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UN CAFÉ AVEC… PÉNÉLOPE MCQUADE

Depuis vingt ans, l’animatrice Pénélope McQuade est une fière résidente de l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Terre-à-terre, la tête d’affiche d’Ici Radio-Canada est très engagée face aux enjeux de son quartier. EST MÉDIA Montréal a eu la chance de la rencontrer récemment via vidéoconférence, un après-midi de semaine.

EST MÉDIA Montréal : Pourquoi avoir choisi le quartier Hochelaga-Maisonneuve pour vous y installer?

Pénélope McQuade : J’ai habité dans l’est de Montréal presque toute ma vie. Je suis née à Québec, mais j’ai résidé dans le Village pendant 15 ans et ça fait 20 ans que je vis à Hochelaga. C’était vraiment un choix conscient que j’ai fait, d’habiter dans ce secteur, car j’adore les quartiers ouvriers. Je suis toujours ambivalente par rapport à mes consoeurs et mes confrères professionnel.les qui vont vivre dans des quartiers plus huppés ou dans des ghettos intellectuels. Je tiens à voir les vestiges du monde ouvrier quand je sors dans la rue, quand je regarde l’architecture, j’aime connaître l’histoire de mon quartier.

EMM : Comment avez-vous vécu l’évolution du coin depuis 20 ans?

PM : Quand je suis arrivée ici au début des années 2000, il y avait beaucoup de commerces qui fermaient. Le Marché Maisonneuve n’était pas ce qu’il est aujourd’hui. En 20 ans, j’ai vécu deux vagues de gentrification (aussi appelée embourgeoisement). Je ne suis pas folle de ce concept, j’en suis même très méfiante. Quand un quartier se met à bâtir des condos pour qu’une nouvelle population arrive, quand les prix des loyers montent ou quand des restaurants inabordables pour les gens qui y vivent ouvrent dans le secteur, quand on dénature un quartier en ouvrant un paquet de commerces branchés qui ne répondent pas aux besoins de ses résidents, c’est très dommageable pour le coin lorsque cela est fait à outrance. Actuellement, nous sommes selon moi à la limite de l’embourgeoisement acceptable dans le quartier. Il est même possible de constater de la résistance, car il arrive qu’il y ait du vandalisme lorsqu’un nouveau commerce ouvre ses portes. Souvent, la population initiale se sent rejetée, exclue. Une vie de quartier doit servir avant tout ses résidents, et non une nouvelle clientèle de personnes qui décident de venir s’y installer parce que les condos sont pas chers. J’ai acheté mon condo dans un ancien édifice abandonné. Malgré tout, je n’aurais pas voulu qu’on rase un édifice patrimonial afin de le transformer en tour à condos, dans le seul but de pouvoir acheter une propriété pas chère, parce que les gens sont pauvres dans le quartier. Alors, oui, j’aime comment l’évolution s’est faite à Hochelaga-Maisonneuve pendant 20 ans, mais je ne voudrais pas que le quartier soit dénaturé.

EMM : Malgré votre popularité et votre carrière, vous êtes donc une femme très « groundée » dans votre environnement! Est-ce que vous allez parfois manger des déjeuners au restaurant du coin?

PM : Absolument. Je n’ai pas d’auto, je me déplace en scooter, je fais mes courses au Marché Maisonneuve et je vais manger mon smoked meat chez Gerry’s, qui est une institution dans le quartier depuis longtemps!

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EMM : Pourquoi c’est important pour vous ce genre de vie de quartier?

PM : Ce sont les gens que je croise dans la rue tous les jours qui m’ont permis depuis 25 ans de faire mon métier. Après avoir animé des émissions à la télé ou à la radio, un moment donné, une bonne partie de la population commence à te connaître. C’est pour eux que je fais ce métier. Je veux savoir quelles sont leurs préoccupations, je souhaite découvrir constamment quel est le monde dans lequel on vit tous… Il y a dix ans, j’ai eu un grave accident de voiture, et les gens m’en parlent encore. Je suis une intervieweuse, et j’ai choisi ce métier-là, car je suis curieuse des gens.

EMM : Quels sont les enjeux qui préoccupent les citoyens d’Hochelaga-Maisonneuve selon vous?

PM : Le quartier a été un des plus pauvres au Canada pendant longtemps. Alors, la précarité financière est un enjeu important. Et la précarité vient souvent avec les problèmes de santé, de santé mentale, d’accessibilité alimentaire et de logement.

EMM : Est-ce que vous êtes impliquée dans une cause qui touche particulièrement votre quartier?

PM : Pendant la pandémie, j’ai fait un don substantiel à l’organisme Robin des Bois, un restaurant où travaillent des bénévoles. Les profits sont remis à des causes. J’ai appelé l’organisme et j’ai fait livrer sur plusieurs fins de semaine 200 repas à des familles dans mon quartier, qui étaient dans le besoin. Et je suis aussi porte-parole de la Fondation de l’Hôpital Sacré-Cœur situé dans Ahuntsic-Cartierville.