Photo courtoisie.

ALEXANDRE BOULERICE : LE COURT BILAN D’UN LONG MANDAT

Bientôt dix ans se seront écoulés depuis les débuts d’Alexandre Boulerice comme député de Rosemont–La Petite-Patrie. Tandis qu’une odeur d’élections printanières plane sur le pays, nous avons souhaité nous entretenir avec lui au sujet de sa circonscription : celle dans laquelle il a sauté à pieds joints il y a dix ans et celle qu’elle est aujourd’hui.

La dernière victoire d’Alexandre Boulerice, à l’automne 2019, a plutôt laissé un goût amer en bouche. Passant d’une équipe de quinze à un solo, le député est devenu le seul du Nouveau Parti Démocratique (NPD) élu au Québec. « J’étais content d’avoir été réélu, j’étais très fier et je remercie les gens de Rosemont–La Petite-Patrie de m’avoir fait confiance. C’est juste que ça change vraiment beaucoup la situation. » Impossible maintenant de se partager les dossiers et les responsabilités afin de couvrir la politique québécoise. Impossible aussi de se faire remplacer par un collègue pour une rencontre avec une industrie ou une chambre de commerce. « Il faut faire des choix, et ça demande beaucoup de la part de mon équipe parlementaire et de terrain. » Mais cela n’allait certainement pas arrêter le combatif député. Les manches vite retroussées, il a décidé d’affronter ce moment d’adversité avec optimisme et, dans la foulée, a d’ailleurs été nommé chef adjoint du parti.

Ce titre officiel, attribué en toute connaissance de cause à un Québécois, lui permet d’aborder avec crédibilité tous les dossiers de la province. « Je suis porte-parole en matière de patrimoine et de langues officielles ainsi qu’adjoint en environnement. Et le fait d’être chef adjoint me permet d’intervenir sur l’ensemble des dossiers fédéraux et provinciaux. » Alexandre Boulerice profite ainsi d’une grande latitude sur le plan de la communication et joue un rôle de conseiller auprès du chef du parti et de la chef de cabinet. « J’amène mon expérience, une sensibilité et la réalité du Québec dans le bureau du chef. » Le député a également intégré l’équipe de leadership, celle qui prend des décisions stratégiques sur les travaux parlementaires ou encore envoie des messages clés destinés à la population de la part du parti. Facile de croire que la semaine de travail de ce père d’une famille reconstituée de quatre enfants s’échelonne sur plus de soixante heures!

Le député fédéral de Rosemont–La Petite-Patrie lors de la dernière campagne électorale en 2019 (photo : EMM).

Salut, Rosemont! Comment ça va?

Berceau des jeunes familles, des ruelles vertes et animées, et d’une certaine cohésion sociale, la circonscription de Rosemont–La Petite-Patrie est enclavée grosso modo entre la voie de chemin de fer, les rues Jean-Talon et Pie-IX et le boulevard Saint-Laurent. Si vous vous y êtes baladé au cours des dix dernières années, vous avez sans doute remarqué comme nous la revitalisation du Vieux-Rosemont et de la rue Masson, entre autres. De plus, la population de ce quartier déjà densément peuplé a continué de croître en une décennie. Même constat chez Alexandre Boulerice et son équipe. « Le secteur de Rosemont est beaucoup plus intéressant aujourd’hui que ce l’était il y a 10 ans! En même temps, il y a aussi eu une certaine forme de gentrification et cela a des impacts qui sont parfois plus difficiles pour les locataires, les gens qui sont plus démunis. » Le député constate aussi l’inaction du gouvernement fédéral, autant chez les conservateurs que les libéraux, dans le financement du logement social. « Et ça se ressent sur le terrain. Il y a plusieurs centaines de familles qui sont sur des listes d’attente pour des coopératives ou des nouveaux logements sociaux. » Du côté du transport collectif et du transport actif aussi, la situation semble rester semblable et mériterait de s’améliorer. Certains coins de Rosemont restent mal desservis et des accidents de la route continuent de s’accumuler au sein des adeptes du vélo. Néanmoins, Alexandre Boulerice note certains changements significatifs. « On a vu avec les années une amélioration de la sécurité pour les cyclistes, avec davantage de pistes cyclables qui sont protégées, qui sont en zone propre. »

