LE BASEBALL GAGNE DU TERRAIN DANS L’EST DE MONTRÉAL

Les conseils d’arrondissements de l’Est de Montréal font régulièrement l’objet de débats concernant l’utilisation de ses très grands parcs de balle, maintenant que la valeur potentielle des terrains est énorme, surtout ceux situés à quelques kilomètres d’une station de métro. Les services des loisirs doivent ainsi arbitrer les ambitions des différents sports extérieurs comme le baseball, le soccer, le basketball, le football et le tennis, qui convoitent tous les précieuses surfaces des parcs municipaux.

Après avoir fait le point sur le hockey sur glace le mois dernier, Est Média Montréal a enquêté sur la popularité du baseball et ses principaux projets.

Des terrains bien utilisés en saison

On peut avoir l’impression que les parcs de balle sont peu utilisés à Montréal. Pourtant, pendant toute la saison de baseball, de mai à la mi-octobre, la plupart de ces terrains sont réservés presqu’en tout temps en soirée et les fins de semaine. On les nomme « parcs de balle », car ils servent aussi au softball et au cricket.

Pour neuf arrondissements montréalais, une entité paramunicipale est chargée de localiser l’ensemble des parties de toutes les ligues de baseball, de softball ou de cricket. Des locations servent aussi au frisbee ou au kin-ball. L’Association des sports de balle à Montréal gère ainsi l’horaire des terrains de 58 parcs. Si un terrain demeure disponible, il vous est encore possible de le louer pour à peine 35 $ l’heure, même si des constructeurs de condos seraient probablement ravis de l’acheter pour quelques millions de dollars!

Tradition plus que centenaire

Comme en faisait foi une exposition présentée dans le hall d’honneur de l’hôtel de ville à l’été 2017, Montréal jouit d’une longue tradition de baseball. Club-école des Dodgers de Brooklyn, les Royaux ont représenté la métropole de 1897 à 1917, puis de 1928 à 1960. Jouant à l’ancien Stade De Lorimier (coin De Lorimier et Ontario), les Royaux se sont expatriés en 1961 à Syracuse, dans l’État de New York, sous le nom des Chiefs.

À l’été du 375e anniversaire de Montréal, l’hôtel de ville saluait notre histoire du baseball par une exposition spéciale. L’ex-maire Denis Coderre est un passionné du baseball. (Photo : Denis F Côté).

Mais on se souvient surtout des Expos de Montréal, une franchise de la Ligue majeure de baseball (MLB, Major League Baseball), qui a fait la joie des amateurs de 1969 à 2004. Surnommée « nos Z’Amours », l’équipe a débuté au Parc Jarry, sur l’emplacement de l’actuel Stade de tennis IGA, pour se relocaliser dès 1977 au tout nouveau Stade Olympique. En 2005, la franchise fut déménagée à Washington, sous l’appellation des Nationals. Près de 49 millions de spectateurs ont assisté à Montréal aux matchs des Expos en 36 ans. Les Expos célèbrent ainsi leur 50e anniversaire en 2019, tout comme Baseball Québec, elle-même située sous le Stade Olympique.

À l’occasion du 50e anniversaire des Expos, l’illustratrice Josée Tellier rend hommage à plusieurs de ses illustres joueurs, dont Gary Carter, Andre Dawson et Tim Raines.

Remontée de popularité

Selon les intervenants consultés, ce sport a connu une sérieuse baisse de popularité à la suite des succès inégaux des Expos, et de son départ en 2005, car ses joueurs vedettes servaient de modèles aux jeunes. Le nombre de joueurs fédérés a chuté de 50 000 à moins de 15 000. En conséquence, la Ville de Montréal a transformé certains parcs de balle en terrains de soccer. Depuis, Baseball Québec, forte de sa dizaine de permanents, appuyée par ses associations régionales et locales, a réussi à remonter la pente, regroupant maintenant environ 33 000 joueurs.

Selon Pascal Jean, coordonnateur des programmes d’initiation à Baseball Québec, ce succès est notamment attribuable à l’arrivée des filles qui sont acceptées dans toutes les équipes masculines, en plus d’avoir leurs propres ligues. Le baseball n’étant pas un sport de contact, il est plus inclusif, car les filles y trouvent leur place, tout comme les garçons moins robustes. Pascal Jean donne aussi crédit à la visite printanière des Blue Jays de Toronto, depuis 2014 au Stade Olympique, qui devient le grand rassemblement annuel des amateurs. De plus, les entraîneurs sont maintenant mieux formés pour prioriser l’aspect récréatif du jeu, alors que les enfants sont accueillis très tôt par le programme Rallye-Cap.

