
La mairie d’Anjou (Courtoisie Ville de Montréal)
12 octobre 2025Anjou : un territoire en transformation qui apporte de nouveaux défis
À quelques semaines des élections municipales, EST MÉDIA Montréal s’est entretenu avec les candidats à la mairie d’Anjou pour cerner les priorités de chacun concernant l’arrondissement. Logement, sécurité, mobilité, ligne bleue : tous s’entendent sur les défis majeurs du secteur, mais divergent sur la manière d’y répondre.
Quatre candidats se présentent à la mairie d’Anjou :
- Luis Miranda, le maire sortant, est affilié au parti Équipe Anjou et est soutenu par Ensemble Montréal, le parti de la candidate à la mairie de Montréal Soraya Martinez Ferrada;
- Alex Megelas est candidat pour Projet Montréal, dirigé par Luc Rabouin. Il est issu des milieux de la recherche et du communautaire;
- David Noé-de Laurière est candidat pour Transition Montréal, le parti de Craig Sauvé. Il est comédien, photographe et gestionnaire de réseaux sociaux;
- Ernesto Almeida Acuna est candidat pour Action Montréal, le parti dirigé par Gilbert Thibodeau. Il n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.
Ligne bleue et logements sociaux
Parmi les enjeux majeurs, le maire sortant Luis Miranda estime que l’arrivée de la ligne bleue en 2031 est « le plus gros projet que l’on a à Anjou ». La future station de métro, qui se situera au niveau de l’autoroute 25, entraîne actuellement un important développement immobilier, avec plus de 2 500 nouveaux logements prévus à l’heure actuelle.
La construction de ces nouvelles habitations survient dans un contexte où l’accès au logement se complexifie à Anjou. « On faisait partie des arrondissements excentrés où les gens pouvaient se permettre un logis, mais c’est de moins en moins le cas », regrette Alex Megelas de Projet Montréal. Luis Miranda admet que les loyers y sont « de plus en plus chers ».
Anjou figure parmi les arrondissements qui comptent le moins de logements sociaux, avec seulement 331 habitations à loyer modique (HLM), selon les dernières données de la Ville de Montréal. L’arrivée du métro pourrait être l’occasion de construire et de combler ce manque, selon les candidats interrogés. Néanmoins, aucune annonce de logements sociaux n’a été faite pour le moment par les promoteurs des chantiers en cours.

Luis Miranda, maire sortant et candidat pour Équipe Anjou (Courtoisie)
Luis Miranda ne souhaite pas imposer aux promoteurs des « pourcentages de logements sociaux ». Le maire sortant compte toutefois négocier avec eux pour inclure des logements à loyer modique et, le cas échéant, des logements familiaux. « Les promoteurs veulent surtout faire des studios, mais on insiste pour qu’ils fassent des 5 1/2 et des 6 1/2 », soutient-il en entrevue. M. Miranda affirme également avoir conclu une entente pour construire deux tours de logements sociaux sur le chantier de l’ancien magasin Toys « R » Us.
Alex Megelas veut quant à lui discuter avec les promoteurs, tout en intégrant aux discussions les acteurs du communautaire et de l’économie sociale ainsi que des citoyens. « Il faut considérer qu’il y a des besoins d’un bord et de l’autre », avance le candidat de Projet Montréal, à savoir la nécessité pour les promoteurs d’obtenir un retour sur investissement, et le besoin des résidants d’accéder à des logements plus facilement.
De son côté, David Noé-de Laurière reprend l’objectif de Transition Montréal de tripler les logements sociaux à Montréal, y compris « à l’échelle d’Anjou ». S’il dit respecter « la volonté [des promoteurs] de faire de l’argent », il ne veut pas que cela « empiète sur le point de vue social ». Le candidat veut concilier les intérêts de chacun à travers le dialogue, mais rappelle qu’il est « non négociable de construire des logements sociaux ».
