ANJOU : MIRANDA PRÉPARE L’ARRIVÉE DU MÉTRO, D’UNE MAISON DE LA CULTURE ET VISE UNE NOUVELLE VOCATION POUR LE GOLF
Durant la présente campagne électorale municipale, EST MÉDIA Montréal proposera plusieurs rencontres avec des aspirants à la mairie d’arrondissements de l’est, question de découvrir à la fois leur plateforme locale et leur vision de certains enjeux liés au territoire. Aujourd’hui, Luis Miranda, d’Équipe Anjou et maire sortant de l’arrondissement d’Anjou.
Luis Miranda règne de façon ininterrompue sur Anjou à titre de maire depuis 1997. Sans surprise, la continuité se trouve donc au cœur de la plateforme de son parti, Équipe Anjou, dont les quatre élus sollicitent un nouveau mandat. Le cinquième siège (Anjou Ouest) est détenu par la conseillère indépendante Lynne Shand, exclue d’Équipe Anjou au printemps 2019 après des propos controversés sur l’islam.
Appelé à présenter ses priorités, le dirigeant évoque d’abord la modernisation de certains parcs (Des Roseraies, André-Laurendeau, Chénier, d’Allonnes), en continuité avec celle réalisée dans d’autres espaces verts (Roger-Rousseau, de Verdelles, Félix-Leclerc) ces dernières années. De même, un espace vert avec arbres, arbustes, mobilier urbain et jeux d’eau pour enfants sera ajouté à l’impasse de l’Eau-Vive. Sans oublier une nouvelle piste cyclable qui unira le secteur Contrecœur avec la piste Jean-Després.
Maison de la culture à valeur ajoutée
La construction d’une maison de la culture demeure toutefois son objectif le plus important. « Nous avons acheté il y a six ans un bâtiment afin d’en récupérer le terrain pour la réaliser, dans la foulée du Centre communautaire d’Anjou inauguré en janvier 2014, rappelle-t-il. Toutefois, la ville-centre nous a toujours mis les bâtons dans les roues de ce côté. Nous avions pourtant mis de côté neuf millions $ en tout début de mandat en vue de concrétiser ce projet. »
Celui-ci s’est d’ailleurs bonifié au fil du temps, car Luis Miranda évoque désormais la possibilité d’y annexer une piscine intérieure – infrastructure inexistante dans l’arrondissement – ainsi que diverses salles sportives et récréatives.
L’engagement de l’aspirant maire montréalais Denis Coderre d’implanter une telle maison l’a donc réjoui. Il a d’ailleurs soutenu celui-ci en septembre dernier sans pour autant se joindre à sa formation, Ensemble Montréal.
Pourtant, Luis Miranda s’était montré fort critique à son égard durant ses quatre années à la tête de l’hôtel de ville (2013-2017). En 2017, il l’a notamment accusé de favoritisme dans l’octroi de certains contrats de déneigement en plus de déplorer un manque de coordination dans les opérations sur le terrain.
« Il s’agit d’un partenariat d’affaires. Ainsi, je n’ai pas les mains attachées, lance-t-il, rappelant qu’à la fois sous les administrations Coderre et Plante, il a tantôt combattu des propositions et en a tantôt soutenu d’autres quand elles étaient intéressantes pour Anjou ».
