
(Courtoisie du Centre des femmes de Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles)
9 octobre 2025Centre des femmes de Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles : 30 ans à soutenir les femmes dans la reprise de leur pouvoir
Cette année, le Centre des femmes de Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles fête son 30e anniversaire, marquant 3 décennies d’engagement envers les femmes de l’est, mais aussi de la province tout entière. La création de cet organisme est née d’un besoin concret : accompagner ces dernières dans des situations sociales ou personnelles en leur offrant un espace d’échange où trouver du soutien.
La fondatrice du Centre des femmes de Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles, Gisèle Pomerleau, a été la figure centrale qui a porté cette initiative et qui a donné vie à cet espace d’accompagnement il y a trois décennies. À la base, la mission de l’organisme était d’accompagner les femmes ayant des besoins juridiques et sociaux. « Dans l’est, il n’y avait à l’époque aucun organisme qui donnait cet espace aux femmes pour qu’elles puissent s’exprimer et briser leur isolement », ajoute Dorette Mekamdjio, directrice générale du Centre des femmes de Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles.

Dorette Mekamdjio, directrice générale du Centre des femmes de Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles (Courtoisie)
Auparavant, les femmes en situation de vulnérabilité s’entraidaient en s’appelant pour obtenir du soutien et des conseils, que ce soit pour aller à la cour, affronter des difficultés conjugales ou se protéger de la violence. De cette solidarité spontanée est né le projet du centre. « La mission est évolutive. Et aujourd’hui, le mandat du Centre des femmes, c’est vraiment d’offrir un environnement où elles vont pouvoir prendre la parole librement, tout en les accompagnant dans leurs divers besoins », explique la directrice générale.
À ses débuts, l’organisme visait principalement les femmes en situation de pauvreté, souvent dépendantes financièrement de leur conjoint et, donc, plus vulnérables face à la violence ou aux difficultés sociales.
Trente ans plus tard, le centre accueille des femmes de tous les milieux. « Il n’y a pas de profil type pour nos participantes. Nous avons des femmes de tous âges et de partout, de 20 ans à 82 ans, qui viennent chercher du soutien pour des problématiques diverses », souligne Dorette Mekamdjio.
L’organisme continue donc d’évoluer en fonction des réalités changeantes des femmes, que ce soit la conciliation travail-famille, la violence conjugale ou la santé mentale, un enjeu autrefois tabou, mais qui s’impose désormais dans le débat public.
Un espace de vie et d’accompagnement
Le Centre des femmes de Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles compte actuellement 12 intervenantes qui œuvrent quotidiennement auprès des usagères. Leur travail ne se limite pas à l’est de la métropole : l’organisme s’est progressivement imposé comme un espace sécuritaire au niveau municipal, provincial et même national, selon la directrice générale. « Nous avons même des femmes qui proviennent de l’Alberta », précise Mme Mekamdjio.
Le Centre des femmes offre un milieu de vie ouvert de jour, où les participantes peuvent suivre diverses activités et ateliers : estime de soi, projets artistiques, soutien administratif, cours de cuisine ou formation à l’utilisation des technologies comme le cellulaire, par exemple. « Ça permet vraiment aux femmes de côtoyer d’autres personnes dans leur situation et de renforcer leur confiance et leur autonomie. Ça leur donne aussi les outils nécessaires pour savoir où se diriger dans les différentes facettes de l’organisation de leur vie », explique la directrice générale.
En plus du soutien direct aux femmes, le centre a développé des volets destinés aux jeunes filles et aux aînées. « Aujourd’hui, nous avons mis en place des projets intergénérationnels. Pour la jeunesse, nous proposons notamment des ateliers socio-artistiques, et nous sommes largement reconnus comme un organisme offrant ce type d’activités à cette clientèle », explique Dorette Mekamdjio.
Un logement transitoire pour un nouveau départ
Inaugurée en l’honneur de la fondatrice de l’organisme, la Maison Gisèle-Pomerleau accueille des femmes de toute la province et offre un hébergement de deuxième étape pour celles ayant vécu de la violence, notamment conjugale. Elle comprend 20 appartements abordables et meublés, allant des studios à des logements de six pièces, destinés aux femmes avec ou sans enfants, qui peuvent y être logées jusqu’à 2 ans.
« Lorsque les femmes quittent la maison transitoire, plusieurs options s’offrent ensuite à elles. Elles peuvent intégrer un HLM pour un logement à long terme, trouver un logement privé chez des particuliers, avec ou sans aide au loyer (PSL), ou, si leur situation professionnelle le permet, devenir propriétaires ou louer un logement de manière autonome, selon leurs revenus », explique Mme Mekamdjio.
Bien que les intervenantes de l’organisme soient formées en psychosocial, en psychologie ou en criminologie, dans certaines situations, la Maison Gisèle-Pomerleau réfère les femmes vers d’autres logements mieux adaptés à leurs besoins, notamment lorsqu’elles nécessitent un suivi particulier en santé mentale que les intervenantes du centre ne peuvent assurer sur place.
Un centre qui transforme la vie des femmes
Après 30 ans de services, l’impact positif du Centre des femmes de Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles sur la vie des usagères se mesure autant par les changements matériels que par la reconstruction de l’estime de soi et de la confiance. Retour aux études, obtention d’un emploi ou meilleure gestion de leur vie familiale et professionnelle, de nombreuses participantes ont témoigné d’améliorations tangibles dans leur vie, explique Mme Mekamdjio. « La plupart aussi vont revenir en nous disant : « Vous avez changé ma vie. Aujourd’hui, je suis contente de revivre, je peux aller parler à mes enfants, je suis capable de répondre au téléphone, etc. » »
Et les témoignages ne se limitent pas qu’aux adultes, souligne la directrice générale. Des enfants ayant séjourné à la Maison Gisèle-Pomerleau ont également partagé leur reconnaissance avec l’équipe.
« On a reçu un témoignage écrit de la main des enfants d’une femme qui a séjourné avec nous qui disait : « On n’avait jamais vu maman aussi contente et joyeuse. Merci de l’avoir accompagnée dans sa transition. Séjourner chez vous a été la plus belle chose qui nous est arrivée » », raconte-t-elle avec émotion.