Augmentation de l’insécurité
Il y a une « recrudescence de méfaits, notamment des actes de vandalisme, de bris d’équipements et des comportements d’intimidation » à Anjou, selon une publication de la Ville de Montréal datant du 16 juin dernier. Les crimes contre la personne ont également augmenté de 30 % dans l’arrondissement entre les premiers trimestres de 2024 et 2025, selon les chiffres du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Alex Megelas, candidat à la mairie d’Anjou pour Projet Montréal (Courtoisie)
« C’est clair qu’on a des problèmes de sécurité », admet Luis Miranda, qui estime qu’il n’y a pas « une semaine sans que l’on n’en parle ». Le candidat Alex Megelas rapporte quant à lui le sentiment d’insécurité constaté chez certains de ses concitoyens.
Luis Miranda attribue une partie des violences à des jeunes qui s’ennuient, et souhaite mettre à leur disposition davantage d’infrastructures, « pour qu’ils puissent relaxer, jouer au basket ». David Noé-de Laurière veut, quant à lui, miser sur les activités extrascolaires, pour « ne pas laisser les jeunes à rien faire ». Enfin, Alex Megelas souhaite faire participer les jeunes, mais davantage au niveau politique, à travers des instances où ils pourraient s’exprimer sur les enjeux de sécurité notamment.
La recrudescence des méfaits nécessite aussi une présence policière, selon Luis Miranda, qu’il juge actuellement insuffisante. Le maire sortant d’Anjou fait appel à un service de sécurité privé chaque été depuis trois ans pour pallier ce manque d’effectifs. Alex Megelas assure que « faire venir du monde dans la rue » n’est pas sa priorité, même s’il souhaite « responsabiliser les forces de l’ordre » face aux enjeux de sécurité rencontrés. Le candidat de Transition Montréal, David Noé-de Laurière, souhaite plutôt initier un dialogue entre la police et les citoyens, pour améliorer la confiance de ces derniers envers les forces de l’ordre, qu’il voudrait voir faire de la « prévention et non de la répression ».
La place de la voiture
L’automobile demeure le moyen de transport principal à Anjou. Selon une étude de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) parue en 2023, 61 % des déplacements se font exclusivement en voiture dans Anjou et 5 autres arrondissements de l’est de Montréal. « L’arrondissement est enclavé par les autoroutes », explique Alex Megelas. « Et la 40, elle est tout le temps pleine », regrette David Noé-de Laurière. En raison de cette congestion, il n’est pas toujours agréable de se déplacer en voiture.
Alex Megelas souhaiterait « prendre un certain recul sur notre dépendance à l’automobile », en mettant de l’avant le transport collectif, avantageux de surcroît sur le plan environnemental. Il reconnait toutefois la nécessité de la voiture et dit ne pas vouloir « prioriser une approche plutôt qu’une autre ». Il voudrait réduire la congestion et les problèmes de stationnement, qui s’intensifieront avec l’arrivée de la ligne bleue, selon lui.
Si Luis Miranda dit également miser sur tous les transports, il estime que la voiture est indispensable à l’arrondissement. Les bus ne sont pas une alternative viable pour lui, en raison de leur incompatibilité avec certains axes routiers : « On ne peut pas aller du nord au sud par voie de service », soutient-il. La forte présence de personnes aînées à Anjou (qui représente 21 % de la population de l’arrondissement, selon le recensement de 2021) justifie également de conserver la prédominance de l’auto, selon le maire sortant.

David Noé-de Laurière, candidat à la mairie d’Anjou pour Transition Montréal (Courtoisie)
David Noé-de Laurière veut quant à lui faire pression sur le gouvernement provincial pour la mise en œuvre d’un tram à Anjou et sur le reste du territoire de l’est de Montréal.
Parmi les autres enjeux abordés par les candidats, Alex Megelas a souligné l’importance des espaces verts, « l’une des forces d’Anjou ». David Noé-de Laurière a insisté sur la culture, pour développer la vitalité et l’économie de l’arrondissement. Luis Miranda a, quant à lui, mis l’accent sur l’accessibilité aux services pour les aînés.
Les élections municipales auront donc lieu le 2 novembre prochain. Les Angevins pourront alors trancher, votant pour le maire d’arrondissement de leur choix ainsi que pour les conseillers municipaux et le maire de la Ville.



