CAMILLE-LAURIN : LA CIRCONSCRIPTION DE TOUTES LES SURPRISES
On ne l’appelle plus Bourget. Sous la recommandation du député sortant, le caquiste Richard Campeau, la circonscription porte maintenant le nom de Camille-Laurin. Le père de la loi 101 et membre fondateur du Parti Québécois, député de Bourget pendant 16 ans, doit se réjouir là-haut de voir les projecteurs se braquer sur son comté, et surtout de voir le chef du PQ sprinter au final vers une réelle chance de victoire. Une situation peu probable en début de course alors que les intentions de vote plaçaient le PQ bon 3e derrière la CAQ et Québec solidaire.
La bonne étoile de PSPP
Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit-on. C’est certainement le cas avec la gaffe monumentale faite par la candidate de Québec solidaire, Marie-Ève Rancourt, prise sur le fait de retirer un dépliant de son adversaire péquiste dans une boite aux lettres au profit de son propre document promotionnel. Obligée bien évidemment de se retirer de la course lundi dernier, s’en était alors fait des ambitions de Québec solidaire pour la circonscription de Camille-Laurin, la formation politique ayant beaucoup investi dans le comté pour étendre son emprise dans l’est de Montréal. Grosse, grosse déception donc pour l’état-major de QS… mais du même souffle, quelle chance inouïe pour le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon.
Ainsi, le retrait de la candidate de Québec solidaire, combiné à l’excellente campagne que livre actuellement le chef du Parti Québécois, placeraient en date d’aujourd’hui Paul St-Pierre Plamondon pratiquement nez à nez avec son adversaire caquiste Richard Campeau, selon le site de référence qc125. Si la tendance se maintient, il pourrait donc reprendre le comté qu’avait perdu en 2018 le péquiste Maka Kotto. S’il y arrive, la dynamique politique dans l’est de Montréal risque d’être fort différente, freinant notamment une avancée de la CAQ qui compte passer de 2 à 3 députés sur le territoire lundi prochain avec une possible victoire de la candidate Karine Boivin Roy dans Anjou.
Ceci étant dit, malgré plusieurs tentatives, il a été impossible pour EST MÉDIA Montréal de nous entretenir avec Paul St-Pierre Plamondon depuis le début de la campagne. Chaque rencontre prévue étant annulée à la dernière minute, il ne semblait pas y avoir d’opportunité dans l’agenda du chef ces trois derniers jours alors que nos demandes sont demeurées sans réponse. La presse locale passerait donc au second rang face aux nombreuses sollicitations médias pour le chef, surtout en fin de campagne. Dommage tout de même. Son prédécesseur, Jean-François Lisée, député de Rosemont lors de la course de 2018, était beaucoup plus accessible alors que la presse locale avait même accès aux coulisses de son organisation quelques jours pendant la campagne. Pour le présent exercice sur le discours des candidats de Camille-Laurin, nous nous contenterons donc de son communiqué de presse envoyé aux médias concernant son programme pour l’est de Montréal. L’entrevue avec Richard Campeau s’est déroulée le 12 septembre dernier, alors que nous avions réalisé le même exercice avec Mme Rancourt, le 2 septembre.
Campeau garde le cap
Le député sortant Richard Campeau dit ne pas s’en faire outre mesure de ses adversaires, même si le chef du PQ en fait parti. Il mène sa campagne en fonction de ses idées et ses valeurs et en fonction de la plateforme de la Coalition Avenir Québec. « Je fais la même chose qu’en 2018, je mets le paquet et je ne m’occupe pas trop des autres. Je ne les ignore pas, j’entends leurs attaques et leurs commentaires, mais je ne réponds pas à ça. Je préfère qu’on discute des idées, pas des individus », affirme-t-il.
Confiant de conserver son siège à l’Assemblée nationale, le candidat de la CAQ trace sans surprise un bilan positif de son premier mandat, mettant en lumière notamment son implication dans la nouvelle réglementation concernant le système de consigne; le fait que la première distribution gratuite de masques pendant la pandémie s’est déroulée sur son territoire (en compagnie du premier ministre François Legault et des joueurs du Canadien de Montréal); le changement de nom de la circonscription Bourget devenue Camille-Laurin; ou encore sa fierté d’avoir aménagé le tout premier bureau carboneutre pour un député au Québec. « Ça a l’air de rien, mais ce geste a influencé un certain mouvement chez les députés. Au début je payais moi-même les frais pour la transformation de mon bureau, mais comme le Bureau de l’Assemblée nationale (BAN) trouvait l’idée intéressante, les députés peuvent maintenant mettre des frais de carboneutralité dans leur budget », avance M. Campeau.
