Raffineries du secteur est de Montréal.

Raffineries du secteur est de Montréal (Courtoisie Ville de Montréal)

QUE RÉSERVE 2023 POUR L’IMMOBILIER DANS L’EST?

Quel sera l’avenir de l’immobilier dans l’est de Montréal en 2023? Nul ne possède de boule de cristal, mais certains projets en cours pourraient venir influencer le développement résidentiel, commercial et industriel dans cette partie de l’île de Montréal. Un expert en immobilier nous fait part de ses prédictions.

D’entrée de jeu, Luciano D’Iorio, président régional de CDNGLOBAL au Québec et courtier de plus de 25 ans d’expérience, met au sommet de sa liste de 23 enjeux qui auront un impact sur l’immobilier trois chantiers relatifs aux transports : la réfection du pont-tunnel Louis-Hippolyte Lafontaine, la création du REM de l’est et le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal.

En ce qui a trait aux travaux du pont-tunnel, prévus jusqu’en 2025, M. D’Iorio croit qu’ils favoriseront entre autres la création de bureaux satellitaires à l’extérieur de l’île de Montréal, sur la Rive-Sud et la Rive-Nord, tandis que les espaces de bureau dans l’est de Montréal se videront. « J’ai parlé à des collègues qui travaillent dans le secteur et on voit un taux d’inoccupation qui tourne autour de 20 % dans l’est de Montréal au niveau des espaces de bureau. L’impact des travaux entraînera des conséquences positives et négatives. Il y a de nouveaux petits bureaux qui sont créés ailleurs, mais en même temps, ça augmente le temps de voyage pour les gens qui doivent se rendre à Montréal. Malheureusement, la voiture demeure un outil de transport nécessaire pour plusieurs et même si tout le monde voulait adopter les transports en commun, le système actuel ne pourrait pas répondre à la demande », analyse le courtier.

« Je crois qu’en 2023, ça va être notre tour dans l’est au niveau de l’immobilier. Le potentiel de développement est énorme » – Luciano D’Iorio, président régional de CDNGLOBAL au Québec

Toutefois, le prolongement de la ligne bleue jusqu’à Anjou en 2029 et l’éventuel REM de l’est auront un effet sans précédent sur la construction d’immeubles, anticipe M. D’Iorio. « Si on regarde l’impact qu’a eu le REM de l’ouest sur le Quartier Dix-30 et les projets adjacents, tels que le Solar Uniquartier (à Brossard), cela a permis de désenclaver plusieurs terrains. Je pense que l’arrivée du REM dans l’est nous donnera aussi la possibilité de désenclaver des terrains dans ce secteur », souligne-t-il.

Les énormes terrains d’Esso et de Shell, situés à l’est de l’autoroute 25, ont un potentiel incontournable, comme on le sait déjà. Même si on n’a pas encore creusé la première pelletée de terre dans le projet du REM de l’est, M. D’Iorio croit que les grands chantiers de construction dans la périphérie du tracé du réseau de transport ne tarderont pas. « On l’a vu avec le REM de l’ouest, les promoteurs ont acheté des terrains à Ville-Marie à proximité des futures stations, parce qu’ils prévoyaient que ça serait avantageux pour leurs projets. »

Luciano D’Iorio, président régional de CDNGLOBAL au Québec. Photo courtoisie.

D’autant plus que le pied carré pour des espaces industriels est plus onéreux que jamais. Le manque de terrains disponibles dans ce domaine fait monter la demande et les prix, constate l’expert. « On est à un taux de vacance de 1 % pour l’industriel et le pied carré se vend désormais à 17 $, c’est du jamais vu », s’exclame-t-il.

Bien entendu, la forte inflation que connaissent tous les secteurs de l’économie aura aussi ses effets sur les mises en chantier. Les coûts de construction, plus élevés à cause de la valeur des matériaux de construction et des salaires de la main-d’œuvre, ainsi que les taux d’intérêt qui ne cessent de grimper, pourraient causer un refroidissement du marché immobilier dans tous les secteurs. « Cependant, on voit que les gens continuent de consommer, malgré l’inflation. Il y a du monde qui fait quand même la file au Costco d’Anjou. Cela signifie que les entreprises sont obligées de maintenir leur rythme d’activités. On a donc besoin d’espaces industriels et commerciaux », justifie-t-il.

Par ailleurs, M. D’Iorio insiste sur l’importance du Port de Montréal pour l’économie de la métropole, mais aussi de l’est. « On ne suspecte pas toutes les activités qui y ont cours, mais c’est vraiment un secteur essentiel pour notre économie », martèle ce dernier. Les rebuffades de la part de certains citoyens face aux projets de transports et d’entreposage de marchandises, comme le prolongement du boulevard de l’Assomption et la controversée plateforme de Ray-Mont Logistiques, sont compréhensibles, admet-il, mais la présence de tels espaces adjacents au Port de Montréal est selon lui inévitable. Une cohabitation devra donc se faire. « Beaucoup d’entreprises ont souffert des conséquences des ruptures des chaînes d’approvisionnement durant la pandémie. Elles ont décidé d’emmagasiner davantage de stock dans leur entreposage pour ne plus se faire prendre de court. Je soupçonne aussi qu’on va avoir un retour de quelques manufacturiers qui vont vouloir être plus près de leurs marchés et mieux contrôler leur distribution. Tout cela va entraîner le développement d’espaces près du port », prédit-il.