L’équipe 2023 de l’AIEM (Courtoisie AIEM)

AIEM : FAVORISER L’INTÉGRATION DES IMMIGRANTS DE L’EST

Au service des immigrants depuis 1986, l’Accueil aux immigrants de l’est de Montréal (AIEM) est un organisme à but non lucratif dont la mission est de favoriser leur intégration dans la société. Il est devenu aujourd’hui une entité indispensable pour l’accompagnement des immigrants dans l’est qui répond à une demande qui ne cesse de croître chaque année. 

Lors de sa création, alors sous le nom d’Accueil aux immigrants de Saint-Léonard, l’organisme traitait principalement les demandes des réfugiés du Salvador, du Chili et du Guatemala. Pour répondre aux besoins de ses usagers, il a évolué et est devenu l’AEIM en 2005. Et aujourd’hui, ses usagers viennent du monde entier, principalement d’Afrique du nord et méridionale (24,3 %), des Caraïbes et Bermudes (22,1 %), d’Amérique du sud (19,83 %) et d’Amérique centrale (18,53 %), d’après le rapport annuel de 2022-2023. Toujours basé à Saint-Léonard (5960, rue Jean-Talon Est), l’AIEM possède maintenant des points de service à Anjou, Rivière-des-Prairies et Pointe-aux-Trembles.

L’an dernier, l’organisme a aidé 8 962 usagers, 6 825 l’année précédente, 4 951 l’année d’avant… C’est que récemment, la demande a augmenté de façon significative à cause de plusieurs facteurs : « L’ouverture des frontières au niveau du chemin Roxham, l’arrivée des résidents permanents ou encore leur naturalisation », explique Rama Camara, directrice générale adjointe à l’AIEM. Cette augmentation de la demande implique l’ouverture de nouveaux postes : « Quand j’ai intégré l’organisme il y a 7 ans en tant que chargée de projets, on était 25 employés. Aujourd’hui, nous sommes 72 », souligne-t-elle. 

L’AIEM bénéficie du soutien financier de plusieurs organisations, notamment celles de Centraide du Grand Montréal et du Centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Ile. L’organisme est toutefois financé en majeure partie par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) pour toutes les démarches d’accueil, d’installation et de francisation, entre autres, l’instance provinciale ayant certifié l’AIEM en 2014.

Intégration et francisation

Les employés de l’organisme sont alimentés par un objectif : « Lorsqu’une personne sort de l’AIEM, il faut qu’on ait réussi à répondre à tous ses besoins et toutes ses questions, dans la mesure du possible », insiste la directrice générale adjointe. Parmi les usagers, la majorité vient au départ pour recevoir un accompagnement dans sa démarche d’installation au Québec. Lors de rencontres individuelles, les équipes de l’AIEM les aident dans leur demande d’allocations, leur dépôt de dossier de citoyenneté ou encore de résidence permanente pour les demandeurs d’asile acceptés. En effet, l’organisme fait son maximum pour offrir un soutien à toutes les personnes immigrantes qui viennent leur demander de l’aide et en particulier les demandeurs d’asile : « Il s’agit des populations les plus vulnérables et celles qui reçoivent le moins de services », confie Rama Camara . 

Pour consolider leur intégration à la société québécoise, les usagers peuvent bénéficier d’une quarantaine de classes de français gratuites sur différentes plages horaires, majoritairement en présentiel : « On a beaucoup de monde. On a des cours le matin, le midi et le soir… et le samedi aussi, notamment pour ceux qui travaillent pendant la semaine », explique la directrice générale adjointe. Participer à ces cours peut s’avérer doublement bénéfique car en plus de l’apprentissage, le gouvernement offre des allocations aux participants, selon leur statut d’immigration. 

L’AIEM propose même un service de halte garderie, ouvert aux enfants des parents souhaitant profiter des cours de francisation ou des activités en toute tranquillité. Une journée à ce service de garde coûte 11 $. Pour une fraction de la journée, soit une matinée, une après-midi ou une soirée, il faut payer 4 $. Mais lorsque certains parents sont dans une situation financière vulnérable très compliquée, l’organisme leur offre un coupon de gratuité afin qu’ils puissent profiter quand même de la halte-garderie. 

