Photo: Instagram/ÉMAM

CAMAQ : L’AÉROSPATIAL FACE AUX DÉFIS

Depuis près de 40 ans, le Comité sectoriel de main-d’œuvre en aérospatiale (CAMAQ) a pour mission de faire le pont entre les finissants en aérospatiale et l’industrie. Situé en plein cœur de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, l’organisme doit relever de nouveaux défis au lendemain de la pandémie et en pleine période de pénurie de professionnels.

Créé en 1983, le CAMAQ est en partie responsable de la création de programmes de formation qui permettent chaque année de renflouer les rangs de grandes entreprises établies au Québec telles que Bombardier et Airbus. C’est grâce à un partenariat entre le ministère de l’Éducation du Québec, l’ancienne Commission des écoles catholiques de Montréal et le CAMAQ que voit le jour, en 1994, l’École des métiers de l’aérospatiale de Montréal (ÉMAM). Encore aujourd’hui, l’organisme garde des liens étroits avec l’ÉMAM, ses bureaux étant logés dans les locaux de cette dernière sur la rue Chauveau. Par ailleurs, jusqu’en 2005, le CAMAQ assure la coordination de l’Association québécoise de l’aérospatiale et la même année, il participe à la mise sur pied et à la gestion de l’Institut de formation aérospatiale, qui constitue un guichet unique en matière de formation en entreprise dans le domaine de l’aérospatiale.

« Notre rôle principal, c’est l’adéquation au niveau des compétences de main-d’œuvre et des pratiques RH dans les entreprises. On détermine quels sont les besoins des entreprises à court, moyen et long terme et nous mettons sur pied des diagnostics et des recensements sur une base régulière », explique Mario Sabourin, directeur général par intérim du CAMAQ.

En prenant le pouls de l’industrie à tous les niveaux, le comité peut ensuite répondre à ses besoins en communiquant avec les écoles de formation en aérospatiale telles que l’ÉMAM et l’École nationale d’aérotechnique, allant même jusqu’à promouvoir la création de nouveaux programmes sur mesure. Le CAMAQ va aussi chercher des subventions auprès d’organismes comme Emploi Québec pour soutenir le milieu de la formation.

atelier ÉMAM

Atelier de l’ÉMAM (photo : EMM).

L’implication du CAMAQ dans le milieu a aidé à faire du Québec et du Canada les fleuron du domaine. Notons qu’en 2021, l’industrie de l’aérospatiale a contribué pour plus de 24 milliards de dollars au produit intérieur brut du pays, selon un compte rendu du gouvernement fédéral. De façon plus spécifique, l’industrie aérospatiale montréalaise occupe le 3e rang sur la scène mondiale en termes de production manufacturière, derrière Seattle et Toulouse.

L’après-COVID et la main-d’œuvre

Aujourd’hui, le secteur de l’aérospatiale doit faire face à de nouveaux défis. Juste avant le début de la pandémie en février 2020, le quotidien Le Journal de Montréal rapportait que l’annonce de la vente de la division d’avions d’affaires de Bombardier avait sapé le moral des jeunes en formation. L’entreprise ne s’est finalement pas départie de cette division, mais plusieurs étudiants ont tout de même quitté les bancs d’école à l’époque par crainte de ne pas trouver d’emploi à la fin de leur formation.

Puis, la COVID frappe durement l’industrie. Selon un diagnostic sectoriel réalisé en 2020, le CAMAQ rapporte que dans le secteur du transport aérien, 13 075 mises à pied temporaires et 7 895 permanentes découlent des contrecoups de la crise sanitaire. Dans le secteur de la fabrication, ce sont 10 880 mises à pied temporaires et 2 900 permanentes qui surviennent dans le sillage des quarantaines et de la mise en arrêt des opérations.

L’industrie aérospatiale, comme plusieurs autres, a depuis repris du poil de la bête, mais un nouvel enjeu mine sa croissance : la pénurie de main-d’œuvre. D’après le Rapport annuel CAMAQ 2021-2022, 60,7% des entreprises en fabrication sondées par l’organisme disent être de retour à un niveau d’activité égal ou supérieur à la période prépandémique, alors qu’en transport aérien, 70,5% des entreprises confient avoir atteint un niveau d’activité égal ou supérieur à la période pré-COVID-19. Cependant, on estime qu’au cours des 10 prochaines années, il faudra combler 37 902 postes dans l’industrie au Québec et que 61 % de ceux-ci sont des postes existants pour lesquels un remplaçant devra être trouvé, soit 23 412 postes. Les machinistes et programmeurs, ingénieurs et manutentionnaires sont les trois catégories de métiers qui seront le plus touchés par la pénurie d’ici 2023, d’après le document.

Selon M. Sabourin, combler le vide laissé par les employés qui partiront à la retraite dans les prochaines années est une des principales embûches que devra surmonter l’industrie. « On examine plusieurs pistes de solution, incluant la possibilité d’attirer plus d’étudiants et de travailleurs provenant de l’étranger », souligne ce dernier. Le directeur par intérim du CAMAQ reste toutefois sûr que Montréal conservera sa position privilégiée sur l’échiquier mondial de l’aérospatiale. « Il faut rester vigilant, mais on a une belle collaboration avec tous les milieux; les entreprises, les syndicats et les écoles, on est tous là-dedans pour trouver des solutions au manque de main-d’œuvre et pour rester à la fine pointe des procédés. »