2021 sera-t-elle l’année de Zoo Baby?
Écrite et composée dans l’intimité de sa chambre, dans le quartier Hochelaga, la musique de Zoo Baby résonne déjà jusqu’en France. Les Inrocks, magazine web dont la réputation n’est plus à faire, targue la pop de son simple Dans tes yeux de « grandiose ». Comme le jeune adulte caché derrière ce pseudo aux connotations animalières habite l’est de Montréal, on a eu le goût de le rencontrer. Portrait d’un Hochelagais aimant la musique, le poisson et les chats.
COVID-19 oblige, l’entrevue s’est réalisée par téléphone. Usons de notre imagination et parcourons les lieux où elle aurait normalement pu se faire. Je déambule rue Ontario, artère névralgique du quartier Hochelaga. M’accompagne Xavier Dufour-Thériault, alias Zoo Baby, surnom affublé par ses collègues, à ses débuts en tant que musicien pour Caféïne. « Je suis pas mal tout le temps là », me dit-il en désignant la Poissonnerie Ô, nouvelle venue dans le quartier.
S’il semble connaître le coin, cela ne fait qu’un an et des poussières qu’il y réside. « Mes deux sœurs sont dans Hochelaga et j’habite avec mon cousin. Depuis que je suis arrivé, j’ai créé une vraie petite vie de quartier que j’avais pas retrouvée ailleurs à Montréal. J’ai l’impression de plus connaître mes voisins. » Pour lui, se dégagent du secteur un bien-être et une simplicité, qu’il compare aux quartiers de Chicoutimi où il a grandi.
Nous poursuivons notre promenade sous le ciel gris de novembre et nous arrêtons non loin de la rue Joliette. « C’est ici, l’Espace public. J’ai pas mal passé le gros de mon temps de déconfinement ici. » Xavier scrute l’intérieur du petit bar construit sur le long puis se remet en marche. En plus d’être le chanteur du groupe rock Gazoline, l’artiste derrière le projet solo Zoo Baby fait aussi tourner les disques dans ce petit pub, prisé des jeunes adultes du quartier.
Comme bien d’autres, Xavier a vu tous ses spectacles fondre comme neige au soleil en mars dernier. La tempête nommée COVID-19 a balayé sur son passage non seulement le bel avenir promis au premier album de son projet solo, mais aussi toutes ses soirées de DJ. « C’est un album que j’avais bien hâte de rendre live. Ça devait être un show qui fait danser puis qui groove. » Finalement, un virus en a décidé autrement. Cette deuxième dimension qui arrive à la musique, habituellement destinée à être jouée en direct sur une scène et devant des spectateurs, n’a pu se concrétiser pour l’instant. « Je suis quand même content que l’album ait été entendu, que du monde l’ait remarqué et ait trippé. J’ai pu le jouer un peu, mais pas encore devant public. Je pense que ça va donner beaucoup de relief et faire propulser le projet. »
Cet album intime qu’il a si hâte de dévoiler en personne est né d’une soif de défi. « Je voulais voir à quel point je pouvais pousser mes démos tout seul. Je voulais faire les beats, les guitares, les basses puis les claviers, voir si j’étais capable. » Sans savoir au départ où le mènerait ce challenge, Xavier a aimé l’ambiance de ce cocon. « En groupe, quand on jam, ça devient plus bruyant, plus violent puis plus rapide. Travailler seul m’a permis de laisser les chansons à des phases plus… discrètes, plus sensibles. » Habitant en colocation, Xavier prenait soin de chuchoter durant sa création. Il s’est alors découvert une voix différente ainsi qu’une proximité nouvelle avec la musique qui lui plaisait. « Cette petitesse-là, je trouvais que ça définissait bien Zoo Baby, ça séparait bien ce projet de mes autres. »
Xavier nous fait bifurquer par une ruelle, où nous croisons quelques chats qui se prélassent ou encore nous observent avec attention, prêts à bondir au moindre faux mouvement. « Moi, je suis un coureur puis je fais pas mal tout le temps le tour du quartier. Hochelaga, ça se court bien. » Il désigne ensuite les bêtes à poils que nous croisons : « Où est-ce qu’il y a des chats, j’y vais! »
Depuis la parution de son premier opus, Zoo Baby se fait fréquemment comparer à des artistes tels que Julian Casablancas du groupe rock américain The Strokes ou encore, plus près de chez nous, à Peter Peter. Mais lui, de qui s’inspirait-il dans la solitude de sa chambre? « J’essayais de canaliser dans ma musique mes idoles d’ado, qui étaient surtout les Beatles, un côté plus sixties, puis aussi quelque chose qui me faisait penser à Prince. » Et même s’il affectionne la pop, ce qui se ressent à l’écoute de son album, il demeure important pour Zoo Baby de rester bien positionné dans le champ gauche. « Ma pièce préférée de mon album… je pense que c’est Pomme. Je trouve que c’est une toune quand même assez weird, mais aussi catchy. » Car c’est cette contradiction qu’il aime dans sa musique. « J’aime essayer de faire des trucs edgy, mais j’ai aussi besoin de pouvoir me raccrocher à un hook. »
L’année 2020, rendons-nous à l’évidence, en est une à oublier pour bien des artistes. Et qu’en est-il de 2021? Xavier a su s’occuper durant son chômage forcé et en a profité pour écrire le nouvel album de Gazoline, qui sera enregistré et lancé en 2021. « Avoir deux projets, ça me permet de m’occuper constamment à faire de la musique. Là, je suis dans un moment de ma vie où je peux me permettre de laisser aller le flux créatif. » 2021 marquera aussi son entrée en France en tant que Zoo Baby. L’album y paraîtra en mars, soit environ un an après sa parution au Québec. « Ça donne une deuxième chance à cet album-là d’être écouté puis entendu. »
L’auteur-compositeur-interprète tentera donc de s’imposer en Europe et de tâter le terrain… dès qu’ils le laisseront approcher ledit terrain! « J’ai Zoo Baby dans la tête pas mal. Je vais sûrement faire d’autres tounes bonus pour la version européenne de l’album. Puis, ça va probablement être une année spéciale. Dès qu’on va pouvoir sortir, le monde va devenir fou. Je pense que s’il y a une bonne année pour aller voir un show ou pour aller faire un show, ça va peut-être être celle-là. » Espérons-le, Zoo Baby. Espérons-le.