ASSOMPTION SUD–LONGUE-POINTE : RAY-MONT LOGISTIQUES ABANDONNE SA POURSUITE; LE BOISÉ STEINBERG SAUVEGARDÉ
Ray-Mont Logistiques mettra fin à sa poursuite de 373 M$ en dommages et intérêts intentée contre la Ville de Montréal en marge d’une entente qui permettra à l’entreprise de continuer ses opérations de transbordement de marchandises et de stockage de conteneurs. Cet accord, qui vient clore une longue saga judiciaire, ouvre la porte à des consultations publiques, qui auront lieu dès cet automne, au sujet du terrain de ce propriétaire corporatif controversé dans le secteur Assomption Sud–Longue-Pointe.
C’est un « gros chapitre » que l’on vient de fermer dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM), a reconnu le maire de l’arrondissement, Pierre Lessard-Blais, en conférence de presse jeudi.
« On se présente aujourd’hui en disant : « On est allés le plus loin qu’il était légalement possible pour faire des gains pour la communauté. » Je suis entièrement satisfait de ce que l’on propose aujourd’hui, parce que quand on regarde où on était il y a 10 ans, 5 ans et 2 ans, les gains sont incroyables », a-t-il indiqué.
Ainsi, l’entente conclue avec Ray-Mont Logistiques vient mettre fin à l’ensemble des poursuites judiciaires intentées par celle-ci contre la Ville de Montréal, incluant la poursuite en dommages et intérêts lancée en 2021. Cette action judiciaire avait été entamée à la suite de deux décisions de la Cour supérieure du Québec et de la Cour d’appel qui confirmaient le droit de l’entreprise à maintenir ses activités sur son terrain, malgré l’opposition de la Ville et de l’arrondissement.
Dans le cadre de l’entente, la Ville accordera à Ray-Mont Logistiques une somme de 17 M$ pour décontaminer ses terrains. En outre, un plan de gestion des eaux usées, comprenant une captation des eaux de surface, fait partie de l’accord. De plus, des modifications réglementaires seront apportées par l’arrondissement afin de permettre un meilleur aménagement du site. À la Ville, on indique entre autres que les équipements mécaniques seront déplacés à l’écart des secteurs résidentiels qui côtoient le terrain industriel et que les bâtiments, qui devront être construits sur le site, se trouveront eux aussi en retrait des zones habitées.
Dès cet automne, les modifications réglementaires proposées pour permettre les activités de l’entreprise seront soumises à des consultations publiques de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM).
« Il faut rappeler que [même sans] règlement, Ray-Mont peut quand même opérer. Ce sont quand même des gains pour les citoyens qui font l’objet de l’entente », a soutenu Sophie Mauzerolle, conseillère de la Ville responsable du dossier des transports et de la mobilité au comité exécutif de la Ville de Montréal. Celle-ci a tenu à souligner que le montant réclamé dans le cadre de la poursuite intentée par Ray-Mont Logistiques représentait « cinq fois » le budget de l’arrondissement et qu’il imposait une pression immense sur les administrations municipales.
Dans un communiqué, Charles Raymond, président-directeur général de Ray-Mont Logistiques, affirme que « [d]ès le premier jour, nous sommes entrés en dialogue pour que notre projet s’intègre de la meilleure façon possible dans le secteur. Nous sommes conscients que différentes visions se sont exprimées, mais cette conversation était nécessaire pour faire évoluer le projet de façon positive ».
« Nous sommes fiers du chemin parcouru, qui démontre que la collaboration a porté fruit. Nous poursuivons le travail avec les joueurs concernés avec la même ouverture dont nous avons toujours fait preuve », a ajouté le chef de l’entreprise.
Le boisé Steinberg entièrement préservé
Quelques mois après avoir présenté deux scénarios pour le prolongement du boulevard de l’Assomption, la Ville confirme que l’option faisant passer cet axe routier dans une partie du boisé Steinberg a été écartée. Ce sont ainsi 39 000 m2 du boisé qui seront gardés en friche.
Les élus ont ainsi annoncé que le boisé, situé au sud de la rue Hochelaga, entre la rue Dickson et la voie ferrée de la compagnie CN, sera entièrement préservé. On prévoit dès lors créer une nouvelle voie qui partira des installations du Port de Montréal et de la rue Notre-Dame, au sud, vers le nord sur le terrain de Ray-Mont Logistiques, pour ensuite tourner vers l’est et aller se raccorder à l’avenue Souligny.
Les deux options avaient été présentées aux citoyens lors d’une assemblée en mars dernier. Plusieurs militants, dont ceux de Mobilisation 6600, avaient alors fait connaître leur opposition au projet qui aurait forcé le déplacement de plusieurs arbres et empiété sur au moins 15 % du terrain du boisé, selon les estimations de la Ville.
« La préservation du boisé Steinberg est une victoire citoyenne que l’on applaudit », a indiqué Cassandre Charbonneau Jobin, porte-parole de Mobilisation 6600, en marge de la conférence de presse, jeudi. « On va toutefois demeurer vigilants en ce qui concerne Ray-Mont Logistiques. Ça demeure inacceptable qu’un tel projet s’insère dans un milieu de vie. »
Cette dernière a ajouté que son regroupement continuera de faire pression auprès des administrations publiques afin que le projet du prolongement de l’Assomption choisi par Montréal n’aille pas de l’avant. En effet, Mme Charbonneau Jobin souhaite plutôt que l’on préserve la voie temporaire aménagée pour raccorder les installations portuaires au viaduc du terminal Viau, mis en service à l’été 2023.
En 2022, Montréal avait annoncé un accord avec Hydro-Québec à la hauteur de 7 M$ pour racheter et échanger ses terrains se trouvant sur le boisé, afin de prévenir la construction d’un bâtiment de transformation électrique sur le site.
26 M$ pour un terrain du CN
La Ville a réussi à conclure un autre accord important dans le cadre de son Projet de coulée verte en achetant la friche ferroviaire du CN, située entre le boisé Steinberg, le terrain de Ray-Mont Logistiques et le quartier résidentiel de Viauville. Cette acquisition se fera à la hauteur de 26 M$. Une partie de cette somme sera utilisée pour déplacer les installations de la compagnie ferroviaire aux frais de Montréal.
Les travaux, qui auront lieu en 2025, permettront de créer un corridor d’une largeur de 45 m et d’une superficie de 34 000 m2. Le corridor s’étendra de la rue Hochelaga jusqu’à la rue Notre-Dame, en passant par le boisé Vimont. On prévoit que des aménagements verdis tels que de l’agriculture urbaine pourraient y voir le jour. On entend aussi installer un mur antibruit pour minimiser les nuisances sonores engendrées par les activités industrielles.