Caroline Bourgeois, mairesse de l’arrondissement de RDP-PAT. (Photo : EMM).

ENTRÉE RÉUSSIE POUR CAROLINE BOURGEOIS

La victoire in extremis de Projet Montréal et de sa candidate Caroline Bourgeois à la mairie de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies−Pointe-aux-Trembles, en décembre 2018, aurait pu annoncer une période de gouvernance difficile dans la Pointe-de-l’Île. Avec quatre élus sur six au Conseil d’arrondissement, le parti Ensemble Montréal, nouvelle mouture d’Équipe Denis Coderre pour Montréal, y demeure fortement majoritaire malgré le départ de l’ex-mairesse Chantal Rouleau (aujourd’hui ministre provinciale sous la CAQ) et la perte de la mairie lors des élections partielles qui s’ensuivirent. De plus, rappelons que Projet Montréal avait obtenu une mince majorité avec seulement 360 voix d’écart sur le candidat d’Ensemble Montréal, Manuel Guedes, alors que le taux de participation fût extrêmement faible, culminant à 13,7 %. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les conditions n’étaient pas idéales pour une lune de miel entre la nouvelle mairesse et ses acolytes du Conseil d’arrondissement.

« Le temps est à l’action »

Mais définitivement, l’affrontement qui aurait pu paralyser l’appareil municipal n’a pas eu lieu. L’ex-chef de cabinet de Chantal Rouleau et ancienne conseillère de ville, Caroline Bourgeois, a plutôt opté pour la continuité des nombreux projets en cours, tout en apportant graduellement ses idées et ses couleurs. Son leadership s’est imposé également au fil des semaines et elle a réussi à calmer le jeu avec l’opposition sur plusieurs dossiers. « Est-ce que cela a été facile, et est-ce que c’est facile aujourd’hui de travailler dans ces conditions? La réponse est non, pas toujours évidemment, mais pour le bien des citoyens, nous avons tous au Conseil d’arrondissement à mettre de l’eau dans notre vin. Je crois sincèrement que tous les élus de RDP-PAT travaillent en ce moment à ce que le développement du territoire se poursuive harmonieusement, et personne n’a intérêt à ce que les dossiers bloquent au Conseil d’arrondissement », a soutenu la mairesse lors d’un entretien avec elle plus tôt cette semaine.

Valérie Plante a également bien joué ses cartes en nommant Caroline Bourgeois « Conseillère associée au développement économique responsable des dossiers de l’Est » quelques semaines seulement après l’élection partielle. Ce rôle au sein du Comité Exécutif de la ville, en parallèle avec la volonté fortement affichée des administrations Plante et Legault de revitaliser l’Est de Montréal, est venu renforcir considérablement l’armure de la mairesse d’arrondissement en l’identifiant de facto comme un acteur de premier plan pour le développement du territoire. Habile stratégie.

Caroline Bourgeois est également responsable des dossiers de l’Est de Montréal au sein du Comité Exécutif.

Toutefois, il faut admettre que Caroline Bourgeois a gagné ses gallons avant tout par elle-même. Car depuis un an, on l’a vu prendre de l’assurance, être en maîtrise de plusieurs dossiers chauds, et afficher un leadership de plus en plus solide, autant dans les projets locaux que ceux touchant le développement de l’ensemble de l’Est de Montréal. On a pu constater cette évolution concrètement ces dernières semaines lors de l’annonce du programme d’agriculture urbaine dans RDP-PAT et lors des audiences publiques concernant l’avenir du SIPI (nouveau Secteur industriel de la Pointe-de-l’Île) où elle menait visiblement le jeu parmi les élus.

« Au-delà de la partisannerie, je pense sincèrement que RDP-PAT et l’Est de Montréal doivent passer à l’action. Après des années et des années d’analyses et de projets avortés, il est temps maintenant d’agir, surtout que les conjonctures économiques et politiques sont plus favorables que jamais. Ce n’est pas le moment de se chicaner, mais plutôt d’unir nos forces si on veut enfin revitaliser l’Est de Montréal. C’est ça ma motivation actuellement », clame Caroline Bourgeois, qui habite dans l’arrondissement depuis plus de 30 ans.

Un premier bilan

2019 aura été une année plutôt chargée dans RDP-PAT, qui continu sur sa lancée quant à la mise en place de nouvelles infrastructures publiques, tout particulièrement. D’entrée de jeu, Caroline Bourgeois se dit notamment très heureuse de l’annonce du projet « Poussette » qui transformera le vétuste boulevard Gouin dans RDP en 2020 en un boulevard plus sécuritaire pour tous les usagers (piétons, cyclistes et automobilistes), en plus de mettre en valeur les nombreux parcs riverains qui s’y trouvent. « Nous avons appelé ce projet Poussette car actuellement, tu te promènes avec ton enfant et tu te fais frôler par les voitures, c’est extrêmement problématique. Il faut absolument rendre cette rue sécuritaire, et surtout, la redonner aux résidents des alentours. Et il faut rappeler que ce n’est pas une voie de transit, il y en a d’autres à proximité. C’est une voie résidentielle et il faut lui redonner cette fonction », explique-t-elle. Si le boulevard Gouin est appelé à être entièrement refait selon les plans d’avenir de la ville, pour la mairesse de l’arrondissement il fallait toutefois faire ces modifications dès maintenant afin d’assurer avant tout la sécurité des gens.

Projet Poussette, boulevard Gouin à RDP. (Image : Ville de Montréal).