(Courtoisie du Centre des femmes de Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles)
30 ans de réussites… mais aussi de défis
Malgré ces succès et ces histoires qui finissent bien, l’organisme fait face depuis de longues années à des défis inévitables, principalement liés à la crise du logement et à l’instabilité de ses sources de financements. Le Centre des femmes de Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles doit aussi composer avec une augmentation constante de sa clientèle, ce qui exige une mobilisation importante de son personnel et de ses ressources.
« Par exemple, on crée des maisons d’hébergement, mais ensuite, on ne leur donne pas les moyens nécessaires pour bien fonctionner. Dans notre cas, nous devons composer avec la gestion des suppléments au loyer (PSL). Or, les bailleurs de fonds ne tiennent pas compte de la réalité des maisons d’hébergement ni des besoins, et financent « par projet ». Les programmes et les financements ne sont donc pas adaptés, ce ne sont pas des montants récurrents, à la mission. C’est donc un véritable défi pour nous, mais aussi pour la majorité des organismes communautaires », explique la directrice générale, qui juge passer parfois « plus de temps à courir pour avoir des subventions gouvernementales qu’à donner des services ».
Elle ajoute qu’avec la crise du logement actuelle, il n’est pas évident pour son équipe de reloger les femmes, de plus en plus nombreuses, à leur départ de la maison transitoire. Mme Mekamdjio indique que l’achalandage est aussi à la hausse au centre de jour. « Sur toutes nos listes d’activités, il y a une liste d’attente », résume-t-elle.
De plus, le financement disponible ne permet pas d’embaucher suffisamment d’intervenantes pour répondre à cet engouement, ce qui demeure un enjeu constant pour l’organisme.
Les projets d’avenir
Dans les années à venir, le Centre des femmes aimerait développer l’idée d’une maison de troisième étape, indique la directrice générale. Il s’agirait de logements permanents ou de long terme, offrant aux femmes la possibilité de s’installer durablement après la deuxième étape transitoire.
« À la deuxième étape, après un an ou deux, les femmes doivent quitter pour laisser leur place à d’autres. Une troisième étape permettrait de combler l’écart entre cette phase temporaire et l’accès à un logement permanent, en offrant une stabilité d’au moins cinq à six ans », explique Dorette Mekamdjio.

Affiche de l’événement du 30e anniversaire (Courtoisie)
À plus long terme, le Centre des femmes de Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles aimerait aussi se positionner comme un réseau intégré de soutien aux femmes et à leurs familles. « Nous sommes déjà un organisme incontournable dans l’est de la ville, mais notre ambition est de devenir un pôle de convergence qui rassemble plusieurs autres secteurs », précise Mme Mekamdjio.
Pour célébrer son 30ᵉ anniversaire, l’organisme tiendra un rassemblement festif dans les locaux du Centre communautaire Roussin de Pointe-aux-Trembles, le 17 octobre prochain. L’événement marquera également le coup d’envoi de la campagne de financement du Centre des femmes de Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles, prévue pour l’an prochain.
Les bénéficiaires auront l’occasion de s’y retrouver pour partager un moment convivial autour d’un bon repas. « Ce sera aussi le moment de revenir sur nos 30 années d’accomplissements, de mettre en valeur les parcours des femmes qui ont marqué le centre et de souligner l’implication des partenaires qui nous ont accompagnés », conclut la directrice générale.






