UN CENTRE COMMUNAUTAIRE À MERCIER-EST POUR RÉPONDRE À LA PÉNURIE DE LOCAUX
Un sondage réalisé auprès des résidents et des acteurs communautaires de Mercier-Est révèle un besoin urgent et croissant pour l’aménagement d’un centre communautaire dans le quartier. Le projet, qui a récemment été relancé par la table de concertation locale Solidarité Mercier-Est et la Corporation Mainbourg, a franchi une nouvelle étape et s’est donné un horizon de trois à cinq ans pour réaliser ses ambitions.
Dans un précédent article, EST MÉDIA Montréal apprenait que les deux organismes avaient remis sur la table l’idée de créer un centre communautaire dans le quartier, après que le projet ait été mis au rencard il y a plus de dix ans. Or, lors d’une rencontre du comité de développement social de la table de quartier, le 10 décembre dernier, les partenaires du milieu communautaire de Mercier-Est ont annoncé qu’une étape cruciale dans le processus de réalisation du projet, soit la mise en place d’un noyau fondateur, avait été complétée.
« On a créé le noyau au mois d’octobre. Au départ, pour que ce soit viable, on espérait avoir entre trois et cinq personnes dans l’équipe minimalement pour assurer la viabilité du projet. Finalement, c’est une quinzaine de personnes qui se sont portées volontaires, des gens qui proviennent d’une grande diversité de milieux, autant parmi les citoyens que parmi les organismes et même les bureaux des politiciens locaux. On voit que ça vient confirmer l’engouement pour le projet », assure Amélie Proulx, coordonnatrice du volet développement social pour Solidarité Mercier-Est.
De plus, un sondage mené auprès d’environ 400 individus (350 citoyens et une quarantaine d’organismes) a révélé des besoins impérieux pour la mise en place de locaux communautaires abordables et faciles d’accès dans le quartier.
« Les principaux besoins identifiés dans le formulaire concernent la création d’espaces permanents, d’un gymnase pour des activités sportives et récréatives, de locaux pour des réunions occasionnelles, d’une cuisine communautaire et de salles « modulables » du type studio de danse et atelier d’art », énumère Mme Proulx.
Par ailleurs, les partenaires se sont accordés pour baptiser le projet. Celui-ci est désormais connu sous le nom de Centre récréosportif de Mercier-Est. Les acteurs se sont donnés pour objectif d’ouvrir les portes de l’établissement d’ici trois à cinq ans, un échéancier optimiste, reconnaît la coordonnatrice. « On avance cela, tout en sachant que ce genre de projet peut durer beaucoup plus longtemps à se réaliser », indique-t-elle.
En effet, un dossier similaire, celui de la Maison communautaire de Saint-Michel lancé en 2017, a dû attendre jusqu’à cette année avant de recevoir le financement de 10 M$ nécessaire à sa construction de la part du gouvernement fédéral. Pendant des années, le projet a été à la recherche d’un terrain où bâtir son édifice, jusqu’à ce que l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension propose en 2020 de lui céder un lot de terre sur lequel se trouve le jardin communautaire le Michelois.
Difficile de loger les organismes
Mme Proulx ne le cache pas, la situation est précaire pour la plupart des organismes communautaires de Mercier-Est en ce qui concerne les locaux. « La réalité de divers organismes est qu’ils sont logés dans des locaux qui ne sont pas adaptés à leurs opérations. Ceux-ci ne peuvent donc pas déployer toute l’offre qu’ils souhaiteraient », insiste-t-elle.
Le Frigo Communautaire et Solidaire de l’Est a récemment confié à EST MÉDIA Montréal avoir traversé une crise en 2023, marquée par la fermeture de ses locaux pendant six mois faute de trouver des espaces adaptés et abordables dans Mercier-Est. L’organisme d’aide alimentaire a été forcé de déménager dans le quartier voisin de Mercier-Ouest pour maintenir ses opérations.
Le manque de locaux abordables est aussi un frein à la création de services dans le secteur, notamment auprès des nouveaux arrivants, insiste Mme Proulx. « On a de la difficulté à attirer les organismes dans le quartier à cause de cela. Par exemple, on a connu dernièrement un afflux de réfugiés et d’immigrants dans Mercier-Est, mais nous n’avons aucun organisme dont la mission est d’intervenir à ce niveau », explique la coordonnatrice.
Ces nouveaux besoins ont pour effet d’alourdir la tâche des organismes déjà présents sur le terrain, qui se voient obligés d’improviser le déploiement de services adaptés à cette clientèle. « On souhaiterait vraiment pouvoir ouvrir un point de service en immigration pour répondre à ces besoins, notamment ceux des demandeurs d’asile, qu’on n’a jamais connus précédemment. C’est pour cela que la création d’un centre communautaire est plus nécessaire que jamais », conclut Amélie Proulx.