Quant à l’incontournable projet du REM de l’est, le député sortant dit comprendre les inquiétudes des résidents du comté de voir un jour un train aérien traverser le secteur, mais selon lui la décision d’enfouir ou non cette portion du REM n’est pas encore arrêtée. « Initialement, quand le projet prévoyait un tracé aérien le long de Sherbrooke, j’ai été marcher avec des groupes de pression. Là on parle maintenant de Souligny en aérien, mais il est possible que l’ARTM, le nouveau maître d’œuvre du projet, propose une autre solution, rien n’est encore décidé. Il faut rester optimiste, laisser l’ARTM travailler, et je suis convaincu qu’une solution intéressante sera proposée. Est-ce qu’on va faire 100 % d’heureux? Non. Mais on va essayer de faire le maximum pour que l’acceptabilité sociale soit au rendez-vous. »
Dans le dossier controversé de Ray-Mont Logistiques, Richard Campeau ne croit pas qu’un BAPE soit possible, malgré les promesses en ce sens de Québec solidaire et du Parti Québécois. « Un député ne décidera pas si le ministère va imposer un BAPE ou pas. Ça appartient au ministère de l’Environnement de décider si ses critères sont respectés, pas au politique, et jusqu’à maintenant le ministère n’envisage pas de BAPE. Aussi il s’agit d’un terrain et d’une réglementation d’usage qui sont sous juridiction municipale. Si Ray-Mont Logistiques est en règle aux yeux de la Loi, c’est difficile pour un député de faire arrêter les activités de l’entreprise, même si je comprends que la situation ne fait pas l’affaire de tout le monde », soutient le député sortant.
Pourquoi la CAQ devrait-elle être réélue dans Camille-Laurin lundi prochain? « Parce que nous nous sommes engagés à reconstruire l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, à mettre les budgets nécessaires, on ne se limite pas à 2,5 milliards $ comme certains l’ont dit ces dernières semaines. Parce qu’on va aller de l’avant avec une nouvelle mouture du REM de l’est qui sera proposée bientôt sous l’égide de l’ARTM. Parce que nous allons rénover complètement le CHSLD Jeanne-Le-Ber. Parce qu’on propose la construction d’un petit hôpital privé dans l’est pour désengorger Maisonneuve-Rosemont et Santa-Cabrini. Parce qu’on va remettre de l’argent dans les poches des contribuables qui en ont besoin pour contrer l’inflation. Entre autres! », conclut Richard Campeau.
Les 12 travaux du PQ
Du côté du Parti Québécois, on propose 12 engagements « concrets et nécessaires » pour relancer l’est de Montréal. « Le Parti Québécois a une longue tradition de défense de l’est de Montréal, un secteur qui est malheureusement sous-financé et laissé pour compte depuis trop longtemps. Ce n’est pas normal qu’on ne donne pas les mêmes outils pour réussir aux citoyens de l’est qu’à ceux d’ailleurs à Montréal. Quand je vois l’état de certaines infrastructures essentielles, comme l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, quand j’apprends que la qualité de l’air réduit l’espérance de vie, quand je constate l’absence de transport collectif adéquat, je trouve cela inacceptable. Il faut sortir de l’immobilisme, et c’est d’abord une question de volonté politique », a souligné Paul St-Pierre Plamondon par voie de communiqué cette semaine.
Le plan du PQ pour l’est de Montréal en 12 points :
- Accélérer les travaux de reconstruction de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont pour qu’ils soient réalisés dans les plus brefs délais, et augmenter le nombre de professionnels de la santé per capita;
- Soutenir le développement d’un pôle stratégique des énergies vertes pour diversifier la vocation industrielle et polluante de l’est de Montréal en faveur de la nouvelle économie;
- Déposer une nouvelle loi 101 afin que cesse le déclin de la langue française;
- Lutter contre la crise du logement en augmentant l’offre de logements sociaux, en abolissant la clause F du bail et en taxant davantage les « flips » et les investisseurs étrangers;
- Implanter un réseau de transport collectif structurant dans les plus brefs délais, après avoir consulté les citoyens; de plus, un gouvernement du Parti Québécois enfouira toute infrastructure de transport dans les secteurs résidentiels;
- Accélérer la décontamination des terres dans l’est, et assurer une requalification de ces terrains par un aménagement et un développement cohérents, notamment en vue du pôle des technologies vertes;
- Mettre en place un BAPE concernant l’entreprise Ray-Mont Logistiques;
- Mettre sur pied un programme de dédommagement pour les « sinistrés de Tétreaultville »;
- Implanter, conjointement avec la Direction régionale de santé publique de Montréal et la Communauté métropolitaine de Montréal, un comité sur le resserrement des normes d’émission de particules et de métaux dans l’air;
- Doubler les budgets actuels afin d’embaucher une centaine de nouveaux policiers et d’experts pour lancer une vaste opération de saisie d’armes;
- Afin de faire face au vieillissement de la population, une réalité présente dans l’est, prendre un véritable virage vers les soins à domicile en triplant le nombre d’heures offertes;
- Devancer et accélérer la réfection des nombreuses écoles vétustes de l’est de Montréal, en augmentant les investissements au PQI et en rendant les écoles prioritaires dans l’ordre des travaux de rénovation.
Aux yeux de Paul St-Pierre Plamondon ce dont l’est a le plus besoin, actuellement, c’est d’une voix forte, de députés qui vont s’approprier les dossiers et faire des suivis rigoureux, d’élus qui vont faire bouger les choses. « Avec le talent de notre équipe, avec ses compétences et son bagage diversifiés, je suis persuadé que nous arriverons à briser ce cycle de marginalisation. Avec la CAQ, malheureusement, les citoyens n’obtiennent que des députés sans droit de parole sans pouvoir pour faire avancer les dossiers. On l’a vu quand ça va contre les intérêts de la CAQ, c’est silence radio. Il faut changer cette dynamique-là. Moi, je demande aux citoyens de Mercier-Est de m’élire comme je demande à ceux de tout l’est de Montréal de choisir notre équipe pour cette raison : pour avoir des représentants de leurs intérêts à l’Assemblée nationale au lieu d’avoir un représentant de la CAQ dans leur circonscription » termine le chef du Parti Québécois.
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