Néanmoins, peut-on croire que cet endossement est accompagné d’un retour d’ascenseur, par exemple sous la forme d’un poste au sein du comité exécutif ? « Je n’en veux même pas, répond catégoriquement Luis Miranda. J’ai occupé des fonctions importantes à l’époque où Gérald Tremblay dirigeait Montréal. Mais aujourd’hui, je désire consacrer tous mes efforts à Anjou. »
Déneigement : reprendre le contrôle
Il reconnaît toutefois que les idées de Denis Coderre rejoignent les siennes pour ce qui est des priorités pour l’est de Montréal. Le déneigement représente justement un thème où l’on constate une communion d’idées. « Bon an mal an, nous fonctionnions avec sept équipes de déneigement. L’an dernier, nous avons dû passer l’hiver avec seulement quatre équipes. Malgré tout, nous avons maintenu notre capacité à tout déblayer en 48 heures. La volonté exprimée par Denis Coderre de refinancer le déneigement cadre très bien avec la nôtre, qui est de conserver la qualité du service. À ce chapitre, l’ancien maire a même reconnu la nécessité de décentraliser certains aspects. »
L’avenir du golf
L’éventuelle vocation industrielle des terrains actuellement occupés par le Club de golf métropolitain Anjou unit aussi les deux hommes. Pour sa part, Valérie Plante s’est plutôt engagée à maintenir l’affectation « Grand espace vert ou récréation » de l’endroit. De plus, Projet Montréal entend utiliser le droit de préemption pour intégrer ces terrains au parc-nature du Bois d’Anjou. « Nous avons toujours défendu ce boisé, lance Luis Miranda. Même à l’époque de la défunte Communauté urbaine de Montréal, nous demandions fréquemment aux responsables de l’entretenir, car nous le trouvions délaissé. »
Toutefois, il dit ne pas croire en la vocation régionale miroitée par Projet Montréal. « Il est situé dans un important parc d’affaires où circulent de 15 000 à 20 000 camions chaque jour, explique-t-il. Du côté est, on y trouve AIM, la plus grande cour à scrap du Québec. Au nord, le Canadien Pacifique y exploite une cour de triage. Je me verrais donc très mal envoyer des enfants y faire de la bicyclette. Gardons plutôt cet endroit comme poumon urbain. »
Cela dit, Luis Miranda estime que l’industrialisation d’une partie du golf ne signifie pas l’abandon complet d’une certaine vocation écolo. « Aujourd’hui, l’on bâtit des industries et des stationnements intérieurs avec des toits verts. Néanmoins, ne véhiculons pas de faussetés, car à certains endroits du golf, il est tout simplement impossible de planter des arbres en raison d’un fond insuffisant. »
En attendant Amazon
Côté emploi, le dirigeant se réjouit bien sûr de l’arrivée probable d’Amazon dans son arrondissement. Le géant américain y construirait un entrepôt à partir de la mi-2023, une initiative qui créerait environ 1 000 emplois.
« Et l’on parle ici d’emplois payants de programmeurs ou de spécialistes en robotique, dit-il. Nous entendons évidemment dérouler le tapis rouge à Amazon », ajoute-t-il, rappelant que les délais d’obtention de permis de construction ne sont que de 30 jours dans son arrondissement.
… et le métro
Qu’en est-il du dossier du métro? Le printemps dernier, alors qu’il a été question de n’allonger la ligne bleue que de quatre stations au lieu des cinq prévues, Luis Miranda a proposé quelques ajustements. Son objectif? Diminuer la facture finale en vue de conserver les cinq stations envisagées.
Ainsi, le projet initial prévoyait l’expropriation d’un terrain de 70 000 mètres carrés sur le terrain des Galeries d’Anjou (soit environ le quart de la superficie du stationnement de ce centre commercial), pour faire place à la nouvelle station, à un terminus d’autobus et à un stationnement incitatif. Coup prévu pour l’acquisition des terrains (y compris de cinq restaurants y étant situés) : 450 millions $.
En lieu et place, le dirigeant a proposé d’allonger le tout de 200 mètres et d’ériger plutôt sur des terrains publics un édicule de chaque côté de l’autoroute 25, en plus de déployer le terminus à l’est de celle-ci. Outre l’aspect économique, il rappelle que la majorité des citoyens de l’arrondissement résident dans ce secteur.
Bien qu’aucune annonce n’ait été réalisée à ce sujet, Luis Miranda se montre optimiste. « Le 7 octobre dernier, nous avons justement vu des équipes effectuer du carottage (NDLR : prélèvement d’échantillon du sous-sol terrestre) aux endroits concernés. »
Ici, non seulement les propositions de Denis Coderre en matière de transport en commun sont semblables aux siennes, mais elles sont encore plus ambitieuses. « J’ai été agréablement surpris de l’entendre suggérer qu’une station supplémentaire soit bâtie sur l’avenue Roi-René dans le but d’étirer ensuite la ligne vers le quartier Rivière-des-Prairies, comme il en était question dans les années 90 », termine le candidat.