et président du CMDPSF du CIUSS de l’Est-de-l’île-de-Montréal (Photo tirée de LinkedIn)
Pour le Dr Marc Brosseau, pneumologue, intensiviste à HMR et président du conseil des médecins, dentistes, pharmaciens et sages-femmes (CMDPSF) du CIUSS de l’Est-de-l’île-de-Montréal derrière l’initiative, l’annonce du report des travaux a suscité « de la colère, du cynisme et de l’incompréhension », mais elle a également entraîné un élan solidaire de mobilisation. « On veut essayer de mettre la pression sur le gouvernement et de mettre nos efforts en commun parce qu’on voit que les choses n’avancent pas dans la direction voulue », explique-t-il.
Ce dernier précise que la Coalition veut aller chercher « le plus de partenaires et d’appuis possible » au sein de la population québécoise, parce que le projet profitera surtout « aux patients de Maisonneuve-Rosemont, présents et futurs ».
« Il y a beaucoup d’enjeux à Maisonneuve-Rosemont. De reporter le projet nous apparait une décision irresponsable. (…) Il n’y a pas de raisons que le projet ne commence pas cette année, considérant l’importance des impacts d’un délai supplémentaire. Je ne comprends pas et nos membres non plus », se désole le Dr Brosseau.
L’hôpital, dont la vétusté a été de nombreuses fois démontrée au fil des ans, « dispose actuellement de seulement 17 % de la capacité de lits hospitaliers à Montréal, alors qu’il dessert 26 % de la population de l’île », indique la lettre ouverte. Les rénovations prévoient entre autres l’ajout d’un nouveau centre hospitalier universitaire incluant 720 lits en chambre individuelle. Le bâtiment actuel compte au total 450 lits.
« Il y a plusieurs répercussions causées par le délai de reconstruction, notamment au niveau du personnel. J’envoie le message que j’aime travailler à Maisonneuve-Rosemont et qu’avec les employés, nous avons une bonne ambiance d’équipe. Mais ça va être un défi de garder les gens intéressés à travailler ici et à rester si le projet est reporté davantage. Avec tous les problèmes au niveau des conditions de travail, notamment les unités exigües, le manque de ventilation et la chaleur l’été, le manque de postes informatiques, c’est difficile de recruter des gens dans ce contexte-là », expose M. Brosseau.
Le médecin souligne que plusieurs unités de soins intensifs ont été rénovées au cours des dernières années sur le territoire montréalais, ce qui rend ces milieux de travail beaucoup plus attrayants pour les nouveaux diplômés en santé. « On a maintenant sept lits fermés sur 21 aux soins intensifs de HMR par manque de personnel », illustre-t-il à titre de comparaison.
Indignation et incompréhension dans l’est
Annoncé en 2023, le projet de rénovation de HMR devait initialement débuter en 2024. Par la suite, l’échéancier avait été repoussé à la mi-2025. Puis, à la fin mars, le ministre de la Santé a finalement annoncé que les travaux de reconstruction de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont ne commenceraient pas cet été. À l’heure actuelle, personne ne sait avec certitude quand ce chantier majeur et tant attendu sera réellement lancé.
Outre les usagers et employés de HMR, plusieurs acteurs de l’est et figures politiques ont partagé leur mécontentement suite à l’annonce du report des travaux.

Jean-Denis Charest, président-directeur général de la CCEM (Courtoisie)
Jean-Denis Charest, président-directeur général de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal (CCEM), dénonce depuis un certain temps la lenteur déconcertante et le manque de direction du projet d’agrandissement de HMR. Il n’a d’ailleurs pas tardé à aborder le sujet dès l’ouverture du Sommet de l’Est 2025, tenu lundi dernier au Stade Olympique de Montréal. Les participants du Sommet de l’Est ont notamment été invités à signer la lettre ouverte directement sur place.
« Après trois annonces et plus de dix ans de planification, il est plus que temps de lancer les travaux de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, et ce, dès ce printemps. Investir dans HMR, c’est assurer l’avenir d’une institution qui est le socle des services en soins de santé de l’est de Montréal mais également un pôle d’excellence, de formation et de recherche de pointe en santé au bénéfice de l’ensemble du Québec! Avec 80% de la population du Québec qui appui la demande d’accélérer ce projet, le gouvernement a non seulement la responsabilité d’agir, mais également toute la légitimité! », a partagé M.Charest dans un communiqué de presse publié en marge du lancement de la Coalition HMR.
Lors d’une entrevue accordée à EST MÉDIA Montréal en mars dernier, le président-directeur général de la CCEM avait notamment souligné que « chaque mois de retard [du chantier] coûte plus de 15 à 20 millions de dollars en inflation! (…). »
D’autres initiatives de mobilisation à venir
Selon le Dr Brosseau, plusieurs signatures seraient déjà apposées sur la pétition et d’autres partenaires devraient s’ajouter au mouvement de revendication « dans les prochains jours ».
« Maisonneuve-Rosemont, c’est un incontournable, un centre d’excellence notamment en termes de traitement en hématologie-oncologie, de greffe de moelle osseuse, de transplantation rénale. On traite des patients de l’est de Montréal mais aussi de Laval, de Repentigny et de la Rive-Sud. Toute cette situation va aussi avoir un impact sur la qualité de l’enseignement et de la recherche », souligne-t-il.
Le président du CMDPSF du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal affirme que les actions de pression se poursuivront si la lettre ouverte ne produit pas les résultats attendus. « On va continuer à sensibiliser la population pour essayer de convaincre le gouvernement de revenir sur sa décision, pour amorcer le projet dès que possible. »