Au niveau du transport collectif, l’arrondissement a fait quelques progrès en 2019 avec l’arrivée de stations BIXI, longtemps souhaitées par l’administration municipale, et l’ajout de voitures en auto-partage. Par exemple, d’une seule voiture Communauto, le territoire en accueille quatre aujourd’hui. Pas encore assez diront certains, mais tout de même il y a amélioration. Évidemment, le projet signature de l’arrondissement en termes de transport collectif, la navette fluviale, a pris véritablement racine en 2019 comptant plus de 60 000 passagers, un succès qui continue de démontrer la pertinence du projet. « Et ce qui est fantastique avec la navette fluviale, c’est que cela n’est pas que bénéfique pour la mobilité des personnes, c’est toute la vie culturelle et économique du Vieux Pointe-aux-Trembles qui en profite », soutient Caroline Bourgeois, qui est persuadée que « dans 10-15 ans, les gens ne reconnaîtront plus le secteur commercial du quartier, qui va être considérablement bonifié. » Souhaitons-le. À noter que des autobus devraient également être ajoutés dans l’Est de Montréal dès 2020 avec l’arrivée progressive des 300 véhicules supplémentaires commandés par l’administration Plante, une promesse électorale phare de Projet Montréal.

Question infrastructures publiques, plusieurs nouveautés ont été réalisées ou annoncées en 2019 dans RDP-PAT. Le projet de la Plage de l’Est s’est accéléré avec l’annonce d’une aide de 5 M $ de Québec pour la décontamination du littoral, mais surtout avec l’octroi par la ville d’un contrat de 7 M $ pour l’aménagement de la promenade, de la jetée, de points d’observation et des jeux d’eau, les travaux devant débuter cette année. Il y a eu également l’acquisition du Centre sportif de Saint-Jean-Vianney (15 M $), la construction de la piscine olympique extérieure au parc Hans-Selye (6 M $), ainsi que la mise en place d’un bureau municipal pour rencontrer les élus dans le secteur de Rivière-des-Prairies. Et parmi d’autres projets annoncés en 2019, soulignons entre autres l’aménagement d’un premier tronçon d’un parc linéaire longeant l’ancienne friche du CN ainsi que la construction d’un quai municipal (embarcations légères) au parc du Bout-de-l’Île, secteur dont la ville a d’ailleurs protégé par règlement les accès publics aux rives l’an dernier.

Lors de l’entretien avec EST MÉDIA Montréal, Caroline Bourgeois abordera également des réalisations qu’elle qualifie de « projets de proximité », dont certaines lui tiennent particulièrement à cœur. De ce nombre soulignons l’arrivée de gardiens de parc (7 sites en 2019), l’organisation de deux Conseils d’arrondissement en plein air l’été dernier, et l’annonce de la première politique d’agriculture urbaine par un arrondissement montréalais, celle-ci visant la conversion de pas moins de 30 hectares sous toutes formes d’agriculture sur le territoire d’ici 2030.

Dans un autre ordre d’idée, soulignons dans le bilan 2019 l’embauche d’un commissaire commercial dans RDP-PAT. Le rôle de ce nouveau poste est de favoriser le développement de commerces de proximité et de soutenir les commerçants déjà en place.

Est de Montréal

Les dossiers concernant la revitalisation de l’Est de Montréal, guidés par la Déclaration commune Québec-Montréal, dont le premier anniversaire vient tout juste d’être célébré, ont évolué en 2019 et ont certainement demandé beaucoup d’investissement de temps de la part de la responsable de l’Est au Comité Exécutif. Elle confirme : « il y a eu beaucoup de réunions, beaucoup de choses à mettre en place et à coordonner, et ça se poursuit », soutient Caroline Bourgeois.

Parallèlement aux projets de transport structurant, dont s’occupent actuellement des équipes dédiées (bureau de projet pour la ligne bleue, CDPQ pour le volet de la rue Notre-Dame), c’est l’élaboration du plan directeur du SIPI, le vaste secteur industriel au cœur de l’Est de Montréal, qui demande un travail colossal ces mois-ci, et dans lequel la mairesse de RDP-PAT est fortement impliquée. C’est aussi dans ce secteur que seront injectés au moins les premiers 100 M $ pour la décontamination des sols annoncés par Québec, et probablement les 100 autres millions qui devraient suivre d’ici la fin du mandat caquiste. « Après les audiences publiques en fin d’année 2019, et la période pour déposer les mémoires qui se déroule actuellement, nous nous pencherons dès ce printemps sur l’élaboration d’un plan directeur pour le développement de cette vaste zone industrielle. C’est un exercice extrêmement important car c’est ce plan qui déterminera quels types d’entreprises on veut accueillir et quels pôles nous aimerions voir émerger dans les années à venir. C’est en quelque sorte le temps d’imaginer l’avenir industriel de l’Est de Montréal, et de mettre noir sur blanc ce que nous voulons, et ce que nous ne voulons plus », explique Caroline Bourgeois.

Finalement, questionnée quant à ses préférences au sujet du transport structurant dans l’Est de Montréal, la mairesse avoue avoir un penchant bien défini pour le tramway, qu’elle considère aussi comme un projet de développement urbain qui s’appliquerait mieux au territoire, plutôt qu’une structure comme le REM. Elle continue également de croire ardemment à la ligne rose. « Je dis souvent que l’histoire va donner raison à Valérie Plante pour ce projet, et j’en suis de plus en plus convaincue. C’est ce projet qui désenclaverait clairement le nord-est de Montréal, notamment RDP, et je ne suis pas étonnée de voir que la ligne rose gagne constamment de nouveaux adeptes », conclut celle qui envisage les 12 prochains mois avec beaucoup d’effervescence.