Dans le cadre de la prochaine élection provinciale, EST MÉDIA Montréal va à la rencontre des candidats des différentes circonscriptions de l’est afin de rencontrer les principaux aspirants à la victoire le 3 octobre prochain. De quoi sont-ils le plus fier concernant leur dernier mandat? Que comptent-ils réaliser s’ils sont élus ou réélus? Aujourd’hui, discussion avec Alexandre Leduc, député sortant de Québec solidaire (QS), et Stephan Fogaing, candidat pour le Parti Québécois (PQ) dans la circonscription d’Hochelaga-Maisonneuve.

Couvrant en grande partie le quartier du même nom, la circonscription d’Hochelaga-Maisonneuve était péquiste depuis sa création en 1988, et ce, jusqu’à tout récemment. En effet, par plus de 7 000 voix, c’est le candidat solidaire, Alexandre Leduc, qui l’a emporté sur la péquiste Carole Poirier en 2018. Cette dernière, avec trois mandats consécutifs, avait succédé à sa collègue et ex-patronne Louise Harel (Mme Poirier a longtemps été attachée politique de Mme Harel), la figure marquante du PQ ayant gouverné sur le secteur durant cinq mandats. La couleur de la circonscription tend donc à changer depuis quelques années. Le site Qc125 note une forte hausse des appuis pour QS depuis 2014, tandis que le PQ est plutôt en plongée. La formation politique est passée de presque 35% des appuis en 2014 à seulement 13% en 2022, selon les prédictions actuelles. À noter que le support à la Coalition Avenir Québec (CAQ) aussi est notable cette année. On estime qu’il pourrait peut-être atteindre 25% du vote le 3 octobre prochain, une grande première pour le parti représenté ici par Rebecca McCann.

Arrivé à la fin de son tout premier mandat de député, Alexandre Leduc, ancien syndicaliste formé en histoire et en droit du travail, aimerait que les citoyens de sa circonscription lui fassent à nouveau confiance en 2022. « C’est un beau privilège d’être député, c’est un emploi que j’apprécie énormément. J’ai aimé ces quatre ans, je souhaite bien sûr renouveler ce mandat. Il y a des gros défis dans Hochelaga-Maisonneuve et j’ai envie d’y collaborer. » Le député sortant est particulièrement fier de trois accomplissements réalisés sur le territoire : le prolongement du tracé du SRB Pie-IX, le déplacement du trajet du REM de l’est ainsi que le combat qui se poursuit contre le projet de Ray-Mont Logistiques. « Le SRB Pie-IX devait s’arrêter au métro Pie-IX, les gens qui habitent plus au sud allaient donc être exclus de sa desserte. Ça nous semblait inacceptable, illogique. On a travaillé très fort, on a mobilisé les gens du quartier et on a réussi : ils termineront la phase en cours, mais dans une deuxième phase, c’est clair et officiel, il sera prolongé jusqu’à Notre-Dame. » Le REM de l’est, lui, devait traverser le parc Morgan, oasis pour les familles du coin et récemment rénové. « Ça allait polluer visuellement l’espace familial et balafrer le parc, c’était complètement inacceptable pour moi et les résidents du quartier. Je me suis battu bec et ongles sur ce dossier, et on a gagné, la CAQ a reculé. » Finalement, le projet Ray-Mont Logistiques soulève les passions, bien sûr tout particuièrement dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. « Le gain n’est pas terminé, la bataille continue. Mais le gain le plus intéressant, c’est d’avoir soudé la communauté. La députée fédérale s’est jointe à notre déclaration contre ce projet, on a fait signer des CPE, des comités de parents d’écoles, une cinquantaine de petites entreprises du quartier, des organismes, la table de quartier, les médecins de santé publique, les médecins du coin, etc. Ça avait démontré à la face du monde que toute une communauté refusait ce projet. »

Leduc s’oppose entre autres à Stephan Fogaing, candidat du PQ. Détenant un bac et une maîtrise de l’École polytechnique de Montréal en génie aérospatial, ce dernier travaille depuis huit ans au gouvernement au Québec en tant qu’expert en développement économique et en innovation. « Comme vous pouvez le voir, je suis un homme de sciences et de chiffres! Mais en parallèle, je suis aussi un homme impliqué dans ma communauté et sur le terrain », ajoute-t-il. Il cumule en effet plus de 10 ans d’expérience en gouvernance et encore plus en implication auprès de différents organismes. « Ça fait une décennie que je siège sur différents conseils d’administration. Je m’investis auprès des gens concrètement. » Stephan Fogaing souhaite ravir à QS le poste de député d’Hochelaga-Maisonneuve afin de reprendre le flambeau là où Carole Poirier l’avait laissé. « On a l’impression, moi mais aussi d’autres gens que j’ai rencontrés dans la rue, que pas beaucoup de choses ont été faites ces dernières années. Être dans l’opposition n’est pas une excuse suffisante pour le manque de résultats. Carole Poirier avait avancé plusieurs dossiers même dans l’opposition. Elle a permis la formation d’un nouveau groupe de médecins de famille et elle a permis d’accélérer la construction de plusieurs logements sociaux », indique le péquiste.