Baseball Montréal et les Orioles

Gérée bénévolement, Baseball Montréal inclut dix associations locales de baseball mineur, dont les territoires sont divisés selon les codes postaux. Ces dix associations sont, de l’est à l’ouest conventionnels : Pointe-de-l’Île (PAT), Anjou, Tétreaultville (MHM), Saint-Léonard, Montréal-Nord, Rosemont, Jarry, Saint-Esprit, Ahuntsic-Cartierville et Sud-Ouest. Chaque association gère de multiples équipes selon l’âge et le calibre des joueurs. Des liens menant aux associations sont proposés à la fin de cet article.

Les inscriptions pour la saison estivale de 2019 ont présentement lieu; les dates et modalités varient selon les associations. Le baseball n’est pas très coûteux aux parents, soit de 100 $ à 300 $ pour la saison selon l’âge, et l’équipement est somme toute abordable. Comme dans la plupart des sports, les dépenses s’accentuent avec l’âge, le calibre et les ambitions des athlètes. En général, plus un joueur performe, plus ses parents doivent s’attendre à performer… financièrement!

Présidés par André Roy, les Orioles de Montréal, de niveau AA, regroupe l’élite du baseball mineur sur l’Île de Montréal, à l’exception du West Island. Une sélection des meilleurs joueurs a ainsi le privilège de compétitionner sur la scène régionale, plutôt que locale.

Camp de sélection des Orioles, au Collège Saint-Jean-Vianney, en février 2019. (Photo : Denis F Côté).

Belle ambiance dans les estrades

Selon nos observations antérieures et les témoignages recueillis, la famille du baseball à Montréal semble heureuse. L’ambiance est généralement à la fête dans les estrades. Par temps de pluie, on assiste au concours des plus beaux et plus gros parapluies. Les glaciaires sont les bienvenues.

Selon Pascal Jean, également impliqué dans les Orioles, les spectateurs ont l’occasion de socialiser, puisque le baseball est ponctué de nombreuses interruptions. Les partisans ne sont pas stressés et obnubilés par un match intensif, comme au hockey ou au soccer. Père du receveur de 13 ans Arthur Bédard, de Rosemont, Éric Bédard témoigne que les parents et autres bénévoles s’entraident dans un climat sympathique, beau temps, mauvais temps.

Entraînements plus intensifs

Les spécialistes « généralistes » en sport déplorent parfois le manque d’efforts physiques du baseball. Pascal Jean admet volontiers que le lanceur et le receveur bougent bien plus que leurs coéquipiers. Pour palier à cela, beaucoup d’équipes varient les positions des joueurs. En outre, les pratiques et les exercices d’avant-match sont plus exigeants que les parties sur le plan cardiovasculaire. Une session de pratique alterne avec un match, sinon davantage.

Photo : Ligue de baseball inter-cité métropolitaine.

Les Expos à Anjou, les Orioles dans Ahuntsic

Les amateurs rêvant au retour des Expos à Montréal peuvent patienter en appuyant les équipes de l’association d’Anjou, qui représentent l’emblématique signature souhaitée à l’époque par l’ancien maire Jean Drapeau, lequel voulait promouvoir l’exposition de Terre des Hommes, qui a perduré jusqu’en 1984 sur l’ancien site de la fameuse Expo67.

Mais pour un calibre supérieur, on peut encourager la plus forte formation des Orioles qui performe au Stade Gary-Carter du Parc Ahuntsic, tout près du Métro Henri-Bourassa. Commanditée par Desjardins, elle compétitionne dans la Ligue de baseball junior élite du Québec (LBJEQ).

Vice-président aux communications de Baseball Montréal, Yannick Mondion nous a confirmé qu’une ligue de catégorie junior comptera six équipes à Montréal dès cet été. Son organisation s’enorgueillit aussi de son programme de baseball adapté pour une clientèle avec déficits, tels les autistes ou les trisomiques.

Les Orioles de Montréal, équipe Moustique AA de 2018. (Photo : Ligue de baseball inter-cité métropolitaine).

Sport-Études et Grand Chelem

À l’autre bout du spectre des habiletés, on retrouve la crème du baseball juvénile au programme de Sport-Études de l’École secondaire Édouard-Montpetit, dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (MHM). Environ 90 adolescents, dont six filles, profitent d’un horaire particulier, soit des études intensives le matin, et de l’entraînement ou des cours liés au baseball en après-midi. Ce programme spécialisé coûte de 1 000 $ à 2 700 $ selon l’année scolaire. Pour les plus expérimentés, cela inclut même un séjour en Floride, en mars.

Également dans MHM, les amateurs de baseball ont accès, depuis août 2018, à un centre privé dédié à ce sport, avec trois couloirs pour frapper des balles lancées par des machines. Le Grand Chelem, au 3930, rue Sainte-Catherine Est, est bien branché dans son domaine, organisant des cours et des conférences, en plus d’être associé au programme Sport-Études d’Édouard-Montpetit.

