Caverne de Saint-Léonard - Animation - Photo Guillaume Pelletier

Visite dans la Caverne de Saint-Léonard. (Photo : Guillaume Pelletier).

LA CAVERNE DE SAINT-LÉONARD : UNE ATTRACTION À NULLE AUTRE PAREILLE

Phénomène naturel unique au Québec, et même au monde, la Caverne de Saint-Léonard est un lieu d’attraction incontournable quand il s’agit d’explorer les mystères de la spéléologie. Une impressionnante nouvelle galerie, découverte en 2017 par le spéléologue Daniel Caron et son collègue Luc Leblanc, sera prochainement accessible au public.

Découverte par un heureux hasard en 1812, la Caverne de Saint-Léonard continue d’accueillir depuis des décennies des milliers de curieux fascinés par cette grotte hors du commun. « À partir de cette époque, jusqu’en 1968, la caverne a été ouverte aux visites. Elle était assez modeste, environ 40 mètres de longueur, avec à l’intérieur un petit puit de 6 mètres. À ce moment, elle était sur une terre agricole et les gens s’y rendaient par les sentiers environnants. Lorsque Saint-Léonard s’est développée, des habitations et des rues se sont construites autour d’elle. À la suggestion d’un géologue, la Ville a décidé à la fin des années 60, pour des raisons de sécurité, de fermer l’entrée », explique Daniel Caron.

Le spéléologue Daniel Caron (photo : Luc Leblanc).

En 1979, l’organisme privé à but non lucratif Spéléo Québec dépose un mémoire à la Ville de Saint-Léonard dans lequel elle propose d’ouvrir de nouveau l’accès à la caverne, pour que celle-ci puisse être expertisée par des personnes plus outillées que les géologues de l’époque. « L’idée était de voir si nous pouvions l’utiliser à des fins récréatives et éducatives. La Ville de Saint-Léonard a accepté, et une étude de la caverne a démarré. En 1981, l’entrée a été aménagée pour permettre les visites. Depuis, Spéléo Québec anime, durant la saison estivale, des excursions dans la grotte », précise l’expert. 

Cavité à la formation insolite en milieu urbain

Bien que la province compte plusieurs cavernes, celle de Saint-Léonard est l’unique à avoir été creusée par la force des glaces, il y a environ 13 000 ans.

« Sa formation la rend unique au monde. La plupart des cavernes de la planète, je dirais 95% du temps, sont formées à partir de courants d’eau qui pénètrent sous la terre, creusent la roche et la dissout, pour finalement former des galeries. La Caverne de Saint-Léonard suit un processus de formation complètement différent. Elle a été formée par le passage des glaciers, qui recouvraient complètement Montréal à cette époque. Leurs mouvements et la pression qu’ils ont exercée ont carrément disloqué le roc et ouvert des fissures dans celui-ci », explique Daniel Caron.

Alors qu’elle se trouvait en milieu rural lorsque l’on pris connaissance de son existence, elle est aujourd’hui installée en plein milieu d’une zone urbaine, dans le parc Pie-XII, une situation géographique plutôt rare qui participe également à rendre la caverne particulièrement spéciale, selon le spéléologue. « C’est un phénomène insolite, très peu fréquent, une caverne en plein cœur d’une métropole. » 

Accès navigable dans la caverne (photo courtoisie).

Cet emplacement de choix représente une opportunité très intéressante, non seulement pour Saint-Léonard, mais aussi pour l’est de Montréal, de bonifier son offre de tourisme, croit le spécialiste des cavernes. « L’arrondissement et notre organisme sont convaincus que ce patrimoine naturel est un outil important de développement à la fois culturel, éducatif, mais aussi économique. La caverne se trouve directement sur les axes de développement du transport en commun, près du nouveau métro de la ligne bleue et des pistes cyclables. »

Résidents de Montréal ou d’ailleurs, petits et grands, peuvent donc facilement s’y rendre pour explorer la partie historique de l’impressionnant souterrain, accompagnés d’un guide-spéléologue. Une projection audiovisuelle expliquant le processus de formation des cavernes est également incluse dans la visite.  « À l’intérieur, on retrouve des stalactites, et les visiteurs ont aussi accès à la nappe phréatique de Montréal. Ce qui est très impressionnant, c’est la forme des galeries qui sont très rectangulaires, à cause de la formation par les glaciers. Les murs et les plafonds sont aussi très droits, ce qui est inusité », précise Daniel Caron. 

L’incroyable découverte de la deuxième galerie 

Galerie de la Radiesthésie (photo courtoisie).

En 2017, Daniel Caron et son collègue spéléologue Luc Leblanc décident de reprendre les travaux déjà amorcés dans la grotte, qui visaient à désobstruer le fond de celle-ci à la recherche d’une prolongation des galeries. Une démarche qui se révèle fructueuse au plus grand bonheur des deux passionnés.  « Nous avons découvert la suite de la caverne. Elle était maintenant d’une dimension de 400 mètres, donc 10 fois sa grandeur initiale! La grotte a ainsi atteint une sorte de renommée internationale depuis. »

Encore peu sécuritaire pour les explorateurs amateurs, la deuxième galerie n’est toujours pas accessible au grand public, nous confirme le spéléologue.  « Les experts en spéléologie peuvent s’y rendre, mais pas le commun des mortels, simplement car les aménagements ne sont pas adéquats pour accueillir la population. Notre concept d’aménagement futur prévoit possiblement d’installer une partie où tous peuvent se rendre, même des personnes ayant un handicap physique, et d’autres parties aux degrés de difficulté variables, dont un accès qui serait éventuellement navigable. »

Un centre muséologique à venir

À quand l’ouverture de la nouvelle partie de la caverne? Daniel Caron ne peut s’avancer sur une date précise, mais confirme que ce ne sera pas pour la saison estivale 2023. Il espère cependant que les travaux d’aménagement envisagés pourront débuter le plus rapidement possible. Pour l’instant, la recherche de supports financiers suit toujours son cours. 

« Nous collaborons beaucoup avec l’arrondissement pour bâtir ce projet qui vise à rendre la caverne plus facile d’accès. Nous voulons aussi aller beaucoup plus loin avec la construction d’un centre d’interprétation, un bâtiment qui va permettre d’en apprendre davantage sur la caverne et sa formation, un lieu où on trouvera des expositions sur ses composantes, par exemple. Le centre sera unique au Canada, et même en Amérique du Nord », précise-t-il.

Même si le projet en est encore à ses balbutiements, des démarches ont été amorcées selon le spéléologue, entre autres « des plans préliminaires d’architecture, un survol des modifications au niveau du zonage et des initiatives de protection du boisé situé au-dessus de la caverne. »

La partie historique de la Caverne de Saint-Léonard sera ouverte au public dès juin 2023. Consultez le site web de Spéléo Québec pour plus de détails sur les horaires de visite.


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