Les élèves d’une classe de français à l’AIEM (Courtoisie AIEM/Christian Mendez)

Sur les ondes et sur la scène

En plus des cours, l’organisme offre un éventail d’activités : projets de lecture, rencontres avec des écrivains, séances de pétanque italienne ou encore sorties culturelles (comme une visite historique guidée du Vieux-Montréal, une soirée dansante, des festivals…). En 2022-2023, l’AIEM a organisé 525 activités qui ont attiré 3 296 participants, toujours d’après le rapport annuel. La grande nouveauté de cette année est le lancement d’un tout premier balado intitulé Faque, comme le répandu tic de langage : « C’est un mot qui fédère », explique la directrice générale adjointe. Financé par le MIFI, les six épisodes sont disponibles sur YouTube et sur toutes les plateformes d’écoute. Chacun donne la parole à des personnes issues de l’immigration. Rukaya, Emad, Yorlady, Gerardo, Ruoya et Eliana partagent leurs expériences et anecdotes pendant une dizaine de minutes. L’auditeur y découvre leur parcours de migration et de francisation : « Leurs chemins sont tous différents et voir leurs progrès est très gratifiant », confie Rama Camara. Si les demandes de financement sont acceptées, « il y a de fortes chances pour qu’on continue dans la lignée de ce balado. On continuera de faire connaître encore davantage l’intégration à la langue québécoise et ses expressions qui rassemblent », espère la directrice générale adjointe. 

Faque, le nouveau balado de l’AIEM disponible sur toutes les plateformes d’écoute (Courtoisie AIEM)

Autre nouveauté de cette année, l’AIEM a mis en place le projet RAM (Relève artistique multidisciplinaire) depuis le printemps dernier. En compagnie d’intervenants artistiques, des jeunes de 14 à 24 ans peuvent s’exprimer à travers l’art, que ce soit du collage, du montage vidéo, du slam… « C’est aussi l’occasion pour eux de rencontrer des artistes professionnels, de partager leurs expériences et peut-être même trouver leur voix  », souligne Rama Camara. Une fois les oeuvres finalisées, elles seront exposées dans une galerie d’art.

Maintenir son rythme 

Comme la demande auprès de l’AIEM ne cesse de croître, l’organisme a besoin d’être soutenu financièrement pour continuer de répondre aux besoins des usagers : « On a de bons résultats. On espère que la pérennisation soit toujours présente afin qu’on puisse continuer de maintenir le standard de qualité qu’on s’est imposé, malgré la hausse du nombre de demandes », explique la directrice générale adjointe. 

L’une des principales préoccupations de l’organisme pour le futur concerne les locaux : « L’équipe a beaucoup grandi et on est arrivés à notre limite d’espace », confie Rama Camara. La majorité de l’équipe travaille au siège social basé à St-Léonard, et six personnes sont réparties dans les trois autres antennes.

En terminant, Rama Camara tient à partager une histoire qui l’a récemment marquée, celle d’un homme d’environ 70 ans qui venait souvent à l’AIEM. Pendant deux ans, les équipes en place l’ont soutenu dans chaque étape d’obtention de sa citoyenneté : « À cause de la barrière de la langue, il venait nous solliciter dès qu’il recevait un courriel. Au vu de son âge et de sa vulnérabilité, on le recevait même sans rendez-vous. » Il y a quelques mois, alors que Rama Camara travaillait dans son bureau, elle entendit soudainement des cris dans le couloir. Cet homme avait réussi son examen et venait de recevoir sa citoyenneté : « Il avait les larmes aux yeux… et nous aussi », se rappelle-t-elle. « Ce genre de réaction nous conforte dans le fait que l’on fait de belles choses : on accompagne les gens afin qu’ils réussissent à obtenir ce pour quoi ils sont venus au Canada », conclut Rama Camara, affichant un sourire empreint d’espoir. 

Pour en apprendre davantage sur l’AIEM, consultez leur site.