Des projets plein les têtes

Alexandre Leduc a différents objectifs dans sa mire s’il est réélu. Pour lui, la vigueur des PME du secteur est essentielle. « Il y a plusieurs chantiers importants. Ça relève plus du municipal, mais la réfection des rues Sainte-Catherine et Ontario met une pression sur nos commerçants. Il va falloir qu’on les aide de manière importante. » La question de l’itinérance lui tient aussi beaucoup à cœur. Il avait d’ailleurs été l’instigateur du Rendez-vous sur l’itinérance dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve au printemps 2022. « Dans notre quartier, elle a toujours existé, l’itinérance, mais le phénomène s’est massifié. Il faut une réponse hochelagaise à ce phénomène. On finalisera le rapport des recommandations et des analyses [qui ont découlé du rendez-vous] avec les organismes. Puis, au plus tard en novembre, décembre, on ira rencontrer le CIUSSS et les autorités pour voir ce qu’on peut faire en matière de réponse locale, en matière de meilleur financement pour les organismes. » Le candidat de QS déplore aussi la crise immobilière qui atteint même les organismes. « Le Comité Logement était sur Ontario, il a été évincé de son logement et a dû se retrouver une place de peine et de misère. On accompagne aussi nos amis de la Marie Debout, qui essaie de se retrouver une autre maison rue Sainte-Catherine, ce n’est pas facile. Finalement, il y a le Pavillon d’éducation communautaire (PEC), un des six centres d’éducation populaire de Montréal, qui abrite une vingtaine de groupes. La bâtisse est vétuste, pas rénovée, tombe littéralement en miettes, le système de chauffage a lâché à plusieurs reprises cette année. Et les autorités ne font rien. Je veux donc trouver une solution pérenne rapidement avec le PEC. »

Stephan Fogaing a également de beaux projets pour sa circonscription. La crise du logement l’inquiète bien sûr lui aussi, tout comme le maintien du pouvoir d’achat. « En ce moment, la situation est intenable. Au PQ, on va s’assurer que les projets identifiés se construisent rapidement. En ce moment, le gouvernement fédéral et la CAQ sous-financent ces projets. Pour le maintien du pouvoir d’achat, le PQ est le seul parti qui a annoncé des mesures ciblées qui vont ne profiter vraiment qu’aux gens qui en ont besoin. » Le parti souhaite redonner aux Québécois le trop-perçu de l’État accumulé à cause de l’inflation, ce qui représenterait 6 milliards de dollars. L’environnement et la qualité de vie sont aussi dans la mire du candidat péquiste. « Le PQ a proposé récemment le plan environnemental le plus rigoureux et concret de tous les partis. Au-delà de ça, pour les gens d’Hochelaga-Maisonneuve et de l’est de Montréal en général, il faut aussi aborder la question de la qualité de vie menacée par la pollution et les grands projets de développement qui leur sont imposés sans les impliquer. Pollution de l’air, pollution par le bruit, par la vibration, les ilots de chaleur, c’est sûr que les candidats du PQ, on veut vraiment être les champions de l’est sur ces enjeux. Le gouvernement de la CAQ ne se soucie pas des gens de Montréal », soutient Stephan Fogaing. Finalement, le candidat défend bien sûr les idées chères à son parti, soit l’indépendance du Québec ainsi que la protection de la langue française. « Avec les dernières données du recensement de Statistique Canada, le verdict est sans appel, le français poursuit son déclin, non seulement au Canada mais au Québec. Les gens d’Hochelaga-Maisonneuve le ressentent. Ça s’est rendu jusqu’ici pour tout dire! » Et la loi 96 de la CAQ? « Tous les experts et démographes confirment que cette loi ne va jamais renverser le déclin. On est vraiment le seul parti qui propose d’inverser le déclin de la langue française à Montréal et au Québec. Dès la première journée, on s’est engagé à déposer dans les 100 premiers jours d’un mandat une réforme de la loi 101, qui inclura notamment l’application de cette loi au cégep, une immigration économique 100% francophone et la création d’un bureau de promotion du contenu culturel québécois. Et ce n’est pas vrai que c’est un sujet secondaire, c’est l’avenir du Québec qui est en jeu. »

AUTRES CANDIDATES :

Rebecca McCann, Coalition Avenir Québec

Line Flore Tchetmi, Parti libéral du Québec

Louise Poudrier, Parti conservateur du Québec