Lors de la visite d’Est Média Montréal au Grand Chelem, des professeurs de français du Collège Marie-Victorin frappaient des balles. (Photo : Denis F Côté).

Brewers de Montréal

Depuis 2016, l’Est de Montréal a la chance d’accueillir la plus forte équipe de baseball de la région, les Brewers de Montréal, qui joueront 18 matchs cet été au Stade Raymond Daviault du parc Clémentine de la Rousselière, à Pointe-aux-Trembles, rénové récemment pour le baseball et situé sur le bord du fleuve.

En 2018, les Brewers ont perdu les finales de la Ligue de baseball majeur du Québec, s’inclinant devant les puissants Blue Sox de Thetford Mines. Cette ligue est la plus élevée de calibre amateur au Québec.

La plus forte équipe de la région de Montréal joue à P.A.T. Il s’agit des Brewers qui évoluent dans la Ligue de Baseball Majeur du Québec. (Photo : organisation des Brewers).

Ligue CAN-AM

Pour voir du baseball professionnel, il n’est pas nécessaire d’aller à Toronto ou à Boston. La ligue CAN-AM présente un très fort calibre, avec de belles foules, à Ottawa, Trois-Rivières et Québec. Selon Patrick Daoust, ancien receveur des Capitales de Québec, le niveau de cette ligue est environ à moitié chemin entre le baseball junior élite et les ligues majeures. La ligue CAN-AM n’a encore que six équipes, les trois américaines étant situées dans les états du New Jersey et de New York. La masse salariale d’une équipe n’est que de 100 000 $, soit 1 250 fois moins que la moyenne des équipes des ligues majeures (125 millions $ américains).

Selon tous les experts consultés pour cet article, Montréal pourrait très bien accueillir une équipe de la ligue CAN-AM, en attendant un retour éventuel des Expos, ou en complémentarité avec elle. D’après Pascal Jean, des gradins d’environ 8 000 spectateurs conviendraient bien à une équipe montréalaise de cette ligue. Il déplore vivement qu’une grande ville comme Montréal n’ait pas de véritable stade de baseball, alors qu’il y en a à Québec, Trois-Rivières, Granby et même Coaticook.

Évoluant dans la ligue CAN-AM, les Aigles de Trois-Rivières profitent d’un stade de 4 500 places, construit en 1938. (Photo : organisation des Aigles de Trois-Rivières).

Juste un peu d’amour pour nos Z’Amours

Tel qu’amplement rapporté par les médias, un groupe d’hommes d’affaires montréalais tente activement de ramener les Expos à Montréal, dans la MLB. Ils souhaiteraient toutefois qu’un nouveau stade soit construit à cet effet, possiblement près du Bassin Peel, à proximité du centre-ville. Les ligues majeures exigeraient un stade dédié, le vieux Stade Olympique ne convenant plus, ni par son voisinage peu commercial, ni par sa configuration.

Toutefois, le jour de la Saint-Valentin, par un vote unanime de l’Assemblée nationale, les quatre partis politiques québécois, incluant nécessairement celui au pouvoir, ont fait savoir qu’ils souhaitent le retour de nos Z’Amours dans les ligues majeures, mais sans le soutien financier de l’État, ni pour l’achat de l’équipe, ni pour la construction d’un stade.

Fête du baseball au Stade Olympique

En terminant, rappelons les matchs préparatoires entre les Blue Jays de Toronto et les Brewers de Milwaukee, au Stade Olympique, les 25 et 26 mars prochain. Plusieurs anciens joueurs des Expos seront honorés lors des cérémonies d’avant-match, à l’occasion du 50e anniversaire de l’équipe. Le prix des billets débute à 20 $ et pour les plus passionnés, on vous conseille d’arriver à l’avance afin de visiter quelques kiosques promotionnels reliés au baseball.


Quelques liens d’intérêt :

Cette page de Baseball Montréal présente la division des dix associations locales selon les codes postaux. Vous pourrez aussi accéder aux sites Web des associations. http://montreal.baseballquebec.com/fr/page/inscriptions.html

Liens vers des cartes Google menant à la plupart des parcs de balle de la région : http://www.baseballpat.com/fr/page/les_parcs.html

Pour acheter des billets pour les matchs des Blue Jays au Stade Olympique, les 25 et 25 mars 2019 : https://ticketpro.ca/mlb19/mlb19_fr.html

Site de la Ligue de Baseball Junior Élite du Québec, où performent les Orioles-Desjardins de Montréal : http://www.lbjeq.com/fr/index.html

Site de la ligue CAN-AM : https://canamleague.com/?lang=fr