BOUL. DE L’ASSOMPTION : LE DÉPUTÉ D’HOCHELAGA-MAISONNEUVE VEUT FAIRE PRESSION SUR LA VILLE
Le député d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, veut lancer un mouvement afin de s’opposer aux plans de la Ville de Montréal et du ministère des Transports du Québec (MTQ) quant à un éventuel prolongement du boulevard de l’Assomption dans le boisé Steinberg.
La semaine dernière, l’élu de Québec solidaire s’est joint au groupe citoyen Mobilisation 6600 et s’est objecté au projet présenté par l’administration de Valérie Plante, le 26 mars dernier.
En effet, une des deux options mises sur la table pour améliorer la gestion du camionnage et des nuisances liées à la circulation automobile dans le secteur de l’Assomption Sud entrevoit de déboiser un espace et d’en aménager environ 15 % en friche, selon les estimations de la Ville. Cette première version permettrait de désenclaver les quartiers résidentiels avoisinants.
L’alternative propose plutôt de créer un axe nord-sud sur une portion du terrain de Ray-Mont Logistiques (au sud du boisé) et irait vers l’est, sur l’avenue Souligny. La Ville croit que cette option déplacerait une partie de la pression routière anticipée sur les quartiers résidentiels.
Or, pour M. Leduc et les militants de Mobilisation 6600, la première option « ne fera qu’ajouter des nuisances et permettre à l’industrie du conteneur de s’étendre au-delà des limites du port, dans les milieux de vie », peut-on lire dans un communiqué diffusé conjointement. En effet, en entrevue avec EST MÉDIA Montréal, le député solidaire a confirmé craindre qu’un prolongement du boulevard de l’Assomption ne vienne « détruire le tiers ou même plus du tiers » du boisé, dont une partie a pu être préservée en 2019 grâce à une entente entre la Ville de Montréal et Hydro-Québec, précédemment propriétaire d’une importante portion du terrain. « Il serait un peu paradoxal de « scrapper » entre 30 % ou 40 % du boisé après s’être battus si longtemps pour le préserver », insiste M. Leduc.
Ce dernier est d’avis qu’un prolongement du boulevard de l’Assomption n’a jusqu’à ce jour pas été pleinement justifié. « On n’a pas vraiment fait la démonstration de besoins clairs pour ce chantier », ajoute-t-il.
De plus, l’élu d’Hochelaga-Maisonneuve se désole du fait que le MTQ s’en soit « lavé les mains », en remettant à la Ville de Montréal la responsabilité de monter entièrement ce projet. Devant ce constat, M. Leduc espère donc « peser dans la balance » en convainquant l’administration montréalaise de ne pas aller de l’avant avec son projet de prolongement de l’Assomption et d’étudier d’autres options qui se présentent à elle, telles que la pérennisation de la voie temporaire reliant le Port de Montréal à la rue Dickson par l’entremise du viaduc récemment construit au-dessus de la rue Notre-Dame.
Afin de faire encore davantage pression sur la Ville, le député entrevoit aussi de diffuser une lettre conjointe avec Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti Québécois et député de la circonscription voisine, Camille-Laurin. « Je veux que ça soit clair que l’ensemble des députés du secteur, peu importe leur allégeance politique, sont en désaccord avec cette idée-là », affirme M. Leduc.
Contacté par EST MÉDIA Montréal, le cabinet de M. St-Pierre Plamondon s’est gardé de commenter la sortie de son comparse d’Hochelaga-Maisonneuve, mais a confirmé qu’une annonce concernant le prolongement du boulevard de l’Assomption sera bientôt faite.
Analyse en cours
Le cabinet de la mairesse de Montréal fut pour sa part laconique dans sa réponse au député solidaire. Dans un courriel, on rappelle que « M. Leduc avait été rencontré en amont de la présentation du 26 mars pour lui présenter les scénarios ».
D’ailleurs, à l’occasion de cette présentation, une porte-parole de Mobilisation 6600, qui s’oppose au projet de prolongement du boulevard dans le boisé, avait été invitée par la Ville pour faire part de ses arguments . À la suite de cette soirée d’information, le cabinet indique que la Ville a « sondé la population et récolté leurs opinions ».
« L’analyse des résultats de cette consultation se poursuit et des études complémentaires sont en réalisation. Nous reviendrons présenter le résultat de ces analyses à la population à l’automne 2024 afin de retenir un scénario final d’aménagement », poursuit le cabinet de Mme Plante dans son courriel. On rappelle par la même occasion que l’administration « est mobilisée depuis plusieurs années pour préserver les espaces verts dans le secteur Assomption Sud–Longue-Pointe, dont fait partie le boisé Steinberg. C’est d’ailleurs grâce au fruit d’une entente conclue avec Hydro-Québec que nous avons pu sauver une grande partie de ce dernier en 2019 ».
Au moment d’écrire ces lignes, le cabinet de la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, responsable du MTQ, n’avait pas répondu aux demandes d’entrevues envoyées par EST MÉDIA Montréal.