Et du côté de la communauté, le député fédéral ne tarit pas d’éloges pour ses concitoyens. « Le dynamisme du milieu social et communautaire est très grand dans Rosemont. » Il cite en exemple un groupe de techniciennes en cinéma qui ont profité de la pause imposée par la pandémie pour confectionner gratuitement des masques pour les professionnels de la santé. Par-dessus le marché, celles qui ont dû quitter leur local syndical en cours de route ont été rapidement accueillies par le Centre communautaire Petite-Côte, rue Lafond, afin de poursuivre leurs activités de couture. « C’est le genre de collaboration qu’on voit beaucoup dans le quartier. » Alexandre Boulerice souligne aussi que sa circonscription est un exemple en termes de consultation citoyenne. À travers l’initiative Décider Rosemont Ensemble (DRE), mise sur pied par la Corporation de développement communautaire de Rosemont, les citoyens sont consultés au sujet de ses grandes lignes d’orientation, des priorités du quartier, des plans d’action des comités qui agiront ensuite sur le terrain, etc. « Il y a ici une belle et réelle implication citoyenne. »

Mais où sont passées les écoles?

Un autre secteur de Rosemont dont l’effervescence semble plaire au député du NPD est la phase deux du plan de développement du Technopôle Angus, à la limite sud-ouest de sa circonscription. « La construction va bon train. Il y a une belle mixité sociale ainsi que des commerces et des services de proximité intéressants. » Ces nouvelles habitations, entre autres bâtiments, feront évidemment encore augmenter la densité de population et exacerberont ainsi un problème décrié par bien des parents et reconnu par Alexandre Boulerice : les écoles de Rosemont débordent! « J’essaie de faire pression avec mes collègues députés provinciaux au sujet du manque de places dans les écoles. C’est assez criant, beaucoup de jeunes familles sont là. Cela cause des situations où les élèves doivent étudier dans des conditions parfois plus difficiles. » Des investissements importants sont à prévoir et le député mentionne que la Société de développement Angus demanderait depuis des années qu’une école primaire soit construite dans ce coin du quartier.

Néanmoins, il fait bon vivre à Rosemont, bien des gens vous le diront. Des problèmes persistent malgré tout, et Alexandre Boulerice croit que l’orientation sociale-démocrate du NPD est la clé afin de travailler pour le bien commun. « Dans la dernière année, on a eu beaucoup de gains très concrets dans les nouveaux programmes fédéraux, que ce soit pour les travailleurs autonomes, les pigistes, les étudiants, les petits commerçants, les PME. Puis la pandémie, l’analyse qu’on en fait, c’est qu’on voit beaucoup de choses à régler dans notre système de santé et dans notre filet de sécurité sociale. Ce sont des points où on est très forts au NPD. Les gens reconnaissent qu’on a une crédibilité et qu’il s’agit d’enjeux qu’on porte depuis toujours. »

Une fois que la tempête COVID-19 sera terminée, c’est au Café Lézard, adresse bien connue de la rue Masson, que vous risquez de croiser en pleine discussion votre député fédéral, Alexandre Boulerice. « J’ai tellement hâte de pouvoir recommencer à serrer des mains dans les parcs, à faire du porte-à-porte, à participer à des assemblées publiques. C’est un peu contre-intuitif pour un homme ou une femme politique de ne pas pouvoir rencontrer les gens. » Et qu’est-ce que l’avenir lui réserve? Très occupé, l’homme expose surtout ses plans à court terme. « Je serai candidat aux prochaines élections. On prépare déjà la campagne électorale et on recrute des candidats et des candidates. » La sentez-vous, cette odeur d’élections printanières?


Le dossier spécial « Rosemont 2021 » a été rendu possible grâce à la collaboration des partenaires suivants :